Amara en avait marre. En plus d'être d'une humeur de chien, la chaleur tapait à travers les fenêtres et le bourdonnement incessant des nobles autours d'elle ne cessait tout simplement pas. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour rejoindre Thalya dans la clairière près de la cascade ! Sa mauvaise humeur remonta à cette pensée. L'accueil que lui réserverait son amie la refroidirait probablement avec beaucoup d'efficacité. Surtout qu'elle devait être en train de préparer son coup pour sauver la garce trop maquillée.
— Amaryllis, ne pourrais-tu donc pas nous donner quelques informations sur cette horrrible – les r roulaient dans la gorge de la noble comme si elle avait avalé les perles de son fichu collier – intrusion de hier soir ?
La jeune comtesse se retourna vers une de ses « amies », surprise. L'autre prit ses aises dans le fauteuil vert et découvrit un sourire de requin.
— Tiens, tu ne parais pas plus au courant que nous... Cela s'est pourtant passé la nuit dernière. Alexey serait-il plus apte à me donner des réponses satisfaisantes ?
Son ton innocent ne trompait personne. Un air affamé l'avait trahi au moment de nommer l'héritier de la maison. Amara se leva, épousseta la longue robe bleuté, une de ses créations, et entreprit de saluer tout le monde – elle se sentait mal. Un léger grésillement nerveux couvrait le son des exclamations regrettant sa prochaine et subite absence. Thalya serait donc déjà passé à l'acte ?
Pitié, faites qu'elle aille bien !
Quelle imbécile. Amara ne savait pas qui l'énervait le plus, sa meilleure amie, ou sa propre passivité. Elle monta les escaliers qui menaient à ses quartiers. Son ongle devint rapidement une proie pour ses dents nerveuses, bien qu'il ne possédât plus beaucoup d'attributs à grignoter.
Thalya n'avait pas été prise. Sa force dépassait de loin tous ceux qu'Amara connaissait. Mais, par Elésir, pourquoi possédait-elle un sommeil si profond, elle aurait peut-être pu l'aider ! Dans le couloir, elle tomba sur son frère. Le maquillage poudré qu'il revêtait cachait mal les grands cernes étalés sur son visage.
— Alexey, il y a une demoiselle là-bas qui veut te parler à propos de cette nuit dans l'espoir que tu lui en accordes une. Franchement, cela ne me dérangerait pas, c'est l'empoisonneuse de service. Tu pourrais un peu jouer.
— Ah, elle ? Ça me ferait du bien, un peu de distraction...
Une lueur brilla un instant dans ses yeux éreintés. Amara profita de ce moment de connivence, devenu si rare, puis se lança :
— Je suis aussi assez curieuse, je dois dire. Ta prisonnière...
— A été transférée à temps. Je dois justement en parler au commandant Ollyver. Laisse-moi, beaucoup de travail m'attend. Cette nuit a été fastidieuse.
— Mais...
Son frère la toisa de toute sa hauteur et plissa ses yeux perçants.
— Ne devrais-tu pas être en meilleure compagnie que ton vieux frère fatigué ?
Amara passa une main dans ses cheveux vénitiens, hésita et ouvrit la porte de sa chambre.
— Je vais à Istaldel.
— Il n'en est pas question ! réagit son frère, l'air tout d'un coup bien réveillé.
La jeune fille, la main sur la poignée, resta interdite. D'où lui venait donc cet engouement subi ?
— Et pourquoi ? le provoqua-t-elle.
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Le Pouvoir Des Perles - Les Altérés d'Istaldel
FantasyL'énergie des Feys flotte sous forme de flux dans l'environnement. Elle nourrit faune et flore et est source de vie en An'kalara. Mais maudit soit l'humain qui voudrait l'utiliser à son avantage. Maudit soit-il, lui et sa lignée. Maudits soient-ils...