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Le chant des oiseaux me réveilla. Pour la première fois depuis que je vivais dans ce palais, je pus profiter d’une bonne nuit de sommeil dans l’immense lit de Killik. Je pris même le temps de bailler et d’étirer mes membres.

Je me dirigeais vers la table de la chambre ou trônait une corbeille de fruits. Il y avait un parchemin que je pris entre mes mains. Délicatement je tirai sur le fil rouge, fin et soyeux pour dérouler l’épais papier.

Je poussais un petit gémissement en comprenant que ce parchemin m’était adressé :



Kairi ,

Pardon de ne pas pouvoir rester à tes côtés. Je sais que tu me déteste et je le comprends. Néanmoins je tente de te montrer mes bons côtés dans l’espoir que de toi-même, tu te rappelles de qui je suis réellement. Je sais que je n’ai rien d’un prince ou d’un roi charmant et pourtant je me sens vivant un peu plus chaque jours grâce à toi. Écrire une lettre est un peu lâche de ma part mais j’ignore comment d'aborder sans t'énerver. Moi-même, je fuis quand la situation m’y oblige. Tu m’effraies autant que tu me fascines. Je suis déstabilisé quand tu es près de moi et ton humanité attise ma curiosité. Tu es une chose fragile d’apparence mais ton cœur est puissant. Tu as un véritable sens de la justice et une profonde gentillesse.

Je te laisse entre les mains de Mikleo, bien plus qu'un capitaine ou qu’un bras droit, c’est un ami. Je sais que la magie de notre monde t’effraie mais tu découvriras avec le temps qu’elle est utile.

Ne tente pas de t’échapper, Mikleo sera mes yeux même s’il te traitera avec respect et d’égal à égal. Mon palais est à ton entière disposition.

Nous ne sommes pas des ennemis Kairi, pour autant nous ne sommes pas amis. je te laisse la lourde tâche de mettre un mot sur notre lien.
Je ne crois pas simplement au hasard.

Killik.


—Mais c’est ….

Je ne compris pas vraiment le parchemin mais je trouvais que Killik écrivait bien. Un détail attira mon attention sur cette lettre. Killik ne m’avait pas salué. Pas de « à bientôt » ou de « je serai de retour… ». Je n’insinuais pas qu’il me faisait des adieux mais cela ne m’avait pas échappé non plus. Mais ça sonnait comme un au-revoir…

À côté du parchemin, le tyran avait préparé ma tenue. Une chemise blanche trop grande pour moi, un pantalon en coton noir et des cuissardes. Il avait également mit une sacoche à ma disposition. Sans vraiment réfléchir, je mis le parchemin à l'intérieur pour le garder. Je tenais à l'avoir sur moi. J’avais un mauvais pressentiment. J’étais persuadé que Killik me cachait quelque chose derrière ce parchemin en plus de notre lien. Pourquoi avoir pris la peine de m’écrire un tel message en utilisant des mots aussi puissants ? J’étais un peu naïf sur les bords mais je n’étais pas né de la dernière pluie non plus. Alors que je finissais de faire le lit et de ranger un peu la pièce, Mikleo fit irruption.

— Bonjour, Kairi.

Il resta débout, d'une position droite, mais élégante à me regarder.

— Euh…
— Je suppose que tu as lu la lettre ?
— O-Oui.
— Je sais que tu ne me fais pas confiance mais je ne suis pas ton ennemi. 

Oui, je le savais. Pas uniquement grâce à cette lettre, mais parce que tout comme avec Killik, j’avais l’impression de connaître ce capitaine.

— Que fait le roi aujourd’hui ?

Il me fixa simplement dans les yeux en ajustant les finissions de sa tenue.

— Tu n’as pas à t’inquiéter, il reviendra. Tout ce que tu as à faire, c’est de l’attendre.
—Je ne comprends pas…
—Alors ne comprends pas. Parfois, l’ignorance est la meilleure solution.

Il mit sa main sur son front, l'autre sur sa hanche.

— Killik me laisse toujours le sale boulot j’ai l’impression, murmura-t-il. Allez, suis moi.

Mikleo allait m’apporter quelques réponses, enfin j’espérais.

— Mais ne te réjouis pas trop vite, je ne vais pas passer ma journée à me répéter t’expliquer alors tu devras comprendre tout du premier coup.
— Je me doute bien que vous n’êtes pas un enfant de cœur.

Je marchais en même temps dans la chambre. Comme pour faire les cents pas. L’envie d’en apprendre plus était trop puissante pour tenir en place.

— Mikleo, je veux en apprendre plus sur vous et cet univers. J’ai l’étrange sentiment d’être lié à Killik alors que je ne le connais pas. Ce palais ne met pas étranger…

Je m’arrêtai en réalisant ce que je venais de dire. Je venais de me confier à Mikleo et j’avais peur de sa réaction mais le capitaine m’offrit un chaleureux sourire.

—Je comprends pourquoi Killik t’apprécie autant. Tu n'as pas changé.

Killik m'appréciait… et je n’avais pas changé à ses yeux. Mais qui était-il à la fin pour moi ? Je savais qu'il se montrait gentil ces derniers temps mais de là à m’apprécier, c’était étrange.

Et pourtant bien réel.

— O-On ne fait que se disputer !

J'en rougissais.

—Tu sais, les rois ont besoin qu'on leur tienne tête. D’ailleurs aujourd’hui tu déjeuneras chez sa sœur. Nous discuterons tranquillement sur place.
—I-Il a des filles ici ?

Depuis mon réveil dans la forêt de Syphie, je n’avais vu que des hommes.

— Évidemment, quelle question. Killik a une sœur des plus élégantes.

Puis il marqua une pause.

— Elle souhaite te rencontrer.
— Pourquoi ?
—Son frère s'attache à l'humain que tu es.

Il souriait. Mikleo était vraiment élégant mais étonnamment, je préférais Killik. Il n’était pas aussi méchant que le roi. Je le trouvais même naturel avec moi, bien qu’il ne se dévoilait pas. Nous n’étions ni ennemis et ni amis.

Et Killik m’avait confié la tâche de trouver la troisième catégorie à laquelle nous appartenions.
Mikleo et moi quittâmes le palais avant de gagner l’extérieur où nous attendait son cheval. Puis j’appris par Mikleo qu’elle était une jument au prénom de Milla. En tout cas, la belle bête était vraiment gracieuse et amicale. J’étais sous la garde du capitaine de la garde royale. Il me fit monter sur Milla avant de de passer devant moi. Mes bras se nouaient autour de sa taille naturellement.
À plusieurs reprises, je sentis que si je tombais, ce dernier me rattraperait.

Une fois installé confortablement, Mikleo prenait les devants en guidant la jument. Milla galopa doucement comme si elle savait que j’étais mort de trouille ! Même un cheval avait pitié de moi. C’était la première fois que je quittais le palais et l’extérieur était magnifique. Il n’y avait pas d’autres mots. Les arbres étaient haut et dominaient tout le royaume. Le ciel était entièrement bleu et l’air tellement pur. Je respirais enfin la liberté même si je m’étais un peu habitué à cette situation.

Et après une longue route sous la chaleur étouffante de l’été, comme le disait cette si bonne phrase : tout est bien qui finit bien !

Le voyage se fut sans problèmes jusqu’à la demeure de sa sœur. En chemin, Mikleo m’avait vaguement parlé d’elle. Elle semblait magnifique d’après ses dires et tenait ses cheveux de l'un de ses ancêtres. Même si à ce moment-là, Mikleo avait été perplexe sur le sujet.

Une fois arrivée, nous descendîmes de Milla, la laissant vaguer à sa vie de jument.

Une chose était sûre, l’entrée était digne des histoires de contes de fée. Il fallait traverser un chemin rempli de fleurs, aux mille et une couleurs. Quant au portail, il était digne de ce nom, d'une grandeur à couper le souffle mais le meilleur restait à venir quand il fallait traverser une immense cour, qui donna sur un jardin entretenu. Il mena à des escaliers qui montaient jusqu’aux portes à la demeure.

— Tu verras, elle a hâte de te rencontrer.
— J'en doute pas un instant. Disais-je sur un ton moqueur.

Mikleo ouvrit de lui mêmes les portes puis il m’invita à passer en premier avant de les refermer derrière nous, tel l’homme galant qu’il était.

— Bienvenue !

Avant même que je n'eus le temps de répondre ou de comprendre d’où venait cette voix, ma tête se retrouvait contre quelque chose de moelleux, doux…à l'odeur envoûtante.

Puis, après un instant d’absentéisme, je venais de comprendre. Ma tête se retrouvait brusquement prisonnière dans une paire de s-seins !

KAIRI (Vol.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant