Sixty Shades of a Unicorn - T2

9.1. Hurts like hell

Et dire que j'aurai écrit 2 testaments dans ma vie 😥
(pas taper, vous comprendrez en lisant)

Bonne lecture ! 🌟

***

MIKA

— Installez-vous.

J'avance dans le bureau en suivant Daren et papa. Nous nous installons dans le semblant de salon qui jouxte le bureau jonché de dossiers du notaire. Le quarantenaire attend qu'on se soit assis dans les fauteuils avant de saisir le paquet de feuilles qui traîne sur la table basse et de rajuster ses lunettes à monture noire sur son nez.

— Meredith et Noah Carpenter ont écrit leurs testaments ensemble, chez moi, il y a six ans. Le défunt a insisté pour le faire en même temps pour ne rien oublier. On aurait dit qu'il anticipait son Alzheimer.

Mes doigts se crispent sur la courroie de mon sac à main au moment même où le dos de Daren se tend imperceptiblement.

— Je crois que vous étiez au courant qu'ils voulaient que vous ouvriez les deux en même temps. Si non, vous en voilà informés.

— Je pensais que ma mère n'en avait pas rédigé, murmure papa d'une voix savamment maîtrisée malgré ses traits fatigués.

Le notaire prend une gorgée tranquille de son café noir en dardant sur nous un regard sans équivoque.

— Ils désiraient que vous respectiez cette volonté aussi. Je n'avais pas d'autre choix que de me taire pour le moment.

Il prend une grande inspiration en ouvrant la pochette orange tandis que la mienne se bloque dans ma gorge à vif à force de pleurer. Daren, assis près de moi, a son regard morne perdu dans le vide, ses coudes appuyés sur ses cuisses. J'effleure légèrement son bras pour attirer son attention vers ce que le monsieur s'apprête à nous dire. Il tourne alors la tête dans ma direction, les yeux injectés de sang et le menton ombré d'une barbe de quelques jours.

— Écoute, soufflé-je.

Il a un sourire sans joie.

— Ça ne sert à rien.

Et je le hais instantanément pour cette réponse qui me brise le cœur.

Je cligne des yeux plusieurs fois pour chasser les larmes qui s'accumulent sans prévenir sous mes paupières avant de croiser le regard compatissant du notaire.

Il extirpe deux enveloppes du dossier et les tend à papa qui en passe une à mon frère. Celui-ci la tourne et la retourne entre ses doigts. Observe vaguement l'écriture fine de ma grand-mère sur le devant.
« Meredith Sullivan Carpenter ».

Et me la donne, indifférent.

Découragée, je la saisis de mes doigts tremblants et la décachète avec mes clés de maison.
J'extirpe fébrilement le document et le lis à toute vitesse.

« Je soussignée, Meredith Sullivan Carpenter, née le 19 mai 1943, au Nouveau-Mexique et domicilée à l'adresse suivante : 1542 rue Bridgesway, Henryville, AL, établis par les présentes mon testament.