Chapitre 32

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Alda

Je m'accroupis légèrement pour tendre ma main vers lui, je ne sais que trop la raison de mon geste.
Mais je l'ai fait, sans réfléchir à quoique se soit, j'ai juste écouté mon instinct.
Pour ma plus grande surprise le petit corbeau s'accrocha à ma main.
Il semblait confiant et apprivoisé, comme un chien à son maître. Il restait fixé sur mon épaule sans crier.
Soudainement il s'envola.
Il tourna plusieurs fois en cercle autour de moi, puis se redéposa sur mon épaule, son regard intense fixé un point.
Je sentais qu'il fallait que je l'écoute.
J'avais l'impression de le comprendre qu'il était comme un ami, un aide de l'haut de-las.
j'entrais petit à petit dans la brume.
La normalité ferait de ma vision une vision trouble. Mais ce n'était pas le cas je voyais d'une netteté inimaginable.
Il m'emmenait dans une forêt, le ciel était couvert, je ne regardais pas vraiment ou je mettais les pieds, mais j'avais confiance en cet animal mystérieux qui semblait être devenu un compagnon fidèle.

Il était mes yeux et j'étais ses jambes, comme une confiance aveugle je l'écoutais et le suivait vers un chemin inconnu qu'il me montrait.
Petit à petit nous nous enfonçons dans la forêt, le blanc n'est plus la couleur omniprésente, la brume non plus, seule une nature libre s'imposait dans ce paysage.
La fraîcheur se ressentait et m'empêchait d'aller vite, mais je tenais plus que tout à sortir d'ici.
Alors que ces derniers mois je n'avais plus la force de rien fait, j'étais seulement soumise à la douleur et effacer par ce monstre.
Aujourd'hui je me sens plus que forte, doté d'une puissance indescriptible, d'un courage d'acier, d'une persévérance de plus en plus grande.
Mais une douleur ardente au crâne cherchait à s'abattre sur moi, comme la foudre en plein orage. J'étais impuissante face à cela.
Je continuais à marcher même si la douleur s'accentuait à ma tête.
Chaque pas était une réussite de plus, une sorte de rébellion à mon étrange malédiction que je dois subir en silence depuis des mois.
Ma tête tournait de plus en plus, des images apparaissait, des voies presque inaudibles.

Tout cela était bien étrange à vrai dire.
Quand je laissais à ma tête la possibilité de les voir, la douleur s'affaiblissait quelque peu.
– Alda... Alda... Alda... Lawa... Lawa... Lawa...
Une voie, non, plutôt une vague murmure épeulait mon nom tout doucement.
J'arrivais à voir une image, un individu, la grand-mère de la reine.
Je n'arrivais pas à comprendre le sens de mon nom et du mot Lawa, pas plus que de cette image de Noria la grand- mère d'Estevo.
Tout se mélangeait dans ma tête, le passé le présent, le réel irréel, la douleur la douceur, la solitude la tendresse.
Rien n'était logique, rien avait un sens précis.
Mais je le retenais comme un fardeau de naissance.
La suite de ces mots me paraissait encore plus insensée, ce qui ouvrait en moi une frayeur gigantesque. Je fuis ces paroles, et tout le reste.
Je ne marchais plus d'un pas lourd et lent dans la neige poudreuse.

Mais je courais avec mon cœur, oui de mon cœur lui qui est resté bien vide et brisé pendant ces deux mois. Il se ravivait dans ma poitrine, il développait une sorte chaleur corporelle et de force surnaturelle.
Mes sentiments intensifiaient la chose et provoquaient en moi une énergie électrique et foudroyante.

La Dernière GardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant