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Je n'ai plus aucun repère de temps, je suis là, dans les ténèbres, étalée comme une moins que rien, à même le sol dans le froid et le noir complet depuis plusieurs heures, peut-être plus.

Ce qui me rappelle avec fureur, ce qui est en train de m'arriver. J'ai des fourmis dans les pieds, et je ne sens plus le bout de mes doigts.

J'ai entendu des bruits de pas à plusieurs reprises, j'ai peur, que dire, je suis terrifiée.

Qu'est ce qu'on va me faire ? Pourquoi suis-je là ? Il doit forcement s'agir d'une erreur. Une grossière erreur.

Je m'imagine les pires atrocités, j'essaye de chasser ces images de ma tête, ces flashs d'horreurs qui me hantent à présent. Je suis sur le point de craquer nerveusement.

Allez Ju, bon sang, reprends toi, tu vas te sortir de là, tu es forte, tu es courageuse.

Il faut absolument que je reste consciente et lucide, si je veux avoir un espoir, aussi infime qu'il soit, de quitter cet endroit, saine et sauve.

Quelqu'un approche, je sens une présence derrière moi, j'aimerais pouvoir me défendre et m'échapper d'ici, mais j'ai les points et les pieds liés, je ne peux pas bouger, je suis retenue prisonnière.

- Aïe !

Mais punaise, mais que ce que je fais ici ?

Je suis éblouie par la lumière d'une lampe torche, j'ai du mal à y voir quelque chose, on vient de m'ôter le scotch que j'avais sur la bouche, j'ai l'impression d'avoir les lèvres en sang, ça pique, ça brûle, c'est douloureux, mais ce n'est surement rien à coté de ce qui m'attend. Je préfère ne pas y penser. Je perds l'équilibre et trébuche sur le sol.

Je respire à nouveau presque sans difficulté, j'ai du mal à me calmer, mon pouls s'accélère et mon cœur s'emballe. J'essaye de réfléchir, mais difficile de garder les idées claires en de telles circonstances.

Deux options me viennent tout à coup à l'esprit, soit j'hurle de toutes mes forces en criant à l'aide et en priant pour que quelqu'un m'entende, après tout, je n'ai sûrement plus rien à perdre ou soit j'essaye d'instaurer un dialogue entre moi et mon ravisseur.

J'opte sagement pour la deuxième option.

- S'il vous plait, qui que vous soyez, écoutez moi, ayez pitié, ne me tuez pas, mon père est très riche, il vous donnera tout ce que vous voulez, absolument tout. Pitié, je vous en supplie, tout sera réglé rapidement, je vous le promets. Aïe, mais qu'est ce que vous faites ? Me violenter ne servira à rien, je vous en conjure, arrêtez cela.

Je suis allongée sur le sol, l'homme me fait rouler violemment avec son pied comme une vulgaire chose, jusque dans un recoin de la pièce. J'ai le souffle coupé, comme si un bulldozer me passait sur le corps, et m'écrasait tel un mur de pierres.

Je crois avoir très mal mesuré la gravité de la situation. Et si j'avais à faire à un fou, un psychopathe, un tueur en série. Au mon dieu, je vais mourir ici, dans d'affreuses circonstances.

Ju, tu divagues, calme-toi, ressaisis toi, tu ne vas pas mourir.

Ma petite voix intérieure est là pour m'aider, mais cette fois, il ne s'agit pas d'Eliane ma belle mère ou de son fils Kévin qui me tyrannisent, non là, c'est du sérieux.

- Allumez la lumière, nous allons parler comme deux adultes responsables, vous voulez bien. Aïe, espèce de malade.

L'homme me soulève et me plaque contre le mur, avec une telle force, je me retrouve dans les airs, mes pieds ne touchent plus terre, il pose ses mains autour de mon cou et appui très fort, ça y est c'est la fin, c'est mon heure, je vais mourir. Hors de question que je me laisse faire sans broncher.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant