Sixty Shades of a Unicorn - T2

16. Karma is a beach

MIKA

— Arrête d'être aussi sauvage !

Je lui envoie le rouleau de papier peint sur la tête et Isabelle se protège en couinant avant de brandir son pinceau dégoulinant de peinture noire dans ma direction en se campant sur ses pieds.

— Ce n'est pas de ma faute si je suis bi ! Imagine qu'il y a une pêche qui est mille fois meilleure que Colin, qu'est-ce que tu veux que je foute avec sa banane pour le reste de ma vie ?

— Tu la manges avec de la crème fouettée, putain ! s'insurge Laurel.

Elle se détournant un instant de la section du mur qu'elle peignait en noir pour nous assassiner du regard du haut de son échelle.

— Et puis, vous pouvez fermer vos gueules et m'aider à peindre ? Ce n'est pas mon appartement à moi, il me semble.

Alors on se remet à peindre en grommelant.

Perchée sur la pointe des pieds, je lisse une goutte de peinture avec mon rouleau, tandis qu'Isabelle coupe un morceau de ruban de masquage avec ses dents pour le coller sur la base du mur qui doit rester blanche. Laurel et elle m'ont rejointe après que Liam soit parti travailler ses quatre heures hebdomadaires au Starbucks. Colin est censé venir avec Tom aussi, mais Colin, c'est Colin.

Ils nous ont aussitôt offert leur aide pour rénover l'appartement dès qu'on leur annoncé que le propriétaire nous l'a cédé. Alors, Liam et moi avons commencé par acheter la peinture pour peindre en noir les murs que nous avons sélectionnés. D'un commun accord, nous avons décidé que nous allions acheter les meubles seulement lorsque tous les murs seront entièrement peints et secs. Et l'opération est un million de fois plus rapide lorsque nous sommes quatre pour la faire.

Au bout de quelques minutes de silence, Laurel finit par demander :

—Tu vas jouer avec ses sentiments longtemps ?

Isabelle soupire en repoussant sa longue queue de cheval derrière son épaule et en trempant son rouleau de peinture dans le pot ouvert. Ses chaussettes froissent le grand papier que nous avons étalé sur le sol pour ne pas salir le parquet lorsqu'elle fait quelques pas vers l'arrière.

— Non, ce n'est pas mon intention.

— Alors quand est-ce que tu vas lui dire ce que tu ressens vraiment à propos de vous deux ? demandé-je doucement en frottant une goutte qui s'est échouée sur mon pantalon de pyjama.

Elle pince ses lèvres pulpeuses en évitant de croiser nos regards.

— C'est juste que... avant lui, je ne sortais qu'avec des filles. J'étais plus homosexuelle que bi, tu vois. Et maintenant avec lui, je ne sais plus quoi faire.

Laurel descend précautionneusement de son échelle en s'appuyant sur l'épaule d'Isa. Elle remonte ensuite son jogging noir sur ses hanches et la sermonne des yeux.

— Dis-lui ça, alors. Il devrait comprendre, il n'est pas si con que ça.

La sonnerie stridente d'un téléphone nous fait sursauter toutes les trois. Isabelle s'empresse de le sortir de sa poche et de répondre.

— Allô ? Ouais, OK. J'arrive, c'est bon.

Puis, elle coupe la conversation aussi sec.