2.

115 5 0
                                    


Je regarde à travers le hublot, la mer de nuages qui se dessine à l'horizon, ça fait dix minutes qu'on a décollé et je suis étonnée de constater, que l'avion est presque vide, je vais pouvoir travailler tranquillement, sans personne à côté de moi. Je sors mon « MacBook Pro », j'enlève deux épaisseurs de pull et commence à tapoter activement sur mon clavier.

Je suis concentrée et ne m'aperçois pas immédiatement que quelqu'un a pris place juste sur le siège à côté de moi. J'ai parlé trop vite, je lève la tête et salue mon voisin avec étonnement.

- Bonjour monsieur.

L'homme ne me répond pas.

Ça l'étoufferait un bonjour ?

Je me replonge sur mon écran sans tenir compte de sa présence, aussi étrange soit elle. Quelques instants plus tard, une hôtesse passe dans l'allée pour nous demander si on désire boire quelque chose, j'ai la bouche sèche, j'accepte avec plaisir un verre de jus d'orange. Quand à l'homme à côté de moi, il prend un café.

Il a l'air tendu, hyper stressé et la politesse ne semble pas être sa première qualité. A moins qu'il ne soit sourd & muet. Je le regarde de biais, il tremble, il est livide même. J'espère qu'il ne va pas vomir sur mes Louboutin toutes neuves. Il manquerait plus que ça.

Encore un phobique de l'avion. Je devrais peut être essayer de le rassurer, Chloé ma meilleure amie, dit souvent que je ne suis pas mauvaise dans le rôle de psy, je pourrais essayer de le psychanalyser, ça m'amuserai.

- Vous savez, proportionnellement au nombre de km parcourus, vous avez plus de risque de mourir d'un accident de voiture en vous rendant à l'aéroport, que dans un crash aérien... et là en le disant, je me rends compte à quel point c'est la phrase bateau, le truc à ne surtout pas dire, surtout à un inconnu.

- C'est là première fois que vous allez en Islande ? Je lui demande, pour en savoir un peu plus.

Mais là encore, le type ne me répond pas, c'est sûr il est sourd.

- Vous tremblez, ça ne va pas ?

J'insiste au risque de paraitre lourde, mais peut être qu'il ne comprend pas le Français, c'est sûrement un islandais qui rentre chez lui.

- You understand French ?

- Fermez là. Me lance-t-il froidement.

J'ai un mouvement de recul, je suis interloquée, je ne m'attendais pas à une telle réponse, le ton employé est froid, que dis je, glacial.

- Excusez moi, si je peux me permettre, l'avion est presque vide, si vous n'aimez pas la compagnie, pourquoi être venue vous installez à côté de moi, vous pouvez encore changer de place, vous savez.

Monsieur ultrabrite n'est pas stressé, il est juste hyper désagréable et n'a de toute évidence, aucune envie de papoter. C'est bien ma veine, devoir supporter un voisin aussi détestable et voilà que j'ai une envie pressante, j'invoque le dieu du courage et me lève en lui présentant mon plus beau sourire.

- Je suis vraiment désolée de vous embêter, mais il faut absolument que je me rende aux toilettes.

Je lui passe devant, mon visage est à seulement quelques centimètres du sien, il passe sa main dans ses cheveux pour la énième fois. D'ici, il n'a vraiment pas l'air commode, mais je n'ai pas le choix, je ne tiendrais pas encore 3 heures avec une vessie prête à larguer les amarres.
Je refais surface 5 minutes plus tard et me rassois à mon siège en prenant soin de ne pas lui marcher sur les pieds.

- Ce café est dégueulasse et en plus il est froid. Mademoiselle, un autre café et chaud cette fois. Crache-t-il à la pauvre hôtesse.

- Mon jus d'orange aussi laisse à désirer, mais vous savez, moi qui est l'habitude de voyager, je peux vous dire, que cette compagnie est loin d'être la pire. Vous ne devriez pas vous adressez à elle de cette façon, elle ne fait que son job.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant