Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot Summer

INTRODUCTION AURORE

DIMANCHE 15 JUILLET , 16H00

New York. Si on m'avait dit un jour que moi, Aurore Livet, amoureuse éternelle des grands espaces verdoyants et profondément anti-américaine, je viendrais un jour m'installer dans l'une des plus immenses étendues urbaines du monde, j'aurais probablement trouvé ça aussi crédible que l'idée d'un Donald Trump président de la plus grande puissance mondiale ! La preuve par deux que rien n'est impossible !

Voilà à quoi je songe alors que j'évolue avec une lenteur digne du Guiness book au milieu de la file d'inconnus qui me conduit, doucement mais inexorablement, vers ma nouvelle vie.

Serrant nos passeports contre ma poitrine d'une main, l'autre fermement agrippée à celle de mon petit homme, je repense aux circonstances qui m'ont, contre toute attente, menées jusqu'ici.

C'est parfois incroyable la façon dont les événements s'enchaînent. Se dire que la pire chose qui vous soit jamais arrivée puisse, à long terme, être ce qui vous ouvre la voie vers un avenir meilleur... Parfaitement inconcevable sur le moment, et pourtant...

En ce qui me concerne, la pire chose en question s'est traduite par une rencontre. Celle d'un homme, évidemment.

Encore qu'en l'occurrence, homme était un bien grand mot à l'époque. Il est arrivé à une période compliquée de ma vie. Sortie d'adolescence, drames familiaux, crise existentielle... le cocktail idéal pour s'accrocher à corps perdu au premier pseudo prince charmant qui passe. C'est en tout cas ce que j'ai fait. Et je suis restée cramponnée à lui comme une moule à son rocher, malgré tout ce qu'il me faisait endurer.

Mouss était loin de l'image de l'homme idéal qu'il m'avait fait miroiter au début de notre relation. Dealer et drogué, coureur de jupons à ses heures perdues, violent de surcroît, il traînait avec les mecs les plus infréquentables qu'il ait pu trouver au sein de notre ridicule petite ville d'origine : Troyes.

Je me demande encore aujourd'hui comment j'ai pu être assez stupide pour tomber entre ses filets. Pire encore, pour rester avec lui alors que je savais pertinemment qu'il me trompait. Alors qu'il me battait. Alors qu'il se foutait éperdument de moi.

Cerise sur le gâteau, après que j'ai abandonné mes études pour travailler dans un fast food à la mascotte clownesque tristement célèbre, dont je préfère taire le nom par souci d'intégrité personnelle, et ce, à seule fin de couvrir les dettes dont il s'innondait par l'achat de ses écœurantes substances illicites, il a trouvé le moyen de me faire un enfant. Que les choses soient claires, je ne cherche en aucune façon à me déresponsabiliser. Il faut être deux pour faire un enfant. J'ai participé tout autant que lui à la création de ce petit être ! La seule différence, c'est que moi, j'ai assumé jusqu'au bout ! Lui, a préféré s'enfuir le plus loin possible. Et il ne s'est pas contenté de quitter la ville, non ! Trop facile. Il a carrément quitté le pays, que dis-je, le continent !

Le jour de la naissance de son fils.

Je me souviens l'avoir appelé en urgence pour l'informer de l'arrivée imminente du bébé. Il est venu pour m'emmener à l'hôpital, délaissant pour cela sa conquête du moment. Quelle grandeur d'âme, n'est-ce pas ?

Mais le véritable Mouss a vite refait surface. Au bout de quelques heures, le travail ne s'effectuant probablement pas assez vite pour lui, il s'est éclipsé en prétextant aller fumer une cigarette. Je sais, dans tous les sens du terme, c'est de loin l'excuse la plus fumante et paradoxalement la plus tristement célèbre de tous les temps ! Évidemment, il n'est jamais revenu. Et quelques heures après, il prenait le premier vol pour s'exiler aux États-Unis... Selon sa mère, ce voyage était prévu depuis des mois... Sympa de sa part de m'avoir prévenu plutôt que de me laisser me faire humilier en me retrouvant devant le fait accompli !