CHAPITRE 27 / SONIA / 19 Sept

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MERCREDI 19 SEPTEMBRE, 20H30

Deux jours se sont écoulés. Mais mes lèvres sont toujours imbibées du goût de celles de Colin. Deux jours pendant lesquels je n'ai cessé de rembobiner inlassablement cet épisode de passion ardente que nous avons échangé. Le grand métalleux a trouvé résidence dans un coin de ma tête et refuse d'en déguerpir. Ce baiser, bien que violent et forcé au départ, s'est rapidement transformé en une passion cuisante, ardente, dévorante. Je me sentais belle et désirable sous ses caresses. Mon corps frémissait de soif de lui, vibrait de désir pour lui, tiraillé par l'envie de goûter davantage aux délices qu'il pouvait m'offrir.

« Tu vois ... t'en meurs d'envie »

J'en mourais d'envie, oui ... et pourtant, l'appel de la raison a été plus fort que celui de la passion. Je ne pouvais faire abstraction de ces fans en furie qui rêvaient d'être à ma place. Je ne pouvais oublier que quelques jours auparavant, il m'avait hurlée dessus parce que je n'ai fait que lui poser une simple question. Cet homme ne m'apportera que douleur et peine. Rester loin de lui est la meilleure façon de préserver mon petit cœur d'une fracture inévitable.

Malgré tout cela, je sais que je suis foutue. Cette étreinte endiablée ne ressemblait en rien à ce que j'ai pu vivre jusque-là. Je ne saurais mettre un nom sur les émotions intenses qu'il a fait naître en moi. Je perds le contrôle et déteste ma faiblesse. Moi qui ait toujours privilégié la raison au cœur, jusqu'où me mènera ce combat ?

Toujours est-il que le ténébreux rockeur ne semble pas vouloir me revoir non plus suite à notre échange de l'avant-veille. Ce matin, j'ai reçu un appel du conservatoire m'annonçant que mon professeur serait dans l'impossibilité d'assurer les cours de guitare jusqu'à nouvel ordre. Est-ce là un vil moyen pour m'éviter ou un réel empêchement tombé à pic ? Je ne saurais dire. Le métalleux regrette probablement de m'avoir embrassée, ou se sent écorché dans son égo d'avoir été rejeté.

Mais qu'attendait-il donc en se jetant sur moi comme il l'a fait ?! Il pensait sûrement que j'allais tomber dans son lit - ou plutôt, sur un tabouret de notre salle de cours - mais il se mettait le doigt dans l'œil ! Je ne suis pas le type de femmes qu'il a l'habitude de fréquenter !

Quoi qu'il en soit, je suis tenue d'abdiquer. Je serai privée de mes cours et de mon prof jusqu'à ce qu'il en décide autrement. Finalement, je me dis que cette pause imposée est un mal pour un bien. Cette proximité passionnelle qui nous a unis risque fort de nous mettre mal à l'aise tous les deux, au moment même où une complicité naissante commençait à se mettre en place entre nous. Rester loin de lui me permettra de regagner en lucidité et de me concentrer sur mon travail, ma priorité absolue.

Ma journée terminée, je range mes affaires et consulte mes messages. Comme à leur habitude, Aurore et Géraldine ont empli mon pauvre Smartphone de messages, photos et autres GIFs. Je remonte les conversations et ris en retard à leurs délires en me demandant où elles peuvent bien aller chercher leurs idées farfelues.

Je passe ensuite sur les réseaux sociaux afin de prendre connaissance des dernières actualités de mes proches outre-Atlantique.

Je ne sais par quelle sorcellerie je réussis à tomber sur un cliché sur lequel est identifié le leader des Nightmareden. Cette photo a été postée hier soir par une personne que je ne connais pas. Elle le représente aux côtés d'une femme brune, visiblement l'une de ses groupies. Les mains du chanteur sont posées sur la poitrine siliconée et outrageusement dénudée de la jeune femme. Cette dernière rit aux éclats tandis que lui arbore son habituel air détaché. Une violente nausée s'empare de mon estomac face à cette vision indécente. Comment est-il possible que je craque pour un homme comme lui ?!

Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant