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Après avoir un peu volé toujours de façon très maladroite, je venais d'atterrir dans un petit village dans les terres d'Iris. C'était aussi l'occasion rêvée de trouver un peu de nourriture car je n'avais pas eu le temps de manger. J'espérais pouvoir trouver une âme charitable pour me venir en aide.

Ce fut devant les portes du village que j'atterris miraculeusement sur les pieds en y laissant quelques plumes au passage. Mais je n'avais pas remarqué que les villageois me regardaient avec des yeux écarquillés...

— Mon petit, est-ce que tu vas bien ?

Une villageoise vint à moi en remarquant l'état dans lequel je me présentais à eux.

— Ces ailes blanches ?

Tous les villageois autour de moi semblaient émerveillés par mon allure d'ange et c'était bien embarrassant. Mais je compris que cela me valut un bon accueil de leur part. La vielle dame me tira par le bras tandis que deux autres personnes me poussaient dans le dos, m'invitant à les suivre.

— N-Ne vous gênez pas pour moi !
— Tu es un ange tombé du ciel, mon enfant.

Je ne me considérais pas comme un ange pour autant, j'avais d'ailleurs encore du mal à croire en ce que je venais de vivre depuis plusieurs jours maintenant.

— Tu ne peux pas te promener à moitié nu. Nous allons t'apporter des vêtements et un peu de nourriture.

Je laissais une larme de joie m'échapper face à tant de charité.

— Merci infiniment.

Cette gentillesse...c'était tellement agréable que l'on veuille m'aider. Je pouvais enfin relever la tête de l'eau et continuer d'avancer vers Killik.

— Tu vas d'abord devoir te laver, mon fils va s'occuper de toi.

La gentil femme m'avait guidé jusqu'à des sources. Mais je ne pouvais pas me permettre ce type de bains publics...mes blessures étaient trop importantes et suggestives. Mais elle insista et me présenta à son fils qui était un peu plus âgé que moi.

— Enchanté, je suis Raziel.
— Raziel ?

Son prénom me plaisait beaucoup.

— Enchanté, je m'appelle Kairi.
— Ce n'est pas... vrai ?!
—Hein ?

Le jeune homme semblait soulagé en me voyant.

— Mon père te cherche désespérément avec le roi d'Iris !
— Ton père ?

Je hochais mes sourcils car je ne comprenais pas ce mystérieux garçon.

— Oui, Robert !

Robert était le père de Raziel ? Ce fut un choc terrible à encaisser mais très vite, je sus que tous me cherchaient. Encore une fois, Killik retournait ciel et terre juste pour moi. Il ne m'avait pas abandonné !

— Je vais chercher mon père. En attendant, baigne toi.
— Ce sont des bains publics...
— Et donc ?

Clairement, il ne comprenait pas et je ne pouvais pas lui en vouloir pour son ignorance. Je devais me montrer clair pour être convainquant. Il était le fils de Robert, il pouvait me comprendre. Je défis honteusement le haut de mon peignoir déchiré et le descendis jusqu'à ma taille. Raziel fut immédiatement troublé à la vue de mes blessures. Morsures, hématomes, marques de violences. Tout prouvait le calvaire auquel je venais de survivre.

— Raziel, s'il te ...plait.
— S-Suis moi !

Il m'emmena hors des lieux publics. Nous étions cette fois-ci dans un coin isolé où personne ne me verrait.

— Tu es en sécurité ici. Prend ton temps.
— Merci.

Il me quitta et je pus me retrouver seul. Rapidement, je me mis à nu pour me mettre dans l'eau chaude de la source. Les douleurs s'éveillèrent mais au moins, personne ne verrait ces traces de honte que je portais. J'allais enfin pouvoir mangé par la même occasion et dormir dans un vrai lit. Même si j'avais dormi au terrier d'Atlas, hélas ce n'était pas assez, j'étais terriblement fatigué et devais absolument récupérer un peu d'énergie. Mais je ne pouvais pas abuser de leur hospitalité non plus. J'avais du mal à croire que sur Death Phantom, ces villageois n'étaient pas humains mais des démons. Raziel dégageait tant d'humanité, j'avais été troublé devant son regard rose.

— Petit, tout va bien ?
—R-Robert ?!

Le vieil homme se présenta à moi. Je ne pouvais pas contenir ma joie de le voir.

—Je peux te rejoindre ?
—Évidemment !

J'étais heureux de croiser enfin quelqu'un que je connaissais. Robert était en serviette et descendit le petit escalier en pierre pour me rejoindre dans les eaux.

— Tu as des ailes dans le dos maintenant ?
— Plein de choses se sont passées...

Il me regarda. Malheureusement, je ne pouvais pas lui cacher les blessures que Gildarts m'avait affligé.

— Petit...ton corps ?

Il souffrait de la vue qu'il avait. Robert m'appréciait beaucoup et me voir ainsi lui faisait terriblement mal. Je ne pus retenir mes larmes. Ce que Gildarts m'avait fait me traumatisait encore. Mais j'étais plus fort que lui, et j'allais le lui prouver.

—Que s'est-il passé ? Le roi te cherche partout.
— Killik me cherche ?
—Il n'a donné de détails à personne. Il nous a simplement ordonné de de retrouver, et alors que nos espoirs de te revoir vivant s'étaient envolés, je tombe par hasard sur toi, ici.
—Je... J'ai été capturé par le roi de Praguaa.

Robert posa une main gentille sur mon épaule en évitant mes blessures pour me rassurer à sa manière.

— Ces marques sur mon corps sont les preuves de ce combat auquel j'ai participé. Ça fait des jours que je voyage pour rentrer et revoir le sourire de Killik.

Il ne put s'empêcher de rire.

— Robert ?
— Je t'emmène avec moi demain matin. Tu as besoin de repos mais surtout de bien manger. Sa Majesté t'attend au palais.
— P-Pour de vrai ?

Intérieurement, je remerciais Aïra qui s'était endormi. Sans lui, je n'aurais jamais survécu face à Gildarts. Il était d'un soutien précieux et à présent, j'avais envie de l'aider en retour.

— Petit, sans être indiscret, tes ailes ?

C'est vrai, je n'arrivais pas à les dissimuler, elles ne passaient donc pas inaperçues.

—Je suis la réincarnation de Aïra. Au moment où Gildarts allait me tuer, il m'a fait don de ce pouvoir.
—C'est incroyable ! J'ai connu le petit Aïra quand il était en vie. Tu lui ressembles tellement avec les cheveux blancs. Notre roi sera heureux et soulagé de te revoir, Kairi.

J'allais enfin le revoir, j'avais affronté la tempête Gildarts pour gagner le droit d'être à ses côtés. Et ce périple n'aura pas été abominable. J'avais eu la chance d'avoir rencontré Atlas. J'avais réussi à communiquer avec Syphie et elle m'avait aidé à récupérer mon envol pour me permettre de revenir ici. L'esprit m'avait donné sa bénédiction et aujourd'hui, j'avais sa confiance entre les mains.

Robert finit par se lever de sa place.

— Je pars en premier, mon fils tu as besoin de te retrouver. Nous partons demain matin, alors profite de ta soirée pour te reposer. Tu en as grandement besoin.

J'étais resté un certain temps dans les eaux chaudes avant de rejoindre Robert près de l'entrée. J'avais droit à de nouveaux vêtements. Raziel m'avait prêté une tunique noire et un pantalon retroussé sur le bas. Pour soulager mes pieds, il m'avait offert des spartiates en soie pour que je laisse respirer mes blessures sur les pieds.  Mais pour ce soir je n'avais pas à réfléchir, j'allais mangé à ma faim et dormir comme un Koala.

Comme si j'étais un membre de sa famille, Robert m'avait gentiment invité à passer la soirée au sein de sa famille. Nous étions à table et j'étais assis face à son fils.

— Alors comme ça, tu es le compagnon du roi ?
— Compagnon ? C'est un bien grand mot. Robert qu'avez-vous raconté à votre fils ?
—Juste la vérité.

Il me taquinait toujours gentiment. Mais je rougissais car c'était ce que nous étions Killik et moi.

—Je me demande s'il est en colère après moi, murmurais-je.
— Tu te prends la tête pour trois fois rien, répond Robert. Sa Majesté est désespérément fou de toi, il ne t'aurais jamais cherché. Il n'aurait jamais remué ciel et terre pour toi s'il ne t'aimait pas.

Demain je le reverrai, demain je m'excuserai de vive voix, demain je lui dirai combien je souhaite rester avec lui. Mais d'un autre côté, je devais faire quelque chose pour Hel et les Alèthéias. Je devais comprendre qui étaient réellement ces gens et cette bonne femme pleine de mystères.

KAIRI (Vol.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant