Sixty Shades of a Unicorn - T2

30.1. Catch me if you can

et les licornes sont tout aussi sexy, évidemment... surtout quand elles ne font pas de bêtises, nom d'un ORÉO SANS CRÉMAGE.

***

MIKA

— Tu veux te battre ?

Je décoche un sourire espiègle à Isabelle qui se laisse affaler dans le pouf multicolore adjacent au mien avec une moue qui fait ressortir la courbe de ses lèvres pulpeuses à souhait. Elle s'y allonge à la manière d'une mannequin, sa robe fourreau noire et à manches longues moulant sa silhouette longiligne, ses jambes bronzées malgré le froid étendues devant elle.

On se demande pourquoi Colin est fou d'elle, hein.

Malgré ma confiance en moi et mon assurance fantastique, je me sens toute petite près d'elle, indéniablement intimidée par sa beauté alors que je suis... régulière. Avec des cheveux roses, en plus.
Et ce n'est pas ce que j'ai manqué de lui faire savoir.
Alors qu'elle est sur son trente-et-un, je suis en pull trop grand pour moi, jaune éclatant, avec une écriture blanche sur le devant. Enfermée depuis au moins une heure et demi dans mon atelier, j'essaie de perfectionner mon croquis comme je le peux, déterminée à le terminer avant de devoir rentrer à la maison pour les fêtes. Ce sera impossible, mais on fait ce qu'on peut.

Mes oreilles perçoivent à grande peine mon frère parler au téléphone dans le salon avec une intonation très sérieuse. Je ne sais pas qui c'est, mais à mon avis, c'est en lien avec le procès.

— Tu ne viens pas ? T'es sûre, là ?

— Il faut que je finisse ça, Isabelle, me plains-je en mordillant l'extrémité de mon crayon, les yeux rivés sur mon dessin.

— Mais la fête sera nulle sans toi ! proteste-t-elle en m'envoyant un coussin. Et, en plus, Liam y est déjà, me charrie-t-elle ensuite en jouant des sourcils.

Je plisse les yeux dans sa direction, irritée, coincée, mais en plein dilemme aussi.

— Je. Ne. Viendrai. Pas.

— Alors, dans tous les cas, je traîne ton frère. Non seulement il est sexy à en mourir, mais il est plus gentil que toi.

— Maiiis !

OK, plus rien ne va. Invoquons Gauche.

Je boude, les bras croisés sur ma poitrine au moment même où Daren fait irruption dans l'atelier, son téléphone à la main et une expression éternellement blasée sur le visage. Pour une fois où il a pris soin de son apparence et qu'il s'est forcé à enfiler une chemise noire avec un jean de la même couleur et qu'il a peigné ses cheveux indomptables vers l'arrière...

...il ressemble à peu près à un humain.
Sexy, aussi. Un tout-mini peu.

— Qu'est-ce que tu fais encore en pyjama, toi ? demande-t-il, incrédule.

— Mais je ne veux pas aller danser avec des humains, nom d'une carotte ! Je préfère rester à la maison.

Mon frère se tourne vers Isabelle.

— Elle veut se battre, hein ?

— Elle veut se battre, confirme-t-elle.