Ploc.
Amara ramena ses draps sur elle, recroquevillée dans son lit. Il faisait froid. Avait-elle oublié de fermer la fenêtre ? Qu'importe, qu'on la laisse dormir.
Ploc.
La jeune fille grogna et s'enfonça un peu plus dans son matelas moelleux. Ce bruit contre la fenêtre était probablement le fruit de son imagination. Pas question qu'elle se lève.
Ploc, paf.
Un objet roula devant son lit. Elle étouffa un cri de rage et se redressa si vite que des petits points lumineux dansèrent devant ses yeux, rouges de fatigue. Si c'était Thalya qui venait proposer une promenade nocturne... Elle ramassa le petit caillou qui l'avait réveillée sur le chemin et s'aventura sur le balcon. La pierre froide lui blessait les pieds et l'air gelé gifla son visage. L'esprit embourbé par le sommeil, elle prit quelques secondes pour mettre un nom sur la personne assez stupide pour la réveiller en pleine nuit.
— Brandon ? Mais que faites-vous là ?
L'homme fit une courbette et lui cria :
— Mademoiselle Amaryllis ! Que vous me semblez belle par cette nuit étoilée ! Je ne pouvais point dormir après cette soirée mouvementée et le clair de lune m'a inspiré une balade ! Voulez-vous l'entendre ?
Amara le regarda abasourdie. Il interpréta son silence pour un oui et gratta une corde de sa lyre. Un flot de jurons et de réponses peu diplomatiques traversa son esprit et elle eut du mal à ne pas le tuer sur place avec un ou deux couteaux bien placés. Son éducation l'en empêcha et elle tourna les talons en claquant la porte du balcon. Non sans lui avoir jeté les cailloux à la figure.
— Quel imbécile.
Elle se rejeta lourdement sur le lit. Une faible mélodie qui réussissait à passer la vitre la fit grincer des dents. Elle allait exterminer ce benêt, le lendemain. À chaque fausse note surgissait une nouvelle forme de torture dans sa tête. Il allait arrêter, oui ?
Après une éternité, la musique cessa. Amara se détendit un instant. Un instant seulement, car des voix dans le couloir la sortirent de sa torpeur.
Mère ?
Elle s'approcha sur la pointe des pieds de la porte.
— Ma bien-aimée, où en sont les préparatifs ?
Amara reconnaissait cette voix mais n'arrivait pas à mettre de nom dessus. Un de ses prétendants ?
— Nous y sommes bientôt, mon cher, bientôt. Personne ne s'est rendu compte de rien, même pas mes enfants. Comme tu le souhaitais.
— Quand sera-t-elle en fonction ?
Les voix se turent. Un bruissement de tissu. Amara se figea.
— Mais que je suis maladroite, excuse-moi. Je le ramasse. Voilà.
Ils s'éloignèrent lentement. Amara retint son souffle et discerna une dernière phrase.
— Je peux te la montrer, si tu veux. Tu le constateras par toi-même.
Amara attrapa la poignée d'un geste convulsif. Quels préparatifs ? Elle ouvrit la porte. Juste à temps pour les voir emprunter les escaliers qui menaient au hall d'entrée. Elle pouvait encore retourner dans son lit douillet, bien au chaud, et profiter d'une bonne nuit de sommeil.
Une sonnette d'alarme retentit dans sa tête. Elle attrapa le poignard qu'Alexey lui avait offert, caché sous un oreiller, et se lança à la poursuite de sa mère. Elle dévala les deux étages, tout en priant pour ne pas tomber sur quelqu'un.
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Le Pouvoir Des Perles - Les Altérés d'Istaldel
FantasíaL'énergie des Feys flotte sous forme de flux dans l'environnement. Elle nourrit faune et flore et est source de vie en An'kalara. Mais maudit soit l'humain qui voudrait l'utiliser à son avantage. Maudit soit-il, lui et sa lignée. Maudits soient-ils...