61.1. Capituler

1.9K 302 150
                                    

DAREN

Une semaine plus tard, Jade est en train de construire un bonhomme de neige à l'extérieur.
Avec Elisabeth.

Et je suis en train de me faire démolir au poker avec Noah dans les bras. Par Charles.

— Putain, mais vous ne savez pas jouer aux cartes dans cette famille ? m'énervé-je en appuyant mon dos contre le canapé derrière moi après avoir perdu pour la troisième fois.

— Tu es chez moi, insolent, et si tu ne fais pas attention à ton langage, je peux te foutre dehors n'importe quand, rétorque Charles avec un sourire en coin tout en tendant les bras pour mélanger les cartes à nouveau.

— Ah, OK, pardon.

Il lâche un rire découragé avant de faussement me fusiller d'un regard bleu et de redistribuer le jeu de manière équitable. Je baisse les yeux sur Noah qui m'observe en silence en bavant. Je ne pense pas qu'il me regarde à proprement dire, mais il a les yeux grands ouverts et il sont dans ma direction. Le cœur entouré d'une chaleur à laquelle je m'efforce de m'habituer, je taquine son menton du bout de l'index et il papillonne des cils en ouvrant la bouche.

— Est-ce qu'il peut me voir ? demandé-je en l'embrassant le front.

— Techniquement, non, répond mon beau-père en prenant une gorgée du café noir qu'il boit à toute heure de la journée. Ça prend plusieurs mois avant que sa vision soit bonne.

— OK... alors tu commences ?

— Je commence.

Je maintiens Noah contre ma poitrine en distribuant des baisers sur ses joues et son front de temps à autre, en jouant avec ses petits poings constamment crispés, en espérant qu'il puisse marcher et parler bientôt pour que je puisse lui montrer tout plein de choses. Charles me décourage toutefois en me disant que cet âge est le meilleur. Lorsqu'il grandira et que je n'arriverai plus à le contrôler, je me souviendrai de ce qu'il a dit.

Une heure passe ainsi durant laquelle mon fils s'assoupit contre mon torse, une joue écrasée contre l'un de mes pectoraux et ses petits doigts agrippés à mon t-shirt. Nous nous faisons une partie à nous seuls et une autre avec abuela qui fait un peu n'importe quoi, mais qui réussit tout de même à nous battre à plate couture. Je suis outré.

Et au final, je suis en train de râler pour la millième fois depuis le début du jeu alors que la grand-mère d'Elisabeth est morte de rire, une main devant la bouche et les yeux pétillants de malice. Je berce Noah qui gémit lorsque j'effectue un mouvement trop brusque et, en désespoir de cause, je lève mon majeur à Charles qui éclate de rire.

— Mais tu es insolent jusqu'au bout toi, dis donc.

— Toujours.

La porte d'entrée du manoir qui s'ouvre derrière moi capte notre attention alors que les bruits caractéristiques des bottes et de la friction de manteaux d'hiver retentissent dans le vestibule. Alors que Charles bondit sur ses pieds et que son expression devient neutre, la sonnette d'alarme s'enclenche dans mon cerveau. Je me mets alors debout avec mille précautions pour Noah qui dort profondément contre moi.

Elisabeth est rentrée. Avec un homme.

Ils sont debout ensemble dans l'entrée, elle lui sourit chaleureusement comme s'ils se connaissaient depuis des années, il est grand, penché sur elle avec une main appuyée contre la porte fermée, énervant avec son sourire charmeur, ses cheveux aux reflets roux et sa barbe taillée. Elle rit avec lui comme si de rien n'était, ils discutent brièvement entre rires et taquineries tandis que je suis juste là. C'est comme si je n'existais même pas.
Ses joues sont rouges de froid, ses cheveux pleins de neige et le regard pétillant. Jade pénètre le manoir quelques minutes plus tard en se contorsionnant pour se débarrasser de ses habits de neige et de courir jusqu'à la toilette pour faire pipi.

Sixty Shades of a Unicorn - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant