Chapitre 7.2

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Son cheval renâcla lorsqu'Amara l'attacha à un pieu se trouvant devant la maison de Thalya. Elle n'avait rencontré aucun problème sur le chemin ; les pierres s'étaient déplacées sans un bruit pour révéler le passage secret qui lui permettait ses allées et venues secrètes et Rayon, son fidèle destrier, ne lui avait posé aucune difficulté jusqu'à cet instant même.

— Allez, mon grand... Que se passe-t-il ?

La jeune fille flatta l'encolure de son compagnon aux sens aguerris. Les tâches de mousse qui fleurissaient sur le pavé ne parvenaient pas à supprimer le bruit des sabots griffant la roche. Ce raclement sonore contrastait avec le silence de pierre qui baignait dans les ruelles du Quart II. Les Sijites, fidèles au poste, éclairaient des filaments de brume d'une lueur bleutée.

— Rayon, calme-toi ! Tu vois bien qu'il n'y a personne.

À ces mots, elle se rendit compte de l'étrangeté de ce calme. La nuit n'était pas encore très avancée ; la ville aurait dû bouillir d'activités.

Amara caressa une dernière fois son cheval préféré, puis toqua contre la porte en bois. Après une longue minute d'attente, celle-ci s'ouvrit sur un Caïam qui paraissait exténué. Des cernes violâtres creusaient son visage.

— Ah, c'est toi, Amara. Je t'en prie, entre. Thalya est dans sa chambre, mais je te préviens, elle m'a paru assez occupée.

La jeune fille le remercia et resta un instant devant lui, gênée.

— Caïam, je suis vraiment désolée pour ce qui s'est passé...

Il l'interrompit d'un geste de la main.

— Tu n'y es pour rien, de toute façon. Désolé, je dois y aller ; j'ai un patient qui m'attend.

Puis il disparut dans l'obscurité d'un couloir. Amara referma la porte derrière elle et fit quelques pas dans le vestibule dont le chaos était tel qu'elle aurait pu croire qu'un ouragan était passé par là. Des objets disparates étaient éparpillés sur le sol ou entassés sur un vieux meuble. L'air poussiéreux et lourd chatouilla le nez de la jeune fille.

Elle slaloma entre des débris de verre jusqu'au petit escalier colimaçon qui montait au grenier. Les marches grinçaient sous ses pas, comme pour l'avertir d'un sinistre présage. Arrivée devant la chambre de son amie, elle leva la main pour toquer.

— Tu peux entrer ! retentit la voix de Thalya, étouffée par le bois qui les séparait.

Amara s'exécuta et fut accueillie par les rayons lunaires qui tombaient des gigantesques vitres apposées sur le toit. Thalya ne pouvait se passer de lumière et avait aménagé sa chambre en conséquence.

Amara passa son regard sur les vêtements empilés à ras bord sur une chaise et les centaines de boulette en papier qui jonchaient la pièce avant de trouver son amie, attablée à son bureau.

— Thalya... Comment vas-tu ?

Elle se maudit intérieurement de ne pas réussir à trouver les bons mots pour s'adresser à une personne dont l'état devait varier entre « dépressive » et « inconsolable ».

— Mieux, murmura la Championne d'une voix rauque. Beaucoup mieux.

Amara, surprise, s'approcha de son amie pour mieux discerner ses traits. Les yeux de Thalya, brillants, parcouraient avec fièvre un texte qu'elle tenait dans des mains tremblantes. De la sueur gouttait sur son front et glissait le long des cheveux gras et sales. Thalya ratura un mot, grogna et fixa un point invisible avant de se remettre à écrire.

Le Pouvoir Des Perles - Les Altérés d'IstaldelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant