Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot Summer

CHAPITRE 1 / GERALDINE / Période 1er au 27 Juin

VENDREDI 1ER JUIN, 8H30

J'ai beau avoir de l'assurance à revendre, cela n'empêche pas une boule de faire son apparition au creux de mon ventre alors que j'attends patiemment dans la salle prévue à cet effet, à proximité du bureau du grand patron. La secrétaire me lance un regard en coin, pas forcément bien amical et plutôt dédaigneux. Je lui réponds avec un joli sourire et un signe de la main.

Provocatrice, moi ? Pas du tout voyons ! Cette situation me rappelle la fois où, alors que je me trouvais en voiture avec ma sœur et une amie, en plein centre de Lille, nous nous étions engagées dans un carrefour pour ensuite nous retrouver complètement à l'arrêt à cause de piétons qui traversaient au feu rouge. Lorsque le feu de la rue de gauche est passé au vert et donc le nôtre nous indiquait de nous arrêter, nous étions en travers et gênions le passage. Un véhicule avec trois pauvres nanas excitées, a foncé pour prendre la priorité. La conductrice s'est énervée sans raison et a levé une main menaçante à notre intention. Ma petite sœur, stressée au volant, n'a rien osé dire. Moi à l'arrière, je les ai regardées droit dans les yeux, un sourire provocateur au coin des lèvres, puis leur ai adressé un gentil signe de la main façon reine Elizabeth. La conductrice est entrée dans une colère noire et a accéléré pour nous doubler par la gauche en nous ignorant royalement. Je jubilais de l'effet que j'avais su provoquer tandis que ma cadette me hurlait dessus. Ne jamais répondre à la violence par la violence, la provocation est bien plus adaptée dans ce type de situation. À cependant bien méditer avant de se lancer. Veuillez noter que je n'oserais pas la ramener face à un mec de deux mètres de haut et méga baraqué de surcroît. Quoi que.... disons que je n'ai pas ma langue dans ma poche.

Suite à ce petit souvenir hilarant, mon téléphone vibre et m'alerte ainsi qu'un nouveau message est arrivé. Je glisse ma main à l'intérieur de ma veste et me saisis de l'objet qui m'est juste indispensable au quotidien. Au même moment, la porte à ma droite s'ouvre lentement et je relâche mon portable au fond de ma poche. Je me lève instinctivement, prête à être reçue par le PDG le plus en vogue de tout New York.

Lorsque je l'aperçois enfin, je suis hypnotisée par ses yeux d'un bleu intense. Ses cheveux parfaitement brossés avec une raie sur le côté en une ondulation naturelle, le rendent très séduisant. Un costume gris impeccable sans un seul faux pli assorti d'une cravate bleue roi viennent parfaitement compléter son regard de braise.

Il me tend une main franche et en esquissant un léger sourire, me lance:

— Mademoiselle Gevolt, je présume ?

Je lui serre fermement la main et lui réplique d'un ton enjoué en soutenant ses iris ensorcelantes:

— C'est exact ! Bonjour Monsieur Carter !

Il me laisse galamment entrer dans son espace personnel, plutôt immense, entièrement aménagé avec d'impressionnantes baies vitrées ainsi qu'une vue imprenable sur Manhattan et les buildings si caractéristiques de cette ville à la réputation mondiale. Monsieur Carter me fait signe de prendre mes aises et m'installer dans le fauteuil face à lui. Il réajuste sa cravate et se positionne au mieux derrière son bureau. Mon Dieu, chaleuuuur ! Cet homme incarne la sexy attitude en personne. Subitement, mon téléphone vibre plusieurs fois d'affilée à un rythme cadencé contre ma taille et résonne dans la pièce, ce qui n'échappe pas à mon interlocuteur et provoque en moi une sensible gêne. Mes joues se réchauffent et j'ai l'impression que mon rythme cardiaque frôle une limite jamais atteinte jusqu'ici, le palpitant prêt à exploser dans ma cage thoracique. Je m'excuse timidement auprès de mon - je l'espère - futur patron qui a parfaitement noté mon désarroi. J'appuie rapidement et discrètement sur le bouton de la tranche de mon portable pour stopper ces vibrations inopinées et pour le coup, dérangeantes.