Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot Summer

CHAPITRE 2 / SONIA / Période 27 Juin au 6 Juillet

MERCREDI 27 JUIN, 15H15

"The American Dream" ... ou en français, le "rêve américain", est le concept selon lequel toute personne, vivant sur le sol américain, partie de rien, peut réussir et faire fortune, par son travail, son courage et sa détermination.Pour certains, c'est l'argent. Pour d'autres l'amour. Pour Donald Trump, ce sont des USA dénués d'étrangers. Eh bien, Monsieur Trump, je suis désolée mais une nouvelle immigrée vient d'atterrir sur votre territoire et n'est pas prête de le quitter de sitôt ! Mon Eldorado à moi? C'est la renommée ... la renommée scientifique que j'ai toujours rêvée d'acquérir. Je commence à toucher mon rêve du bout des doigts.

Aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie.

Je m'élance dans cet interminable couloir qui me sépare de Géraldine. Bien que nous nous connaissons virtuellement depuis plusieurs mois, nous ne nous sommes jamais rencontrées. J'arrive, le cœur battant, devant la masse d'inconnus venus accueillir leurs êtres chers. Je déteste les aéroports comme toute personne contrainte de se séparer de sa famille pour immigrer dans un pays étranger. 

Armée de mon chariot de bagages, je recherche mon amie franco-polono-martiniquaise au sein de la foule. Armée de mon chariot à bagages, je recherche sans résultat mon amie... au milieu de la foule. Après plusieurs minutes d'exploration infructueuse, je sens l'impatience pointer le bout le bout de son nez. C'est à ce moment-là que je l'aperçois en train de se servir une boisson au  distributeur. Magnifique métisse, grande de taille aux cheveux bruns, cela ne peut être qu'elle. Sans prendre le temps de détailler les traits de son visage, je pars à sa rencontre et lui saute dans les bras.

— Salut ma bibiche ! T'imagine pas comment je suis heureuse de te voir !

Je serre Géraldine contre mon cœur, peinant à croire qu'elle se trouve enfin devant moi. C'est surréaliste ! Néanmoins, je sens mon amie hésitante, comme si elle ne partageait pas mon enthousiasme.

— Je crois qu'il y a erreur sur la personne, dit-elle surprise.

Je m'écarte légèrement, confuse. Je comprends mon erreur en découvrant son visage. Elle est loin d'être Géraldine. 

Tête en l'air ? Oui, c'est totalement moi !

Honteuse, je présente platement mes excuses à l'inconnue que je viens d'étouffer de mes bras lorsqu'une main vient se poser sur mon épaule.

— Heuuuuuu Sonia, je suis là, me lance une voix familière. Faut que tu changes de lunettes, hein!

Je me retourne pour croiser enfin le regard de celle qui partage mon quotidien depuis maintenant des mois.

— Ah mince ... Je suis tellement désolée, m'excusé-je.

Je fonds dans ses bras et l'étreins avec force. Peu importe si je l'asphyxie, mon bonheur est tel que les mots viennent à me manquer. Mon émotion me submerge et des larmes de joie ruissellent sur mes joues. Nous sommes enfin réunies. Je redresse la tête et constate qu'elle est dans le même état fébrile que moi. J'insère de la distance entre nous afin de mieux la détailler. Ses yeux noirs charbon transmettent une chaleur bienveillante, son sourire communicatif irradie telle une pierre rare et précieuse. Elle porte une robe d'été bleue à imprimés fleuris et des sandales, indication sur les fortes chaleurs qui m'attendent à l'extérieur. Elle pose ses mains sur le chariot à bagages afin de me soulager lorsqu'un détail sur son annulaire gauche retient mon attention.

— Pourquoi tu as encore cette bague au doigt? demandé-je perplexe. Je croyais que c'était réglé?

— C'est une longue histoire, je t'expliquerai plus tard. Pas trop épuisant le voyage?