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Un nouveau matin se leva sur la forêt du vent. Éclairé par une nouvelle journée, j’étais devenu le héros de ma propre histoire.

La veille, je venais de rencontrer le gardien de Syphie, l'esprit du vent qui protégeait ces terres. J'en avais également appris un peu plus sur cette histoire. Que ce soit les esprits, les Alèthéias ou encore Hel. Mais c’était encore trop soudain pour moi. Et pour l’instant, je n’étais pas préparé.

Dès mon réveil, Atlas me conduisit jusqu’à la route que je devais prendre. Mais il ne pouvait m’accompagner, je devais avancer seul, par mes propres moyens. D'après lui, depuis la mort d’Aïra, Syphie et les autres esprits ne s'en étaient jamais remises.

Je n’étais pas prêt de retrouver Killik dans ces conditions. Mais je devais prendre mon mal en patience, j'y etai presque.

— En suivant la rive, vous arriverez à l'Ygddrasil. Soyez prudent, Kairi.
— Nos chemins se séparent donc ici ?
—Voyez ça comme votre première épreuve.

S'il savait comme j'avais terriblement peur d’échouer et de ne pas parvenir à sauver l’esprit du vent.

— Merci pour tout, Atlas. Souris-je.

Je m’étais fait un nouvel ami et aujourd’hui, je devais exactement comprendre comment faire pour accomplir mon destin, et ainsi espérer retourner aux côtés de Killik.

Même si le monde se dressait entre nous, je me battrai pour gagner le droit de le revoir !

Je suivis le conseil du Loupias et poursuivis mon ascension grâce à la rive qui s’étendait sur plusieurs kilomètres. L'eau était si pure que le voyais les poissons à travers. Leurs écailles ressortaient grâce aux rayons du soleil.

L'endroit avait une image féerique avec ces nombreux lapins blancs qui bondissaient ici et là, les papillons volaient de fleurs en fleurs. J’étais comme apaisé au milieu de nulle part.

—Je reviendrai avec Killik la prochaine fois, murmurais-je avec beaucoup d'amour entre les lèvres.

Je n'avais jamais eu de rendez-vous romantique avec lui et j'en voulais un maintenant. L'idée qu’il puisse me détester m’effrayait. Mais je voulais l'entendre de sa voix s'il cela arrivait.

Apres une marche de souffrance interminable, je me plaignais à moi-même de vivre un tel calvaire. Je  ne voyais que l'horizon s’étendre en face de moi, à perte de vue. Malgré ma bonne nuit de sommeil auprès d'Atlas, j’étais exténué par ces dernières heures. Au final, je n'avais pas récupéré  de ma chute, de mon viol, de la violence physique ainsi que l'apparition soudaine de pouvoirs. Et maintenant, je devais chercher Syphie au beau milieu d'une gigantesque forêt.

— Elle est froide…

Étant seul, j'en profitais pour toucher l’eau. Avec tout ça, je n'avais pas eu le temps de me laver et d'effacer le sang séché sur mon peignoir déchiré, et ma peau. Je me déshabillais afin de m'y baigner et soulager les douleurs que m'avait infligé Gildarts. Les coups de fouet sur mon corps avaient enflé. Le roi de Praguaa m’avait mordu de partout et j'avais de beaux hématomes. Je posais l'une de mes mains sur mes fesses qui avaient douloureusement souffert par les assauts à répétitions de Gildarts. Je prenais enfin conscience de ce que j’avais vécu. Tout était allé si vite. 

— Si Killik voit mon corps...

Je m'asseyais dans l'eau qui faisait un bien intense à mon esprit et à mon corps. J’étais seul et pouvais enfin me détendre un peu.

— Tu es dans un bel état. Tu es amoché de partout… me dis-je à haute voix.

J'avais des égratignures sur le visage et j'avais les marques de ses mains sur ma gorge. Elles étaient la preuve de notre affrontement à Praguaa. Mon aile gauche me faisait souffrir et je n’arrivais plus à la bouger. Je ressemblais à un ange déchu.
Réalisant la situation actuelle, je ne pus retenir mes larmes. Je me sentais sali et souillé. Gildarts avait réussi son coup. Il m’avait blessé pour faire du mal à Aïra et Killik à travers moi.

KAIRI (Vol.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant