CHAPITRE 10 / AURORE / 18 Août

630 62 59
                                    

SAMEDI 18 AOÛT, 21H00

Le lendemain, je choisis soigneusement ma tenue, avec l'espoir inavoué d'accrocher le regard de mon beau motard. Je déteste mon corps, c'est une certitude. Il y a néanmoins quelque chose que j'aime chez moi, c'est ma taille extrêmement marquée. C'est bien la seule chose que je considère comme un atout. Alors je ne manque pas de la mettre en valeur quand je le peux. Je sélectionne donc une robe noire en satin recouverte d'une fine couche de tulle, savamment décolletée, resserrée à la taille et évasée en dessous. Évidemment, comme elle s'arrête au-dessus du genou, j'enfile un legging noir pour masquer mes horribles jambes. La robe n'ayant pour manche que de fines bretelles, je passe une veste en cuir par-dessus, histoire de coller au thème de la soirée. Je ressors également mes vieilles bottines noires fétiches pour l'occasion. Un chignon au style punk et un maquillage effet smokey eyes achèvent ma préparation. En me contemplant dans le miroir, j'ai l'impression de voir ressurgir l'adolescente au look semi gothique que j'étais autrefois ! Ce n'est pas pour me déplaire. Ce style me va plutôt bien.

Malgré mes bonnes résolutions, je ne peux m'ôter de l'esprit l'image du beau motard accompagné de la jolie brune. J'espère qu'elle ne sera pas présente ce soir ! Dans le cas contraire, il est fort probable que j'apparaisse dans la rubrique faits divers du New York Times !

Avec une pointe d'appréhension, je prends la direction indiquée par Géraldine pour rejoindre le fameux bar après avoir déposé mon petit bout de chou chez sa nounou. Je culpabilise tellement de ne passer que si peu de temps avec lui ! Je me fais la promesse intérieure de lui réserver ma journée de demain dans sa totalité ! Et désormais, je rentrerai entre chaque service pour écrire avec lui à mes côtés. Hors de question de l'abandonner après l'avoir totalement dépaysé ! Je me suis laissée emporter par l'entrain des premiers jours, mais je dois me reprendre au plus vite si je ne veux pas avoir de séances de psy à payer !

Je suis la première arrivée au rendez-vous. Sonia m'avait prévenue qu'elle serait probablement en retard. Cela ne m'étonne qu'à moitié étant donné son acharnement au travail... un jour, le burn out se jettera sur elle sans qu'elle s'y attende !

Je prends sur moi de pénétrer à l'intérieur du bar, déjà bondé malgré l'heure précoce et me fraye un passage parmi la foule en cherchant mon amie Géraldine des yeux. Je suis de plus en plus anxieuse. Être seule au milieu de tous ces inconnus me terrifie. Je me sens petite et insignifiante, rongée par ce sentiment d'infériorité qui me laisse à penser que je ne suis à ma place nulle part. Je me fais donc la plus discrète possible et me faufile entre ces étrangers en soufflant de timides excuses, le nez baissé sur mes chaussures. J'atteins finalement une petite table entourée de hauts tabourets. Je me hisse sur l'un d'entre eux et décide d'attendre mes amies ici. Pour passer le temps, je m'attarde dans la contemplation de ce bar que je tente de visualiser depuis deux jours. Les murs en briques apparentes sont parsemés de posters de groupes musicaux en tous genres, de photos des diverses prestations s'étant déroulées ici-même et de quelques spots aux couleurs variées qui brisent l'ambiance tamisée de manière intermittente. Quelques étagères exposant trophées, bouteilles d'alcool et autres décorations hétéroclytes achèvent d'embellir sobrement l'espace. Une scène assez imposante et stratégiquement placée, s'élève à quelques mètres de moi. Micros et instruments de musique y sont déjà entreposés, dans l'attente de l'arrivée de leurs propriétaires. Je me perds un instant dans l'admiration de cette scène qui abrite cet univers qui me fait tant vibrer. J'adore la musique. Il n'y a rien qui puisse retranscrire avec autant de perfection mes sentiments les plus profonds. C'est comme si elle était une extension de moi, la retranscription sonore et harmonieuse de tout ce qui fait que je suis moi, bon ou mauvais. La musique me fait frissonner, m'emporte loin de ma petite vie morne et de mes problèmes futiles. Parfois, elle déchire mon âme. Parfois elle me guérit de n'importe quel tourment. Il n'y a rien qui me parle plus que la musique, quel qu'en soit le style.

Quand le destin s'emmêle / Tome 1 Hot SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant