28.1. Devoir faire un choix

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DAREN

C'est aujourd'hui.

C'est aujourd'hui que la trêve s'arrête et que l'on va passer aux choses sérieuses après soixante jours de merde continuelle où j'ai fui la réalité au lieu de faire ce qu'il fallait : rester loin.

Debout devant le miroir de ma salle de bains, les yeux baissés sur mes mains appuyées sur le robinet, je me demande honnêtement si ça en vaut la peine. Cela fait au moins une demi-heure que je procrastine à l'idée de me rendre au palais de justice une heure à l'avance pour mieux me préparer avec l'avocate. De toute manière, je ne vois pas pourquoi je devrais me préparer pour quoi que ce soit.

Son travail, à l'avocate, c'est de me défendre et parler pour moi, non ?

Je ne veux pas affronter Elisabeth non plus. C'est plus fort que moi. Je ne veux pas la regarder dans les yeux au moment où ils vont déclarer qu'elle mérite dix-huit mois de prison. Une fille comme elle, ça ne va pas en prison.
Ce ne sont que les paysans qui finissent en taule à un moment de leur vie.
Et putain, je commence à parler comme elle, maintenant.

Malgré tout, en me raclant la gorge, je me force à me redresser, m'étirer, me coiffer les cheveux vers l'arrière avec mes doigts et de renoncer au bout d'un moment de raser ma barbe brune qui repousse à nouveau. J'enfile un pull noir et un jean de la même couleur, mes bottes et mon manteau.
Je dévale les escaliers du porche alors que mon for intérieur me met en garde que ce sera peut-être ma dernière fois ici. Dans l'allée qui mène au garage, je contemple alors la façade de la maison de famille, un peu coupable.

Est-ce que je suis réellement prêt à risquer de perdre tout ce que grand-père m'a laissé pour quelque chose d'aussi insignifiant qu'une parcelle de terre ?

Je crois que oui. Parce que... si je n'essaie pas, personne n'essaiera pour moi.

Après avoir pris une grande inspiration, je tourne les talons en direction de la voiture, une légère nervosité  prenant le dessus sur ma détermination. J'y monte en vitesse avant de changer d'avis, enfonce ma clé dans le contact et repose mon dos sur le siège en tentant de maîtriser mon stress.
Mais je sais que je n'y arriverai pas seul.

J'extrais mon téléphone de ma poche et appuie sur le numéro de Liam avant de me décider à sortir du stationnement et de prendre le chemin du palais de justice.

— Allô ?

— Salut, Liam.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— On est le dix-huit, imbécile.

— Pas faux. Tu fais pipi dans tes culottes, là ?

— T'es tellement drôle, j'me roule par terre.

— Parfait.

J'effectue un virage serré vers le droite, ayant oublié de me placer dans le corridor approprié, me récoltant alors une série de coups de klaxons sauvages.

— Je stresse, avoué-je au bout de quelques secondes.

Je l'entends soupirer puis, farfouiller dans des feuilles.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant