13.1. L'obliger à lever le drapeau blanc

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DAREN

Mon avocate rassemble les feuilles du dossier devant elle tandis que je remue sur mon siège, mal à l'aise. Son visage sévère ne trahit aucune émotion lorsqu'elle attache avec un trombone noir tous les documents ensemble avec une précision maniaque. Ses longs doigts à la peau aussi fripée que son visage repassent sur tous les plis des feuilles et elle me transperce ensuite d'un regard bleu, calculateur et extrêmement sérieux.

Elle n'est pas là pour jouer.

Et elle me fout les boules, putain.

— Pour que le dossier soit analysé par la cour et que l'on nous donne un rendez-vous pour un procès, cela peut prendre jusqu'à six mois.

— Six mois ? répété-je bêtement.

Le coin de sa bouche se retrousse un instant avant de retomber tout aussi rapidement.

— Les juges ont mieux à faire que de juger des histoires de terre, monsieur Carpenter.

Vexé, je la fusille des yeux.

— Et si je vous paye plus cher ? Est-ce que vous pourriez finir ça dans le prochain mois ?

Une lueur d'intérêt s'allume dans son regard et elle croise les doigts sur son bureau. Ses lèvres fines se pincent lorsqu'elle réfléchit tout de même à ma proposition pour ne pas prendre de décision hâtive.

Tout pour l'argent, hein.

— Le délai le plus court pour ce genre de dossier, c'est deux mois.

— OK. Va pour deux mois alors, conclus-je.

Elle inspire fermant le bouton de sa veste de tailleur, toujours en réflexion.

— Mille dollars de plus ?

Maître Bourgeois croise effrontément mon regard.

— Deux milles.

Je fronce les sourcils.

— C'est beaucoup, deux milles, non ?

— Non.

Je soupire en tambourinant sur le bureau du bout des doigts.

— 1500 ?

Elle me lance un regard froid et je le lui rends.
Déjà qu'elle demande 110$ de l'heure, elle veut quoi encore ?

Au bout de quelques minutes de toise acharnée, c'est à son tour d'abdiquer en soupirant.

— Bien. D'accord. 1500$, ce n'est pas mal.

Bingo.

— Sachez qu'un avis d'arrêt des travaux a été envoyé à l'entreprise. Une copie parviendra à l'avocat des responsables également. Voici un plan de l'étendue du domaine, pour vous donner une idée de tout l'espace que vous aurez à votre disposition si nous gagnons le procès. Avez-vous eu le temps de tout visiter ?

Je secoue la tête en saisissant la carte qu'elle me tend.

L'endroit où Elisabeth construit peu importe ce qu'elle construit n'occupe à peine que le tiers de tout le terrain disponible. En réalité, la terre de grand-père s'étend sur les deux versants de la rue St-Catherine. L'entreprise n'en utilise qu'une partie, même si je sais que ça se serait étendu davantage si l'ordonnance d'arrêt des travaux n'avait pas été envoyée.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant