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Point de vue Justine.

Je n'y crois toujours pas, être là, au milieu de toutes ses figures emblématiques du monde journalistique, c'est un véritable honneur. Lorsque j'ai reçu mon carton d'invitation, j'ai d'abord pensé que c'était une erreur, mais j'ai très vite compris que c'était encore un coup de François qui avait juger bon de m'inscrire à mon insu. Ça fait chaud au cœur de constater qu'il croit en moi, depuis le premier jour de notre rencontre, ce jour où, j'ai frappé à sa porte dans le but d'obtenir un stage.

Comme chaque année, depuis des décennies, la Fondation Pulitzer organise le Prix Carène des journalistes. Tous les professionnels de la Presse Quotidienne Régionale départementale et nationale, de la Presse Hebdomadaire, de la Radio, sans oublier les Journalistes Reporters d'images et les reporters photographes sont invités à concourir.

Le prix est promu chaque année par le biais de ce concours qui est ouvert à travers la France, un jury d'intellectuels et d'experts des médias présélectionnent les candidats qui sont ensuite invités à la Cérémonie de Remise des Prix qui se tient en ce moment même au Palais des sports de Bordeaux. Je fais partis des rares chanceux, qui ont été sélectionnés, c'est complètement fou et incroyable, je n'arrive toujours pas à y croire. Les gagnants seront annoncés ce soir lors de cette prestigieuse cérémonie.

Les lauréats de chaque catégorie, recevront un prix en espèces et seront invités à voyager dans d'autres parties du monde en tant qu'ambassadeurs des médias dans le cadre du "Prix Journaliste Échange".

Je concoure dans la catégorie « Journaliste reporter d'investigations » pour le prix « Meilleur article Féminin ». Mon article à semble t-il, plu au jury, mais je ne me fais pas d'illusions, j'ai face à moi des grosses pointures du journalisme qui n'en sont pas à leur premier coup d'essai. Mais comme on dit, l'important c'est de participer. Je suis déjà tellement fière d'avoir été présélectionnée.

Tandis que petit à petit je réalise enfin où je suis, j'observe Valentin du coin de l'œil, il est très séduisant ce soir, vêtu d'un pantalon de costume gris anthracite et d'une chemise rose pâle, ses cheveux châtains sont parfaitement coiffés avec une pointe de gel, et son odeur.

Hum son odeur...

Dommage qu'on ne perçoive aucun sourire sur son visage, d'ailleurs je crois ne l'avoir jamais vu sourire, il est stoïque, assis sur une chaise, le regard fixe, il a l'air préoccupé, comme d'habitude, il est très certainement en train de regretter d'avoir accepter de m'accompagner. En vérité, j'ai encore été obligé de mentir pour pouvoir le revoir, j'ai prétextée qu'on passerai chez moi après la soirée, pour lui rendre la mallette. Je lui ai fais croire qu'il fallait à tout prix qu'il la récupère car je ne supportait plus de l'avoir chez moi. Sceptique, il a d'abord hésité puis a finalement accepté l'invitation.

Il y a quelque chose chez lui qui m'échappe vraiment, je ne comprends pas ce garçon, mais c'est plus fort que moi, je ne l'explique pas, je m'acharne à vouloir faire partie de sa vie, alors que lui, semble tout mettre en œuvre pour m'éloigner de la sienne, peut être que je devrais laisser tomber et tenter de l'oublier une bonne fois pour toute.

Depuis que nous sommes arrivés, il ne m'a pas adressé la parole, il est froid et distant, il est là, sans être là. Il à maintenant la tête baissée et l'expression de quelqu'un sur le point de partir en courant.

-Tu n'es pas obligé d'attendre la fin de la remise des prix, tu peux partir, on peut remettre ça à une prochaine fois, je rentrerai avec Alex. Je lui dis le regard accroché à ses pupilles magnifiques.

Alex que fait il d'ailleurs, il n'est toujours pas là, j'ai la boule au ventre, c'est le grand soir, il va enfin pouvoir faire la connaissance de Valentin, depuis le temps qu'il me parle de lui.

-Tu rigoles, on vient à peine d'arriver. S'exclame Valentin.

- C'est juste que je ne voudrais surtout pas que tu te sentes obligé de rester. On peut se donner rendez vous une autre fois, demain ou un soir de la semaine. La mallette peut attendre encore un peu.

- Écoute, j'ai accepté de t'accompagner non ? Alors maintenant que je suis là, j'y reste. Me coupe-t-il.

Trois semaines se sont écoulées depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, trois longues semaines sans s'adresser la parole, trois semaines aussi vides les unes que les autres, pendant lesquelles je n'ai pensé qu'à une seule chose, le revoir. Et maintenant qu'il est là, près de moi, nous n'avons absolument rien à nous dire. Son regard est fuyant, j'ai l'impression qu'il n'ose même plus poser ses yeux sur moi.

- Tient Alex, quand on parle du loup, viens par là, je te présente Valentin, Valentin je te présente Alex, mon frère.

Alex fronce les sourcils, arborant un air sérieux que je ne lui connais pas, détaillant Valentin de la tête aux pieds. Valentin quand a lui, reste de marbre, après une poignée de main des plus glaciale, il se dirige vers le bar sans piper mot.

- Alors c'est lui, pas très avenant ton ami. Me dit Alex, la voix tranchante.

Je ne prends même pas la peine de répondre, j'ai la désagréable impression que le ciel me tombe sur la tête, je ne m'attendais pas à ce que ces deux là se sautent dans les bras, mais tout de même, j'avais espéré un peu plus de chaleur entre eux. Je suis dans le flou total, les larmes m'empêchent de voir correctement et une bouffée de chaleur m'envahit. J'essaye de dissimuler mon mal être, mais je suis lasse et n'y parvient pas.

Les cris d'Alex me propulsent subitement dans la réalité :

- Félicitations petite sœur. S'écrie mon frère, arborant son plus beau sourire.

- Hein, quoi ?

J'ai peine à y croire, j'ai remporté le prix « Meilleur article Féminin » et trop préoccupée par autre chose, ça ne me fait ni chaud, ni froid. Je me dirige vers la scène timidement, je tremble de la tête aux pieds, je n'ai pas préparé de discours, j'étais loin d'imaginer remporter ce prix. Je remercie brièvement les gens de la profession, famille, ami et redescend de la scène brandissant le trophée pesant une demi tonne.

Alex me saute dans les bras et m'enveloppe chaleureusement.

- Je suis si fier de toi. Me dit-il, chaudement, en déposant un baiser sur mon front.

Alors que je cherche désespérément Valentin du regard, il est toujours accoudé au bar en train de boire je ne sais quel alcool fort et ne semble pas se soucier de moi. Je m'avance vers lui, le trophée à la main, mais il n'a aucune réaction, son regard est impénétrable, sa mâchoire contractée.

- Tu peux me donner tes clés de voitures, je vais me débarrasser de ce truc.

Valentin, sort les clés de la poche arrière de son pantalon et me les tend, je ferme les yeux une fraction de seconde. Quelle dure sensation que de se sentir à ce point rejetée, transparente, inexistante. Je me sens tellement conne, comment ai-je pu croire que j'etais importante à ses yeux ?

Je sors à l'extérieure de la salle, et respire à pleins poumons, j'ai besoin de prendre l'air, le trophée n'était qu'un prétexte, en réalité, si je restai une minute de plus dans cette ambiance pesante, je risquai de finir par m'étouffer avec mes sanglots.





Point de vue Valentin.

C'est bien les gonzesses, toujours en train de se faire attendre, mais qu'est ce qu'elle fiche bon sang ? Je bois le fond de mon verre de vodka et me dirige vers l'extérieure de la salle.

Je ne sais pas ce qui m'a pris d'avoir accepter de l'accompagner à cette soirée aussi emmerdante que déprimante, mais après trois semaines sans nouvelles d'elle, j'ai vu là, une occasion de la revoir et surtout je vais pouvoir récupérer la mallette, après réflexion, il est préférable que se soit moi qui l'ait, plutôt qu'elle. Je m'étais pourtant juré de ne plus l'approcher, mais à chaque fois que je suis loin d'elle, je ressens cette putain d'angoisse, cette peur qui me tétanise.

Je suis maintenant sur le parking mais je ne l'a vois pas, j'avance vers ma bagnole, malgré l'obscurité, plus je m'approche et plus je distingue ses cheveux bruns étendus sur le sol, merde putain, Justine ! Il y a du sang partout, je comprends avec effroi et désarroi se qu'il vient de se passer. Je me jette à terre et la prend dans mes bras. Elle respire, elle est vivante.

- Justine, c'est moi, c'est Valentin.

Elle est inconsciente, mais bien vivante, je sors mon téléphone portable de ma poche et compose le 18, les mains tremblantes.

Elle est immobile, elle ne bouge pas, je stress comme un malade, je sens que je vais littéralement exploser.

Son abruti de frère nous à rejoint, il à l'air encore plus paumé que moi. Il me détaille de la tête aux pieds, avant de baragouiner dans mes oreilles :

- Mon dieu Justine, mais qu'est ce que vous lui avez fait bordel ?

Mais merde, il est sérieux là ? Il croit vraiment que je suis capable d'une chose pareille ?

Alex se jette à terre et s'empresse de prendre sa sœur dans ses bras, très vite les pompiers sont là, ils installent Justine sur un brancard, une seule personne est autorisée à monter à bord du camion, ce n'est vraiment pas le moment de faire un esclandre, je cède donc ma place à son abruti de frangin.

Je prends toutes les précautions pour ramasser le trophée qui est rempli de sang, de toute évidence c'est ce qu'a utilisé le salopard pour s'en prendre à Justine, je monte dans ma caisse et suis le camion jusqu'à l'hôpital où là, on ne cherche pas à m'épargner, rapidement, on m'indique que Justine est parti en soins intensifs, le coup qu'elle a reçu à la tête à été d'une extrême violence.

Alex me rejoint, il est complètement sous le choc, mais semble ne plus croire que c'est moi l'auteur de cet abominable agression, il m'explique confus, qu'il a mangé au resto quelques jours auparavant avec Justine et que 3 types, le genre armoire à glace s'en sont pris à elle.

- Comment ça ? Ils s'en sont pris à Justine ?

- Ils lui ont fait des menaces, elle m'a tout raconté, son infiltration dans cette boite de nuit, les filles, la prostitution, il faut prévenir la police.

Je trépigne, fait les cents pas dans le hall froid de l'hôpital, mon cerveau semble soudain incapable de traiter la moindre information, quand soudain tout me saute au visage avec une clarté glaçante. Je vais aller, dans ce putain de club, et je vais tout défoncer !

Alex semble complètement désemparé, quant à moi j'essaye de garder mon calme, ma mâchoire se contracte, mon pouls s'accélère, plus je le regarde et plus j'ai la furieuse envie de lui en mettre une. Bordel, il était au courant qu'elle était en danger et cet abruti n'a rien fait.

- Au lieu de rester là, comme ça, à rien faire, activez vous un peu.

Je me fige, bouche bée, ce mec vient de quasiment m'insulter. En plus d'être à proximité de moi, il me manque de respect. Clairement, il ne tient ni à son apparence, ni à sa vie.

Alors que je suis en train de réfléchir à la meilleure façon de lui exploser la tronche, une infirmière se poste soudainement devant moi.

- Vous êtes de la famille ?

- Euh...

- Oui, moi, je suis son frère. Me nargue t-il, en passant devant moi.

- Suivez moi, monsieur.

Me voilà seul comme un con, je fini par poser mon cul sur un banc, l'envie de m'en prendre à Alex, pour me défouler, est très tentante, mais je sais très bien que Justine ne me le pardonnerai pas, ce type semble compter plus que quiconque pour elle, ce qui à le dont de provoquer en moi une espèce de rage inexpliquée. Je l'ai laissé pendant trois putain de semaines, je l'ai ignoré, sans prendre de nouvelles, sans chercher à savoir comment elle allait. J'aurais du être là pour la protéger.

Je tourne brusquement la tête vers l'autre abruti qui est de retour et le questionne.

- Comment elle va ? Tu as des nouvelles ?

- Bien entendu que j'ai des nouvelles.

- Parle alors.

- Elle est consciente, son état est stable, elle a une grosse plaie à la tête, le chirurgien est en train de la recoudre.

- Quand est ce qu'on pourra la voir ?

- Pas pour le moment, ça semble évident.

Alex s'adresse à moi avec un naturel et une telle arrogance, qui montre clairement qu'il ne sait pas à qui, il à affaire, il ferait bien de changer de ton.

- Merci. Je grogne entre mes dents, les poings serrés, tout en fermant un instant les yeux pour me canaliser.

Je décide de ne pas rentrer chez moi, je veux être là, à son réveil. L'odeur de cet hôpital de malheur me file la gerbe, j'essaye de respirer normalement arrivant peu à peu à me calmer. L'autre abruti d'Alex a tenu à tous prix à aller voir les flics, je lui ai remis le trophée taché de sang, seule pièce à conviction, inutile qu'on soit deux.

La nuit sur le banc a été affreusement longue, je n'ai pas réussi à fermer l'œil. Je ressens le besoin incessant de voir Justine, il faut que je la voie, il faut que je sache comment elle va.

J'interpelle une infirmière, qui après s'être renseignée, me dit que Justine est réveillée, qu'elle est encore sonnée, mais qu'elle est apte à recevoir de la visite. Son frère n'est pas encore arrivé, j'en profite donc pour aller la voir.

Je me glisse dans la chambre en silence, elle est là, étendue sur son lit, affichant une telle fragilité. Elle a un énorme bandage autour de la tête, les yeux rouges et le teint blafard. Une boite de cannelés est posées sur ses genoux.

- Où est Alex ? Me demande-t-elle, la bouche pleine.

Je soupire, tendu, tout ce qui l'importe c'est de savoir où est son frère, elle se fiche éperdument de moi, ça crève les yeux.

- Il est parti chez les flics hier soir, il a du rentrer chez lui ensuite, je suis resté là toute la nuit.

-Toute la nuit, oh, tu n'aurais pas du.

- Raconte moi : qui est ce qui t'a fais ça ? C'est eux hein ?

- Je n'ai pas eu le temps de voir quoi que ce soit, je ne me souviens de rien.




Point de vue Justine.

Quelle surprise de trouver Valentin ici, si je m'attendais à ça, après son petit manège d'hier soir, c'est bien la dernière personne que je pensais voir ce matin. Je me demande bien que fait Alex, j'espère qu'il n'a pas passé la nuit au poste à subir un interrogatoire musclé.

Valentin a l'air à cran, il est tout décoiffé, il à des cernes très prononcées, sûrement dû au manque de sommeil, les yeux rouges, mais malgré cela, je dois bien avoué qu'il est d'une beauté stupéfiante. Je détourne le regard pour ne pas le mettre plus mal à l'aise, il l'est déjà suffisamment comme ça.

- Ça va ?

- C'est plutôt à toi qu'il faut demander ça ? Comment te sens tu ?

- On fait aller, j'ai l'impression que mon corps tout entier est passé sous un rouleau compresseur, et j'ai paraît il, une magnifique balafre de 15 cm sur le crâne, mais je pense n'avoir rien perdue de mes facultés mentales c'est l'essentiel.

Je ressens chez lui de l'agacement, il est contrarié, quelque chose ne va pas.

-Tu es sûr que ça va ? Demandé-je, avec insistance.

Il me détaille une fois encore des pieds à la tête, avant de hausser les épaules :

- A ce qui paraît les russes de la boîte de strip-tease t'ont fait des menaces, pourquoi ton frère était au courant et pas moi ?

Alors c'est donc ça, monsieur me fait sa petite crise de jalousie, il est sérieux là ? Il tape nerveusement sur le rebord du lit, apparemment irrité.

Pour toute réponse, je plonge mon regard de l'autre coté de la fenêtre.

- Alors réponds, tu croyais vraiment que ton abruti de frangin, allait te protéger ?

- Pardon ? C'est mon frère que tu traites d'abruti, pour qui te prends tu ? Sors de cette chambre, va t'en s'il te plaît.

Alors que je prends rapidement conscience que nous nous comportons comme deux ados quelqu'un frappe à la porte et met un terme à tout ça.

Alex à l'air exténué, il n'a vraisemblablement pas dormi de la nuit. Il se jette dans mes bras et me dépose un baiser sur la joue.

-Tout est terminé petite sœur. Lâche-t-il, comme soulagé d'un poids immense.

Il prend place à côté de moi sur le lit, Valentin qui était sur le point de partir, semble avoir envie d'écouter la suite, il se ravise et s'assoit sur une chaise.

- Les flics ont fait une descente dans le club, Grichka et ses hommes de mains ont été interpellés et mis hors d'état de nuire, ils ont retrouvés les empreintes du boss sur le trophée.Pas très futé. La brigade de répression du proxénétisme (BRP) de la PJ de bordeaux était sur leurs traces depuis des mois, ton article à accélérer le processus d'arrestation, grâce à toi, c'est tout un réseau de prostitution qui vient d'être démantelé. Huit personnes ont été mises en examens. Tu es une héroïne, petite sœur.

Je me retiens de ne pas laisser échapper quelques larmes, tentant de savourer cette petite victoire malgré l'ambiance pesante de la chambre.

- J'ai mis Papa au courant, il va arriver d'une minute à l'autre, quant à maman elle saute dans le premier avion.

- Oh, mais, je vais bien.

Maman ? Dans le premier avion. Ça pour une nouvelle, elle n'a pas remis les pieds en France depuis une vingtaine d'année, c'est dire si je dois compter à ses yeux pour qu'elle fasse le déplacement, l'angoisse que je ressens depuis ce matin s'intensifie avec cette nouvelle plutôt inattendue.

Valentin vient de partir, il ne m'a pas dit au revoir, même pas un geste ou un regard. La peur panique de ne plus jamais le revoir remonte à nouveau à la surface, dès qu'il s'éloigne de moi, je me sens désemparée, cette impression s'accentue, maintenant qu'il est hors de ma vue. Une sensation de vide m'envahit et le fait de me retrouver sans lui me trouble fortement. Il faut que je reprenne mes esprits. Je ne comprends absolument pas cette envie d'en vouloir plus, il n'est rien qu'un garçon perturbé avec qui il est impossible d'établir une quelconque relation.

- Ah, il est enfin parti, ce mec est un psychopathe, ou un drogué je sais pas trop.

- Alex, pitié, pas maintenant.

-Tu m'avais prévenu, mais j'étais loin d'imaginer un tel degré d'arrogance. Je ne sais vraiment pas ce que tu lui trouves.

- Je t'en pris, tu ne le connais pas suffisamment pour le juger de la sorte.

- Crois mois, j'en ai assez vu, fais moi confiance, reste loin de lui.

- Je suis majeure, tout va bien. Je lui lance avec dédains.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai aucune envie de parler de Valentin avec lui. Je préfère changer de sujet.

Le médecin fait son entrée dans la chambre pile au bon moment, il m'annonce que je vais devoir rester encore quelques jours à l'hôpital, ce qui à le don de me mettre hors de moi, je veux rentrer chez moi immédiatement, j'ai horreur des hôpitaux, il n'y a aucun endroit plus glauque qu'ici à par la morgue.

Je fais mon caprice d'enfant gâtée, comme moi seule c'est le faire, mais le médecin est catégorique, je dois rester sous surveillance. GRRRR. Je le maudis intérieurement.

Cette première journée d'hospitalisation a été éreintante, je suis épuisée, physiquement et moralement, j'ai eu de la visite, trop de visite à mon goût. Et j'ai du faire face aux sarcasmes de mon père, qui une fois de plus à juger bon, malgré mon état, de me rabâcher que ma place était au sein du vignoble avec le reste de la famille et m'a fait un énième topo sur le métier de journaliste, qui selon lui n'est pas un vrai métier. Je me serai volontiers passé de cette visite.

Trois jours se sont écoulés depuis l'agression, je suis sur le point de quitter ma chambre d'hôpital, mon sac est prêt, posé devant la porte. Il faut encore que je signe quelques papiers et je pourrai quitter définitivement cet endroit. Je repars avec un arrêt de travaille de quinze jours et une cicatrice plutôt impressionnante. Je ressens encore quelques signes de fatigue, j'ai les jambes qui flageoles et une désagréable sensation de vertiges qui ne me quitte pas.

Alors que le taxi est en train de me déposer devant le château, mon téléphone vibre dans ma poche. J'active le haut parleur et prend l'appel.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant