Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot Summer

CHAPITRE 22 / AURORE / 31 Août et 1er Sept

VENDREDI 31 AOÛT, MIDI

Depuis notre dernière discussion, Daryl et moi nous sommes énormément rapprochés. Avec son accord, je m'invite régulièrement dans sa luxuriante villa, pour discuter avec lui d'une part, mais surtout pour permettre à Messiah de profiter de sa dernière semaine de vacances en se défoulant dans l'immense piscine de celui qu'il surnomme désormais " Tonton D ".

Je n'osais espérer un tel revirement de situation. Étant donné la façon dont les choses avaient débutées entre eux, je dois avouer que je m'attendais plutôt à un rejet de l'arrogant latino de la part de mon petit garde du corps. Mais, contre toute attente, Daryl se révèle être un homme charmant avec les enfants. Je ne suis que trop heureuse d'avoir l'occasion d'offrir à mon fils une figure, si ce n'est paternelle, au moins masculine, fiable et bienveillante.

Mes visites à la villa, si elles m'ont permises de me rapprocher du latino, ne m'ont toutefois pas éclairée davantage sur les activités de ce dernier. Je ne pose pas de questions. D'une part parce que je ne suis pas certaine de vouloir connaître les réponses, d'autre part parce que je sais pertinemment que le mystérieux portoricain se contentera de les esquiver. Je ne tiens pas à m'agacer contre lui inutilement. J'ai déjà assez à faire avec son entêtement de mâle orgueilleux qui se refuse à manifester le moindre signe de faiblesse. Malgré la justesse de mon petit discours de début de semaine, Daryl continue de jouer la carte de l'indifférence à propos de Géraldine. Mais je ne suis pas idiote. Sans me vanter, je dirais même que j'ai une sorte de sixième sens pour détecter les sentiments que dissimulent la simple attirance physique derrière laquelle les gens tentent de se cacher. Peut-être est-ce dû à mon tempérament romantique extrême, mais j'ai toujours tendance à voir au-delà des apparences pour tenter d'entrevoir les potentielles histoires d'amour qui se profilent derrière la façade détachée de mes amis. J'aime à leur imaginer des passions dévorantes. Et j'aime encore plus leur ouvrir les yeux plus ou moins subtilement jusqu'à parvenir à mes fins. Comme si cela me permettait de partager un peu de cette passion avec eux... encore que le beau Daryl est de loin la personne la plus bornée qu'il m'ait été donné de rencontrer !

Ma semaine a donc repris son cour, ponctuée des visites délicieusement enivrantes de mon beau brun chaque midi qui sonnent comme un rappel de notre rendez-vous du samedi précédent. Nous n'avons cependant pas l'occasion de nous étendre comme nous le souhaiterions sur le sujet du fait de la présence quotidienne de Colin aux côtés de Matt. Non pas que je n'apprécie pas Colin. Au contraire, j'ai beaucoup d'admiration pour lui. J'ai vu ce qui se cachait derrière le masque de l'indifférence qu'il peint sur son visage. Même si j'en ignore la cause, je sais sa souffrance et sa mélancolie. Je ne suis pas étonnée qu'il se comporte aussi froidement avec les autres. Ce n'est ni plus ni moins qu'un bouclier. Comme Daryl et ses allures de Don Juan ou Matt et son humour débridé. Et puis, au-delà de cette douleur sourde qui semble ne pas le quitter, au-delà de son talent indéniable pour la musique, j'apprécie sa présence. Malgré la tempête intérieure qui le ravage certainement en permanence, Colin dégage une aura apaisante, en tout cas en ce qui me concerne. Il semble toujours très posé, maître de lui-même, inébranlable. Au cœur de la folie New-Yorkaise, ce trait de personnalité est plus que prisable.

Néanmoins, je dois avouer que j'aurais préféré qu'il ne soit pas présent chaque midi de cette semaine. Impossible de débriefer ou de saisir l'humeur de l'homme de mes pensées en ces circonstances. J'en arrive même à me demander si ce n'est pas lui qui lui a demandé de l'accompagner pour ne pas se retrouver seul avec moi... pour une fois, c'est ma raison qui tente de me rassurer. S'il voulait réellement m'esquiver, il ne viendrait tout simplement pas déjeuner chez Bob. Ce n'est pas comme si la ville ne regorgeait pas de restaurants ou sandwicheries en tous genres ! Et il n'inonderait pas non plus ma boîte de réception de petits messages plus que craquants !