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Avec Killik, nous avions chuté de ce ravin. En reprenant connaissance, une douleur atroce me prit dans le ventre. Cependant je n’osai pas regarder dans quel état j'avais atterri, peur de découvrir l’horreur. Les seules choses que je pouvais entendre à présent étaient les battements acharnés de la pluie et de mon cœur. Je me retrouvais dos à une paroi rocheuse pleine de branches et de feuillages qui me cachaient des intempéries. Mais j’étais seul…

Avait-il atterri plus loin ?

Je pleurais en me rendant compte que j’étais tout seul et que j’allais mourir dans mon coin. Je devais me rendre à l’évidence. Killik n'allait pas me retrouver ou même prendre le risque de le chercher.

—Ki…

Mais je me raccrochais à un infime espoir au fond de ma poitrine. Eh bien qu'un murmure était plus fort, je l’appelais dans l’espoir qu'il me retrouve. Ma respiration était coupée et ma voix bloquée dans ma gorge, je sentais le goût du sang dans ma bouche et je compris que j’étais grièvement blessé. J'avais peur de regarder mon état mais je dus prendre le peu de courage qu'il me restait pour baisser la tête et diriger mon regard sur mon ventre.

Le choc.

Une branche dure comme le roc traversait mon ventre, m’empalant comme un morceau de viande. Un frisson se heurta à ma colonne vertébrale, m'envoyant une décharge désagréable face à cette réalité. Je fondis en sanglots en réalisant les atroces souffrances dans lesquelles j’étais en train de mourir. La panique me gagna alors que je commençai à m’affoler, aggravant ma blessure.
J'avais dû atterrir sur celle-ci au moment où j’étais tombé du ravin. Elle était aussi épaisse qu'une épée. Je n'arrivais même plus à respirer correctement… mes larmes chaudes sur ma peau si froide me faisaient comprendre que trop bien la fin qui m’attendait. La nuit commençait à tomber et la douleur empirait de plus en plus. Bientôt, je finirais dévorer par les animaux sauvages de la forêt de Syphie.

— Ki…

Je voulais simplement rester à ses côtés, même s'il était le plus lunatique, le plus égoïste et le plus pervers.

Peut-être que mes pensées allaient aller jusqu’à lui et qu'il me retrouverait avant que je ne meurs. Je devenais dingue à cause de la situation, j'imaginais vraiment des choses qui n’existaient pas. Mais c’était une manière de ne pas penser à ma fin.

Mais je voulais m'excuser auprès de Killik pour ne pas l’avoir compris. J'avais besoin de sa présence et de le remercier de m'avoir protégé contre son frère, mais surtout de ces moments partagés.

— Pi…tié, ah…

À chaque fois que j'essayai de parler, du sang coula de ma bouche…c’était affreusement douloureux. Mon corps ne tremblait même plus à cause la douleur mais je sentais la fatigue me prendre petit à petit. Je commençais à m’éteindre et j’en étais heureux car je n’allais plus souffrir. Je pouvais enfin mourir en paix et rejoindre Aïra dans cet endroit si apaisant et triste à la fois.

Killik avait raison. J’étais faible. Je n’avais plus la volonté de me battre, j’étais condamné et cela était la triste réalité.

En fermant les yeux, je commençais à m'imaginer les gens que j’avais rencontré. D’abord Mikleo qui était discret mais avenant. Puis Robert que j’avais brièvement rencontré mais qui était très certainement le meilleur grand-père du monde. Jessica était la beauté incarné et avec ses cheveux roses, je n’aurais jamais deviné de moi-même qu'elle était la sœur de Killik. J'allais pouvoir m’excuser auprès d’Aïra pour ne pas avoir pu répondre à sa requête. Et enfin, il y avait Killik. J'adorais sa peau dorée et le blond de ses cheveux. Ses yeux valaient tout l'or du monde. Il était égoïste et sur de lui, mais ses caresses avaient réveillées en moi des sensations inconnues que je rêvais de sentir à nouveau.

KAIRI (Vol.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant