5. N'oublie pas

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MIKA

Je pénètre le vestibule de l'immense maison, Daren sur les talons. Retirant mes chaussures sur le tapis au pas de la porte, j'abandonne ma valise dans l'entrée et fais quelques pas hésitants dans un couloir subdivisé en plusieurs dans des directions différentes.
J'effleure, du bout des doigts, les peintures, tantôt abstraites, tantôt réalistes, toutes faites par ma grand-mère et qui décorent les murs.

J'imagine que ma passion pour le dessin vient de là.

Sur un meuble vintage en bois foncé, des cadres sont posés de façon aléatoire. Des photos de famille, de couples en noir et blanc et d'enfants. Instinctivement, je sais que c'est mes grands-parents lorsqu'ils étaient jeunes ainsi que papa et ses frères. Et sur le contour en bois, les noms des protagonistes souriants de chaque cliché est indiqué.
Parce qu'il faut qu'il s'en souvienne.

— C'est par où ? demandé-je lorsque je sens Daren s'immobiliser dans mon dos.

— Deuxième couloir.

Je m'empresse d'emprunter le chemin qu'il m'indique et me précipite dans les escaliers recouverts de moquette sombre. Je les grimpe par deux, fébrile de revoir mon grand-père à qui je n'ai rendu visite qu'à Pâques l'an passé. Lorsque je parviens à l'étage, j'ai le choix entre deux chambres et un couloir qui débouche dans une certaine pièce.
Instinctivement, je choisis le couloir et pénètre dans une salle de séjour où Maman est installée avec un plaid et un livre.

La pièce est essentiellement composée d'un canapé rouge en L, d'une table basse au centre ornée d'un vase de fleurs synthétiques et d'une télévision 32 pouces accrochée au mur. La moquette s'arrête dans le couloir et laisse place au plancher flottant habituel avec quelques vieux tapis en poils multicolores que personne n'a jamais osé remplacer.
Un petit sourire étire ma bouche.

Je reconnais là la trace de ma grand-mère décédée cinq ans plus tôt.

Maman finit par se rendre compte de notre présence et lève le nez de son roman. Ses yeux verts s'éclairent, sa bouche s'incurve et elle ferme son livre en poussant un petit soupir.

— Salut, vous deux.

Daren s'approche de notre mère et lui embrasse le front tandis que je m'assois près d'elle sur le divan en déboutonnant mon manteau.

— Papa est où ?

— Il est avec lui, souffle-t-elle en lui caressant le bras. Vas-y, si tu veux.

Il ne lui en faut pas plus pour tourner les talons.
Je le regarde partir avec un soupir tout en me débarrassant de mon coupe-vent, plus qu'en débardeur et en legging devant maman qui referme son livre et le dépose sur la petite table haute à sa droite.

— Tu as emmené Georgette ? demande-t-elle en me scrutant.

— Non... je l'ai laissée chez Liam.

Elle acquiesce pensivement en triturant les rebords de plaid aux motifs à carreaux avec ses doigts. Ses traits sont un peu tirés, mais elle arbore néanmoins une expression paisible.

— Tu sais qu'il repart, n'est-ce pas ?

Sa seconde question me prend de court et je fronce les sourcils.
Les battements de mon cœur deviennent rapides lorsqu'elle me regarde fixement en attendant ma réponse.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant