Les parents et Jungkook partirent quelques jours après Noël.
Le quatuor composé des deux danseurs, du peintre et du musicien passèrent le nouvel an ensemble. On accepta sans peine que la petite amie de Hoseok les accompagne dans leur soirée à la maison des meilleurs amis. April apportait une touche de légèreté. Même si elle connaissait les grandes lignes de leur histoire, sa naïveté et sa gaieté furent les bienvenues. Les problèmes furent laissés au placard à chaussures de l'entrée. On parla de danse, de musique, de cinéma, un peu de la famille. Le groupe n'était pas de grands buveurs, ils s'offrirent un verre, histoire de célébrer sans chercher à rendre cette soirée spéciale. Ce n'était qu'une nuit comme les autres et de toute manière, la fatigue les clouait sur le tapis et le canapé. Sous les applaudissements, Yoongi entonna quelques musiques, Jimin et Taehyung valsèrent, tous deux avec grâce. Puis ils sentassèrent à la fenêtre de la chambre de Yoongi pour observer de loin le feu d'artifice du centre-ville, au-dessus du fleuve Han et la chorégraphie des drones lumineux. Le chiffre de la nouvelle année se dessina dans le ciel dans un concert de couleurs et de pétard. La joie enflammait tous leurs corps, leurs "liens" plus fort que jamais.
Le mois de Janvier se passa calmement, chacun reprit ses habitudes et ses activités dans son coin : la danse, la musique, le tournage, les cours. Les discussions kakaotalk se remplissaient plus rapidement qu'à l'accoutumée alors que les rencontres s'espaçaient toujours un peu plus. Yoongi restait souvent seul chez lui. Hoseok rentrait à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit pour dormir quelques heures avant de repartir à l'agence. Il prenait à peine le temps de grignoter les plats que Yoongi lui préparait et oubliait une fois sur deux sa boîte à pique-nique. L'agence lui demandait un travail considérable et Yoongi avait bien peur que ce rythme finisse par anéantir son meilleur ami. Pourtant même lorsqu'il rentrait à 8h du matin pour repartir deux heures plus tard, un sourire de fierté étirait toujours ses lèvres. Pendant ce temps, Yoongi se plongeait dans l'écriture de la bande son de la série de Taehyung. Il passait ses journées et ses nuits à son piano. Ce projet qui lui avait d'abord semblé insurmontable prenait finalement une toute autre tournure. Le plaisir de créer, d'imaginer des ambiances par la seule aide de son instrument le fascinait. Cet exercice devenait même thérapeutique.
Le musicien clôtura sa dernière musique le dernier jour de Janvier, un soir d'hiver. La neige tombait à gros flocons sur leur petit jardin, le verre d'eau à ses pieds était vide, le robinet de l'évier goûtait sur son assiette de ce midi. Le silence de la maison reprenait enfin ses droits. Le garçon resta plusieurs minutes à regarder les touches du piano que ses doigts avaient parcourus inlassablement. Derrière lui, son micro continuait d'enregistrer. Il s'obligea à se lever pour l'arrêter alors qu'il pressentait une dissociation. Le mouvement lui fit reprendre ses esprits et il refoula du mieux qu'il pu la vague de souvenirs traumatiques qui cherchait à l'envahir. Il inspira profondément, bougeant les doigts et les pieds. Il se mit à fredonner en marchant autour de la table basse. Une idée lui traversa furtivement l'esprit et il l'attrapa avant qu'elle ne s'enfuit dans les tréfonds de son cerveau. Il se dépêcha de transférer l'enregistrement sur son ordinateur et envoya tout le dossier à Taehyung. Puis, empreint d'excitation, il prépara dans la cuisine deux boîtes à pique-nique bien remplies qu'il fourra avec empressement dans son sac. Yoongi s'apprêtait à sortir lorsqu'il jeta un malheureux regard au miroir de l'entrée. Son t-shirt était tout fripé, son jogging avait une énorme tâche douteuse et ses cheveux étaient en bataille. Il fonça dans la douche et s'habilla de son plus joli jean et de son plus joli pull de laine. Il enfila rapidement son long manteau noir que Seokjin et Namjoon lui avaient offert à Noël et enroula une énorme écharpe rouge vif. Après s'être bien observé dans le miroir, bien habillé, bien maquillé, bien lavé, il pu enfin sortir dans le grand froid.
La joie de voir la neige tomber sur son nouveau manteau, de sentir le froid lui glacer les os, s'ajouta à son excitation. Un large sourire ne quittait plus ses lèvres, même dans le bus surchauffé. Il descendit devant l'école de danse de Jimin et attendit impatiemment sur un banc gelé. Il remarqua alors qu'il n'avait pas emporté ses écouteurs, ni ses cigarettes. Pourtant, pour la première fois de sa vie, il n'avait pas l'impression d'être submergé de pensées négatives. Le garçon n'éprouvait pas le besoin de fumer pour éloigner la dissociation ni le besoin de faire taire ses pensées par la musique. Le seul fait de savoir qu'il allait voir Jimin suffisait à le calmer.
Il aperçut Jimin sortir de l'école accompagné d'un jeune homme. Il reconnut l'acteur à qui son petit ami apprenait à danser. Il les laissa se saluer avant de courir vers Jimin.
-Oh ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Rigola-t-il alors que Yoongi le serrait dans ses bras.
Ils s'embrassèrent passionnément alors que la chaleur de leur amour brûlait déjà leurs lèvres.
-Je voulais passer du temps avec toi, expliqua Yoongi en lui montrant son sac.
La joie illuminait son visage. Jimin lui rendit son sourire. Il lui prit la main et ensemble, ils marchèrent jusqu'au bord du fleuve Han. Les baies étaient éclairées de lampadaires parmi les arbres. La lune brillait haut dans le ciel. Les deux amoureux observaient avec émerveillement les lumières de la ville se refléter dans les vagues. Tout était si paisible. Ils papotèrent un moment de la journée du danseur. Ce dernier lui montrait volontiers ce qu'il apprenait à Song Kang, le jeune acteur qu'il allait doubler et Yoongi s'extasiait devant chaque pas.
-Est-ce que tu te souviens de l'après-midi que nous avons passé ensemble, enfant.
-La célèbre séance d'origami ?
Jimin papillonna des paupières.
-Tu t'en souviens ?
-Evidemment, pourquoi crois-tu que ton origami se trouve sur le piano ?
Yoongi lui prit les mains.
-Je crains de ne pas avoir rempli ma promesse. De te montrer que la vie vaut la peine d'être vécue.
-N'importe quoi. Je suis toujours de ce monde grâce à elle. Ce n'était pas à toi de me faire découvrir la vie mais à moi de trouver qui je suis et ce que j'aime. J'ai plutôt bien réussi non ?
Jimin gloussa en acquiesçant, les yeux remplis de larmes. Yoongi le prit dans ses bras et le serra fort contre lui. Le souffle de son petit ami vint chatouiller son cou.
Jours après jours, semaines après semaines, alors que le tournage s'approchait de la fin, et que Jimin se dévoilait pour les premières fois à la caméra, Yoongi s'avançait timidement à son tour dans la salle d'enregistrement. Leurs journées d'été se remplissaient à vue d'oeil mais les amoureux se retrouvaient chaque soir à l'école de danse où, à l'abri d'un petit studio, ils se retrouvaient pour répéter. Yoongi appréciait d'autant plus ces moments qui lui permettaient de faire entendre la voix du danseur lors de l'enregistrement : Jimin dictait la vitesse, l'intention, les changements. Le musicien notait sur sa partition accelerando et ritenuto puis se bataillait bec et ongles au studio d'enregistrement pour faire passer chaque exigence du danseur. Ces simples moments, Yoongi les chérissait avec tant d'amour et d'attention. Quelques fois, lorsque Yoongi en avait marre de répéter les mêmes trilles et les mêmes arpèges, il se plaisait à déstabiliser les pirouettes de son petit ami en composant une toute autre mélodie, un nouveau contre chant. Au début, Jimin lui jetait des regards mi-agacés, mi-amusés, puis, lui aussi s'était prêté au jeu, inventant de nouveaux enchaînements de toute son élégance. Ils s'amusaient de leurs talents et de leur complicité, le coeur et les lèvres réchauffés par leur amour et leur bonheur. Ces soirées-là, ils étaient amoureux et rien d'autre ne comptait.
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The Kim family [TERMINEE]
FanfictionParfois on aimerait oublier certains souvenirs. Recommencer notre vie à zéro. Se réveiller un matin, et découvrir que tout ceci n'était qu'une illusion, qu'un mauvais rêve. Alors toutes les souffrances s'envoleraient comme de la fumée lointaine, ne...