Seule, face à lui

7.

Point de vue Justine.

Rien ne s'est passé comme prévu et cela est le moins que l'on puisse dire. Mes derniers échanges avec Valentin n'ont abouti à rien, il est resté de marbre, considérant définitivement qu'il ne voulait plus me mêler de près ou de loin à ses histoires, et qu'il ne voulait plus jamais entendre parler de moi.

Il en est même devenu détestable. Je me suis vraiment contenue durant ces échanges virulents et maintenant que je repense aux événements de ces dix derniers jours, mes nerfs sont à deux doigts de lâcher.

Alors que j'arrive enfin devant le portail, un endroit qui m'est très familier, je me mets à songer à la manière dont je vais aborder mon retour. Je vais sûrement avoir le droit à un interrogatoire musclé et je ne suis absolument pas d'humeur à devoir répondre de mes actes, qui soit dit en passant, ne sont pas ma volonté.

Je n'ai envie que d'une chose, fuir à toutes enjambées, le plus loin d'ici. Je ne me sens pas prête à affronter Théo et encore moins Alex. Plus rien ne sera jamais comme avant. Il y a encore dix jours je menais une vie paisible, j'avais un boulot des plus plaisant, j'allais me marier, mes yeux étaient animés par une étincelle de bonheur.

Mais aujourd'hui, quand est-il ? J'ai l'impression que rien de tout ça n'a vraiment existé, que c'était le fruit de mon imagination. Est ce le contre coup, ou mes nerfs qui viennent officiellement de me lâcher. Je reste immobile devant le portail à fixer le ciel, paralysée par une sorte d'angoisse grandissante. J'ai un manque évident de courage.

Ce n'est pas que j'ai été absente très longtemps, mais il s'est passé tellement de chose en si peu de temps. Je me sens complètement chamboulée, j'ai encore du mal à comprendre tout ce qu'il m'est arrivé.

Je relativise, mon ravisseur n'était finalement ni un assassin, ni un psychopathe et je dois dire que j'ai même une certaine sympathie envers lui. C'est peut être bien ça le problème. Je ne sais pour quelles raisons étranges, j'ai envie de lui apporter mon aide, une aide dont il ne veut manifestement pas.

J'essaye de revenir à la réalité et penser un peu plus à l'instant présent, je m'avance d'un pas hasardeux vers la porte d'entrée, mes grosses valises à la main.

Par où, vais-je commencer ? Je regarde ma montre, il est dix heures du matin, à cette heure ci, Théo doit être au travail, cela me laisse une longueur d'avance, et ça va me permettre de préparer ses affaires et de faire un gros tri.

Et zut alors, c'est vrai qu'on est dimanche, les choses se corsent. J'ai un mauvais pressentiment.

Et si Estelle était là ? Nul ne sait comment je suis capable de réagir, si je la vois prélassée dans mon lit. Il faut que je fasse preuve d'intelligence et surtout éviter d'en venir aux mains.

Il faut coûte que coûte que je reste maitre de la situation et que je parvienne à garder mon calme, mais ça, c'est plus facile à dire qu'à faire.

Je rentre dans mon appartement sans frapper en essayant de paraître la moins perturbée possible et devinez sur qui je tombe ? Mon cher Théo, nez à nez avec lui.

Oh la vache, la tête qu'il fait, on dirait qu'il a vu Michael Jackson danser le moonwalk en tutu.

Je fais un rapide tour de l'appartement et à mon grand soulagement, constate qu'il est seul. Sa pintade n'est pas là.

- Bébé, c'est toi ... Mais qu'est ce que tu fais ici ? Balbutie-t-il, plus étonné que jamais.

- Ah ça t'en bouche un coin, n'est ce pas ?