Ses volets ne sont pas ouverts. Aujourd'hui il est censé aller à l'école. Il aurait préféré y aller, prendre ses affaires de sports et faire 100 tours de terrain plutôt que de rester ici. Son père n'était pas au travail, il fallait quelqu'un sur qui passer ses nerfs au cas où. Pour l'instant il restait dans sa chambre.
Ne pas bouger. À peine respirer. Ne pas exister. Survivre.
À peine habillé, la froideur de la maison lui brûlait la peau. Pour oublier ses frissons, il contempla son corps
Coups. Brûlures. Entailles. Maigreur.
Est-ce qu'il plaisait à ses parents ainsi ? Était-ce pour cela qu'ils continuaient à le traiter ainsi ? Parce que c'était comme ça qu'ils l'aimaient le plus ?
Lui ne s'aimait pas. Il n'appréciait pas son visage émacié, son ventre bleu, ses chevilles déformées par des entorses non soignées ou ces brûlures de cigarettes sur les côtes. Il préférait de loin la beauté des blessures qu'il s'infligeait lui-même. Il pouvait les contrôler, choisir leur emplacement, leur douleur, leur nombre et leurs significations : mauvaises notes, gros ventre, agressivité, tristesse, contre-douleur.
Lorsqu'il était petit, il pensait que toutes ces marques douloureuses étaient une preuve d'amour, que tous les petits enfants recevaient cela. Il encaissait presque sans pleurs, les crises de son père. La négligence de sa mère berçait ses journées et s'ancrait dans le quotidien. Puis un jour il avait rencontré Hoseok. Son bonheur lui avait éclaté à la figure. Aucune souffrance, aucune crainte, pas une once de douleur. Il s'était senti étrange. Lorsque son meilleur ami l'avait invité chez lui, jamais ses parents n'avaient levé la main sur lui, ils l'embrassaient, le calinaient. C'est un enfant adopté et pourtant ses parents l'aimait plus que ceux de Yoongi. Il avait alors réalisé que ses parents ne l'aimaient pas, ils l'avaient toujours détesté.
La vérité avait été plus facile à digérer qu'il ne l'aurait cru. Sans doute s'en doutait-il déjà depuis toujours ?
Embrumé dans son irréalité quotidienne, il caressa doucement les avant-bras criblés de ses propres blessures.
La maison était un gros nuage noir, près à éclater. Le tonnerre grondait. C'est en entendant son premier nom crié que Yoongi su que le premier éclair n'allait pas tarder.
Il se leva lentement, le corps lourd. Il voulait s'enfuir, courir chez Hoseok. Sentir la chaleur de ses sentiments, de ses mots sur sa peau meurtrie.
Et c'est ce qui arriva. Il ne sut comment, mais il était chez son meilleur ami, dans les bras de Seokjin, enfermé dans une chambre. La peau chaude de l'homme sur ses plaies ouvertes l'avait soudainement fait reprendre contact avec la réalité.
Hoseok n'ouvre pas la porte.
Peu à peu les nuages de sa vision se dégagèrent enfin, les sons étouffés reprirent leur agressive tonalité.
-Papa est dehors avec lui !
-Hoseok tu n'ouvre pas cette porte c'est bien trop dangereux.
Contre lui, Yoongi devina la présence tremblante de Jungkook. Le petit garçon pleurait à chaudes larmes, inquiété par les sons de lutte qu'on pouvait entendre de l'autre côté de la porte. Les bras de Seokjin les quittèrent et pour rejoindre son fils. Il le força à le regarder.
-J'ai appelé la police, le commissariat de papa, une ambulance. Tu restes ici.
Le mur trembla, secoué par un choc sourd.
-Tu reste ici, tu protège ton frère et ton ami. Je vais aider Namjoon. Promets moi de ne jamais sortir sans que je te le dise.
L'homme embrassa son fils sur le front. Il déverrouilla la porte et disparut dans le couloir. Hoseok attendit une seconde avant de fermer la pièce à clef. Jungkook pleura de plus bel. Yoongi le prit tant bien que mal dans ses bras et le serra fort contre lui. Que s'était-il passé ? Il ferma les yeux, essayant de faire abstraction des bruits de lutte autour de lui. Le parfum fruité des cheveux de Jungkook réussit à le couper de la réalité terrifiante.
Après le premier éclair, sa mère l'avait appelé pour faire le repas. Qu'avait-il cuisiné ? Sans aucun doute quelque chose qui avait provoqué un second éclair. Mais pourquoi s'enfuir pour les mêmes coups qui avaient rythmés sa vie ? Il essaya de creuser dans sa mémoire, en vain. Qu'avait-il fait pour autant énerver son père au point qu'il se soit enfui ?
Il perçu par-dessus ses pensées les sirènes des voitures de police. Il entendit les policiers crier dans la maison, les grognements de son père. Puis l'arrivée d'une ambulance et enfin la voix de Hoseok dans le creux de son oreille. Yoongi ouvrit les yeux. Son meilleur ami s'était accroupi de lui, sa main caressait doucement ses cheveux emmêlés. La porte de la chambre était grande ouverte.
-C'est fini Yoongi.
-Quoi donc ?
-Tout.
Le garçon éclata en sanglots. Il laissa sa peur, son désespoir, sa souffrance le submerger entièrement. Les fils du soulagement se teintèrent de ses terribles émotions. Elles les rongeaient, pâteuse, grumeleuse d'effroi, jusqu'à toucher le cœur de Hoseok. Il le sentit chavirer contre lui et respirer difficilement. Il l'entendait sangloter dans son cou alors qu'il le serrait terriblement fort contre lui.
(Rappel : l'entièreté de l'histoire a été réécrite, merci de ne pas tenir compte de tous les commentaires qui seront désuètes.
Bonne lecture ! )
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The Kim family [TERMINEE]
FanfictionParfois on aimerait oublier certains souvenirs. Recommencer notre vie à zéro. Se réveiller un matin, et découvrir que tout ceci n'était qu'une illusion, qu'un mauvais rêve. Alors toutes les souffrances s'envoleraient comme de la fumée lointaine, ne...