CHAPITRE 31 / AURORE / 21 Sept

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VENDREDI 21 SEPTEMBRE, 20H30

Accrochée au bras de Daryl qui me conduit jusque dans la pièce principale de son immense demeure, je me sens de plus en plus nerveuse.

La fête semble déjà bien entamée. Et je suis impressionnée de voir la foule qui se presse déjà au milieu de la salle, en train de se trémousser au son des rythmes langoureux diffusés par les imposantes enceintes qui les encadrent. Je constate que mon hôte ne s'est pas privé pour agrandir la liste des invités que je lui avais communiquée. La plupart des gens présents ici ce soir me sont parfaitement inconnus. Je ne peux l'en blâmer. Il est vrai que ladite liste n'était pas grandement garnie. Je ne connais que peu de monde dans cette ville... mais une soirée en petit comité m'aurait largement plus convenue. Moi qui ai déjà horreur d'être au centre de toutes les attentions, devenir l'attraction principale d'une horde d'étrangers n'est pas pour me rassurer !

Conscient de mon évident malaise, Daryl m'escorte jusqu'à un bar, que je ne me souviens pas avoir aperçu en arrivant, et passe commande d'un simple soda à mon intention auprès de Jared, l'un de ses « amis » que j'ai déjà eu l'occasion de croiser à plusieurs reprises dans la villa et qui s'est, semble-t-il, métamorphosé en barman pour l'occasion.

J'entrevois mon reflet dans la baie vitrée qui me fait face. Mon regard se perd quelques instants dans la contemplation de ce visage transformé par les soins de mon amie laborantine et qui me semble parfaitement étranger. Une curieuse sensation s'empare de moi. Serait-ce de la fierté ? De l'incompréhension plutôt. Il m'est tout bonnement impossible d'imaginer qu'une quelconque beauté puisse émaner de ma personne, fade et inintéressante.

J'avale une gorgée du liquide sucré pour me détourner de cette contemplation surréaliste et croise le regard blasé de mon compagnon.

— Quoi ? demandé-je d'une voix forte pour couvrir le son de la musique. Pourquoi tu fais cette tête ?

— Tu m'agaces, répond-il d'un ton réprobateur. Tu crois que j'ai pas vu la façon dont tu te regardes ? T'as tellement peu d'estime pour toi, ça se voit à des kilomètres à la ronde. C'est quand même pas croyable, qu'est-ce qui a bien pu t'arriver pour que tu te détestes à ce point ?!

— Tiens, c'est marrant, c'est pourtant pas un costume de psy que t'as enfilé ce soir, ironisé-je pour m'esquiver.

— Non, j'ai enfilé mon costume d'ami. T'es magnifique Mère Teresa. Accepte-le et peut-être que tu laisseras enfin le bonheur s'inviter dans ta vie.

Je lève les yeux au ciel, refusant de tenir cette conversation dans de telles circonstances. Je le fixe, paupières plissées, et affiche un sourire forcé.

— Tu l'as dit toi-même Daryl. T'es mon ami. Alors ta vision est faussée. Quant à moi, mon ophtalmo est formel, j'ai une excellente vue !

— Changes-en. C'est un charlatan de toute évidence.

— Daryl, c'est bon ! Arrête de vouloir me rassurer pour me faire plaisir. Je sais ce que je vaux. Et si tu veux une preuve, regarde simplement autour de toi ! Personne d'autre ici ne partage ton opinion.

C'est évidemment cet instant précis que choisit un jeune homme à la peau délicieusement métissée et au regard de tombeur pour venir s'immiscer entre Daryl et moi.

— Excuse-moi, mademoiselle, me lance-t-il d'un air légèrement hésitant. Est-ce que je peux t'offrir un verre ?

Je le considère un moment, les yeux arrondis par la stupéfaction. Je suis tellement étonnée que mes neurones se figent, obligeant mon système cérébral à se mettre en pause. Ma bouche s'ouvre et se referme sans qu'aucun son ne s'en échappe à plusieurs reprises. Je n'ai pas rêvé ? Ce mec vient de m'accoster ? Moi ?!

Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant