Le Pouvoir Des Perles - Les Altérés d'Istaldel

Chapitre 18.2

La jeune fille se frotta le nez, visiblement mal à l'aise.

— Il fallait que je parle à quelqu'un, murmura-t-elle enfin. Et vu que Thalya...

Sa voix dérapa avant de se stabiliser. Mika se gratta la tête, renonça à comprendre et ouvrit la porte à la jeune fille, l'invitant à rentrer. Elle secoua du chef.

— Non. Suis-moi, je dois te montrer quelque chose.

Sa queue de cheval claqua dans le silence alors qu'elle tournait les talons. Une fois arrivée au seuil du portail, elle se retourna, irritée de ne pas entendre Mika à sa suite.

— Et le couvre-feu ? l'interrogea-t-il, la main encore sur la poignée, désireux d'aller se coucher.

— Tu n'avais pas l'air de t'en faire en te promenant si impunément dans les rues, rétorqua-t-elle avec un demi-sourire.

Mika soupira, tourna la clef dans la serrure et la rejoignit avec un grognement.

— Et ça ne peut pas attendre demain ?

Amelya accéléra le pas en jetant des regards furtifs autour d'elle. Ses bottes résonnaient contre le pavé humide, le bleu de ses cheveux flamboyait dans la lueur des Sijites.

— Je n'ose pas rentrer chez moi. J'ai trop peur que des soldats m'y attendent. Mais je ne peux pas errer dans les rues pendant trop longtemps. Faut que je me cache.

Sans attendre de réponse, elle l'entraîna dans des escaliers qui menaient sur les remparts, les parcourut sur une centaine de mètre avant d'indiquer une échelle du doigt qui atterrissait dans les hautes herbes. Le vent se faufilait entre elles et un bruissement mélodieux remontait le long des murs. Mika frissonna et reboutonna son long veston qui battait ses jambes.

— Carrément sortir de la ville ? s'étrangla-t-il. Tu pourrais un peu m'expliquer.

Amelya interrompit sa marche précipitée et soupira, agacée. En quelques mots, elle lui parla de la Carrière et de son réseau souterrain.

— Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver ces prochains jours, et seule Elésir sait ce qu'ils vont faire avec Thalya. Il faut qu'au moins que quelqu'un le sache.

— Pourquoi pas Caïam ? Ou même Vérince ?

La jeune fille le scruta, insensible à la hauteur et au vent qui s'enroulait autours d'elle pour la faire basculer.

— L'un est trop froussard et l'autre n'a pas inventé l'eau chaude, marmonna-t-elle avec acidité. Et Thalya te fait confiance.

Le sifflement de l'air tourmenté happa les dernières paroles. Amelya se mordillait les lèvres, hésitante.

— Il y a encore autre chose, avoua-t-elle. Je... je crois que j'ai développé les mêmes pouvoirs que Lory et...

Mika se redressa, l'œil alerte. Le général n'avait donc pas exagéré les risques de cette perle qui se propageait au moindre contact. Le sang monta dans ses tempes, le martèlement de son cœur recouvrit les explications de la jeune fille. S'il voulait éviter le génocide qui résulterait d'une épidémie, il devait l'éliminer.

Il suffisait de la pousser. Amelya, inconsciente des états d'âme de son camarade, continuait son monologue, le dos tourné, le regard mélancolique planté dans le vide.

— Mais dis-moi, Mika, pourquoi est-ce que tu suis Thalya ? Qu'est-ce que tu ressens pour elle ? murmura-t-elle en se retournant. De l'admiration ? De la loyauté ? Tu es aussi opaque qu'un mur, j'ai du mal à percevoir tes motivations.