42.1. Past & future

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DAREN

Je prends une bouffée de ma cigarette, perché sur le balcon de mon bureau, regardant au loin le chantier de construction se remettre en branle après plusieurs semaines de pause dues aux fêtes, puis à l'enfermement d'Elisabeth chez elle. Hier, je suis allé signer au commissariat, son couvre-feu a été officiellement rétabli et mon avocate m'a annoncé que les travaux de l'autre côté de la terre pouvaient enfin reprendre après une suspension d'un mois et demi.

Contente de pouvoir enfin faire quelque chose de productif de ses journées, Babeth n'a pas tardé à envoyer des courriels à tous ses employés, les informant de la reprise du boulot et la fin du congé payé. Charles, pour sa part, a dû repartir à Londres pour certaines affaires qui n'étaient pas discutables par téléphone. Et en attendant, sa secrétaire se charge de l'entrée des talons de paie de mes propres travailleurs dans le système puisque je les ai écrits à la main pour ne pas faire d'erreurs dans la lecture des touches du clavier.

J'ai fini les papiers qui avaient besoin d'être terminés, j'ai bouclé toutes les signatures de contrats avec des compagnies qui veulent de mon coton avant les Rogue qui trainaient depuis plusieurs jours. Et maintenant, je me grille une clope au bureau parce que mon cerveau ne veut pas me laisser tranquille à trop réfléchir et qu'Elisabeth ne me laisse pas fumer en paix.

Elle m'a jeté deux paquets neufs aux poubelles. Cette petite peste.

Et je réfléchis trop parce qu'une putain d'idée de merde ne me quitte pas depuis deux semaines : connaître l'identité de la fillette de l'incendie.

Découragé par mes propres idées stupides, je prends la dernière taffe de ma cigarette en soufflant sous les nuages gris qui nous cachent le soleil depuis quelques heures. Il devrait pleuvoir bientôt.
J'écrase ensuite le mégot consumé sous la semelle noire de mes chaussures.
Si je veux arrêter d'y penser un jour, il va falloir que je satisfaisse ma curiosité.
Je reviens à l'intérieur en refermant les portes du balcon, décide à en finir avec cette obsession insensée avant que ça ne devienne trop dangereux.

Je retrousse les manches de ma chemise noire en m'adossant à ma chaise en cuir et en allumant l'ordinateur que j'ai récemment acheté. Mes doigts tambourinent presque nerveusement sur le bois de la table tandis que le MacBook prend son temps pour s'ouvrir et charger les informations sauvegardées. De l'autre côté de la porte, les employés vont en viennent paisiblement et il semblerait que personne ne veuille m'interrompre pour l'instant. Alors c'est le bon moment pour faire ma rechercher en paix.

J'appuie sur ma dernière session qui n'est pas verrouillée par un mot de passe. Parce que je pourrais le rater une centaine de fois à cause de ma dyslexie et bloquer l'appareil en entier. Un conseil d'Elisabeth, quand même assez intelligent.
Je dirige ensuite la souris sur Firefox que j'ouvre avant de rester immobile, les doigts au-dessus du clavier, ne sachant même pas quoi taper dans la barre de recherche pour trouver ce que je veux.

Au hasard, je tente un « enfants incendie Vermont » qui me redirige vers des centaines de liens. Le premier qui me saute aux yeux est celui du New York Times qui en parle brièvement, mais assez pour que je puisse rassembler suffisamment d'informations.
Ils citent le nom du bâtiment en flammes et les noms des directeurs de l'institution qui a disparu.

J'ouvre un autre onglet dans lequel j'écris
« orphelinat marywell », un peu anxieux à l'idée de trouver quelque chose. Parce que si je parviens à une conclusion, je ne sais pas ce que je ferai. J'ai peur de faire quelque chose que je regretterai plus tard.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant