Sixty Shades of a Unicorn - T2

Bonus #2 : Dada

ELISABETH

Cinq ans plus tard

— Put...naise, mais je t'ai porté neuf mois, je t'ai accouché dans d'atroces souffrances et j'ai passé un nombre incalculable de nuits blanches pour toi pour que tu finisses par dire dada en premier ?

Mika meurt de rire dans le canapé à côté de moi alors que Zoé rampe à quatre pattes à travers toute la maison en hurlant dada à pleins poumons depuis ce matin.

— Qu'est-ce que t'as contre ça, Babs ? rétorque Daren en abandonnant sa partie de billard avec Liam et Noah qui est juché sur ses épaules. Elle aime son papa, qu'est-ce que tu veux.

— C'est ça, Elisabeth, elle aime son papa, l'appuie Liam en se penchant pour frapper dans la boule blanche qui en fait tomber trois à la fois.

— Espèces de machos, tous les deux, les taquine Mika. De toute façon, tout le monde sait qu'elle préfère sa mère.

Je lui lève la paume pour qu'elle m'en donne cinq.

— Écoutez Mika. Mika c'est la vie.

— Mamaaa ! Regarde !

Meredith débarque dans la salle de jeux dans un tourbillon de cheveux blonds, suivie de près par Jade qui a maintenant treize ans et qui adore sa cousine, tout simplement. Celle-ci tend à sa mère une feuille sur laquelle elle a gribouillé une esquisse de la famille.

— Ça c'est mamie, ça c'est papi, ça c'est papa, ça c'est tonton Daren, ça c'est Jadou...

Elle nous nomme tous les membres de la famille qu'elle a dessinés et mon cœur fond devant ce petit bout de fillette qui a un si grand cœur déjà. Puis, elle s'arrête lorsqu'elle a fini de désigner tout le monde. Enfin... presque tout le monde.

— Mais je n'ai pas dessiné Noah parce qu'il a volé ma licorne hier.

J'étouffe un rire alors que mon fils râle sur les épaules de son père, insistant sur le fait qu'il « lui a dit qu'il était désolé, mais qu'elle ne veut pas accepter ses excuses ». Rancunière, la petite Merry.

Zoé laisse tomber ses jouets pour bébé pour tenter de se hisser debout en s'agrippant sur le canapé à l'aide de ses bras potelés. Attendrie, je la soulève et l'assois sur mes cuisses en embrassant ses joues toujours roses, rondes et à croquer. Elle me regarde de ses grands yeux bleus alors que je lisse les quelques cheveux bruns bouclés sur le dessus de sa tête en remarquant le sourire discret que Daren m'envoie. Un sourire plein d'amour.

Je suis retombée enceinte il y a un an et demi.

Je me suis réveillée un matin de septembre avec une douleur familière aux seins. Un test de grossesse plus tard, mes craintes étaient confirmées : nous attendions un autre bébé.

Alors j'ai réveillé Daren d'un baiser.
Je lui ai chuchoté que j'étais enceinte.
Il a froncé les sourcils, confus, en baissant les yeux sur mon ventre, sur mes seins, puis en les remontant sur mon visage à nouveau.
Et un sourire ensommeillé a lentement éclairé ses traits.

Les neufs mois de ma grossesse ont ensuite été un charme. Il s'est assuré que je ne manque de rien, m'a entourée de tellement d'amour et d'affection que je me sentais comme une guimauve toute molle, toute pomponnée et toute chaude à la fin de la journée. Il a promis de faire en sorte que je ne manque de rien, de se rattraper pour les soixante prochaines années.

Et ça ne fait que cinq ans, mais il bat des records.

Il a repris tout ce qu'il a manqué pendant que j'étais enceinte de Noah, faisant toutes les choses dont j'avais rêvées en étant enceinte. M'achetant des sushis quand j'avais envie de sushis. Des cornichons lorsque j'avais envie de cornichons. Me réservant une place au spa lorsque j'avais envie de me ressentir bien dans ma peau après une deuxième grossesse dévastatrice pour mon estime de moi. Et, surtout, m'entourant d'un peu d'amour lorsque j'avais besoin d'un peu d'amour.
Il est un père formidable pour Jade, Noah et Zoé, se libérant tous les vendredis du travail pour passer une journée entière avec eux, emmenant ensuite Jade à ses cours de soccer après l'école où il est son plus grand fan. Il est un amant attentionné, un partenaire de vie organisé et à l'écoute, un cuisinier aux talents cachés, mais un piètre joueur aux cartes. Et je l'aime.