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Point de vue Justine.

Avec des "si" on dit qu'on pourrait mettre Paris en bouteille. Et si maman n'avait jamais rencontré Pierre Garnier, si ils n'étaient pas tombés fous amoureux l'un de l'autre, si papa n'avait pas assassiné les parents de Valentin, si il n'avait pas poussé Raphaël dans le pressoir ...Alors Valentin ne m'aurait pas kidnappé et jamais nos chemins ne se seraient croisés.

Ce proverbe est souvent utilisé pour faire remarquer qu'il est absurde de faire des hypothèses pour au final parvenir à une conclusion qui nous arrange.

Ce n'est pas faux ...

Toujours est-il que Valentin m'obsède, m'intrigue, me fascine, je n'ai pas de mots assez fort pour caractériser ce que je ressens pour lui, et à côté de cette énergie bouleversante qui m'emporte dans son sillage..... J'ai terriblement peur.

Cette passion pour lui, me séduit, m'inspire, mais j'ai parfois le sentiment que c'est comme une maladie de l'âme et je redoute de plus en plus ses ravages.

Assise sur un des bancs de l'autel, je regarde de l'intérieur, la cathédrale Saint André, se remplir peu à peu, tandis que dehors, la nature se déchaîne, il pleut des cordes, le tonnerre gronde et le ciel est tout noir, je pourrais y voir un signe, mais je préfère rester cartésienne.

Enterrement pluvieux, enterrements heureux non ? Ah bon ? Ce n'est pas comme pour les mariages ?

J'observe les gens autour de nous, la plupart que je ne connais pas, on dirait que certain sont juste là pour s'abriter, des badauds venus par simple curiosité.

Nous sommes arrivés les premiers avec Alex, pour réceptionner les fleurs et gérer tout ce qu'il y a à gérer le jour d'un enterrement. Pour l'instant pas de trace d'Eliane, quant à Kevin avec ce qu'il m'a fait, il faudrait un sacré culot pour venir ici.

Ils sont finalement partis hier soir, et lorsque j'ai vu le camion de déménagement débouler dans la cour, j'avoue que je n'y croyais pas. Je pensais que ce serait plus compliqué que ça.

J'aperçois mon reflet dans une vitre et j'ai l'impression d'être une sorcière, je me suis habillée tout en noir, couleur du deuil et code vestimentaire des funérailles, en fait, c'est surtout par respect vis à vis d'Alex et pour ne pas me prendre de réflexion que j'ai privilégié cette tenue.

Robe longue noire, boucles d'oreilles noires, bottes noires, collant noir et petite touche originale que personne d'autre n'aura, œil au beurre noir.

J'ai tenté de le masquer comme j'ai pu, mais rien à faire, j'ai un énorme hématome. Malgré le mauvais temps, les lunettes de soleil semblent être là meilleure option.

Alex est également vêtu de noir, il a choisi un costume Boss, neuf, spécialement acheté pour l'occasion. Il est à cran ce matin, il n'a pas dormi de la nuit, il a fait des cauchemars et s'est réveillé plusieurs fois en pleurs. Je suis restée éveillée près de lui à surveiller la moindre de ses respirations.

- Ju ! S'exclame mon frère. Oncle Albert et tante Eléonore viennent d'arriver, ils se sont garés dans une rue adjacente et ne trouvent pas la cathédrale. Tu veux bien aller les accueillir, je dois encore régler un point avec le prêtre.

Je râle intérieurement, pas trouver un édifice comme celui ci... va falloir songer à consulter.

- T'inquiète pas, j'y vais. Je lui réponds avec un sourire.

Je fais bonne figure et attrape mon parapluie. Mais lorsque que je m'apprête à sortir, coup de chance (où pas), je tombe nez à nez avec eux.

- Ah ben, vous avez fini par ouvrir les yeux. Je m'exclame en voyant la tête de ma tante.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant