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Point de vue Justine.



Après avoir saisi mon matricule, j'accède enfin à la base de données tant convoitée. Une sorte de wikipédia expérimental. Seule une poignée de journalistes ont ce privilège.

Je dois une fière chandelle à mon patron, François, qui a fait jouer ses relations, pour m'obtenir un droit d'accès temporaires.

Il faut dire que ces derniers temps, je n'ai pas arrêté de le harceler avec ça, si bien, qu'il a fini par craquer. Ma force de persuasion a eut raison de lui.

Je suis excitée à l'idée de peut être trouvé des informations capitales et faire enfin la lumière sur cette affaire dont je n'arrive pas à me détacher. Il ne me reste plus qu'à saisir le mot clé : « vendanges » dans la barre de recherche et le tour est joué. Enfin pas tout à fait, ça semble plus compliqué que prévu, je reste perplexe en voyant le résultat s'afficher, pas moins de 700 pages qui traite ce sujet.

On ne peut pas dire que je sois une experte en informatique, c'est même le moins que l'on puisse dire, mais je sais au moins utiliser les filtres, c'est déjà ça.

Voyons si je rajoute "septembre" eh bien voilà qui est nettement mieux : 22 pages seulement.

Je suis complètement absorbée par les images que j'ai sous les yeux, comme happée par mon écran d'ordinateur, telle une no-life en quête de sensations forte.

Lorsque je relève enfin le nez, je constate qu'il fait déjà nuit noire dehors et que la pendule affiche vingt deux heures trente. J'ai encore perdue toute notion du temps. J'ai les yeux qui me piquent et mon estomac fait des gloups, signe de famine imminente.

Nous sommes seulement sept journalistes à travailler ici, et je peux affirmer que je suis sans aucun doute, la plus acharnée de tous. Lorsque j'ai une idée en tête, plus rien autour ne compte à par ça.

Un journaliste lambda, c'est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou de mettre en forme un reportage et puis il y a moi, une espèce d'électron libre, têtue, qui ne baisse pas les bras devant une difficulté ou un obstacle, qui refuse d'abandonner et veux coûte que coûte poursuivre son but.

A l'école de journalisme, on m'appréciait pour ma curiosité. C'est une qualité essentielle pour réussir ce métier, mais bien sûr, il n'y a pas que ça.

Il faut être passionné. Il faut être prêt à mal gagner sa vie. Il ne faut pas chercher les honneurs, la gloire, le pouvoir ou l'argent, ce n'est pas le bon métier pour ça.

C'est un métier où il faut avant tout travailler beaucoup. Il n'y a pas d'heure. C'est jour et nuit, week-end compris.

D'ailleurs c'est encore moi qui vais fermer la boutique ce soir. Ces temps-ci, je quitte mon bureau de plus en plus tard, c'est la seule parade que j'ai trouvée pour fuir mes responsabilités, fuir Alex, fuir mon père, fuir ma vie, tout simplement.

Je ne me sens pas spécialement prête à rentrer dans des débats sans queues ni têtes, écouter les excuses bidon des uns et les remontrances des autres.

Et puis de toute façon, personne ne m'attend et je ne suis pas spécialement pressée de rentrer dans mon grand appartement dénué de toute âme.

J'ai lu et relu la totalité des articles une bonne centaine de fois avec la plus grande attention, mais ils sont à peu de choses près, tous semblables.

Ils disent exactement pareil, tournés de manière différente.

Je m'obstine à vouloir trouver une information ou un détail important qui n'aurait pas été mentionné, mais je n'apprends rien de plus.

Quelque chose m'échappe forcement, mais quoi ?

Je refuse de croire qu'il ne s'agit que d'un simple accident comme le prétendent les journaux. Valentin, d'une, n'aurait jamais orchestré un enlèvement, ce serai complètement absurde et de deux, il n'aurait pas eu ce comportement si étrange lorsque que je me suis rendu chez lui.

Je me souviens encore parfaitement de son regard, une sorte d'expression indéchiffrable d'une telle intensité. Il a subitement perdu la tête, il était furieux, prêt à me sauter à la gorge, comme ci j'avais dit quelque chose d'affreux.

Et si mon intuition et mes conclusions, n'étaient pas bonnes, si je faisais fausse route depuis le début.

Il va falloir que je mène mon enquête, mais par où commencer ?

Une éclaire de génie traverse mon esprit, Alex, mais oui bien sûr, il était là lui, lorsque le drame a eu lieu.

Il doit forcément se souvenir de quelque chose. Ouais, sauf qu'Alex et moi, en ce moment, ce n'est pas le grand amour. On ne s'est pas décroché un mot depuis le lendemain de mon anniversaire. D'ailleurs ça me fait pensé qu'avec toute cette pagaille, il ne m'a même pas donné mon cadeau, c'est bien la première fois que ça nous arrive. Il est toujours persuadé que j'ai voulu tout plaquer pour mon petit copain imaginaire et il m'en veut beaucoup. Il faut dire que je n'ai pas été très cool avec lui sur ce coup là.

Il se fait tard, je me résigne enfin à rentrer, je reprendrai les recherches à la première heure.

De retour à la maison, je commence d'abord par grignoter un morceau, rien de sensationnel. Puis je m'affale sur mon canapé et m'occupe de mon courrier qui végète sur la table basse depuis bien trop longtemps. Je fais une pile de ce qui va partir directement à la poubelle, essentiellement des trucs adressés à Théo. Une seule lettre m'est destinée. Je commence à paniquer légèrement avant même de décacheter l'enveloppe. En voyant l'en-tête je crois deviner de quoi il s'agit. Une convocation à la gendarmerie . Alors comme ça, finalement Théo a tenu parole, il à bien porter plainte contre Valentin. C'était prévisible, le pauvre, était dans un sale état. J'en connais un qui doit être furax.




Il est 10 heures moins dix lorsque je me gare sur le parking qui jouxte la gendarmerie. Un rendez vous dont je me serais bien passée, d'autant que j'ai été obligée de demander ma matinée à mon patron et pour une fois j'ai joué franc jeu avec lui. Je me devais de lui dire la vérité, après tout ce qu'il a fait pour moi.

J'arrive sous le Porche qui abrite la gendarmerie.

Je rentre à l'intérieur, m'annonce a l'officier qui me demande de patienter, je m'assois sur un siège dans le hall d'accueil. J'observe cet endroit si singulier. C'est la première fois que je mets les pieds dans une gendarmerie. J'ai pris sur moi pour faire un véritable effort vestimentaire, car de ce côté-là, il y a du laisser aller en ce moment. Je veux faire bonne impression et mettre toutes les chances de mon côté, car je sais que mon témoignage peut influer en faveur de Valentin. Une jupe noire courte avec un chemisier lavallière et une paire d'escarpins vernis.

L'adjudant chef, finit par s'approcher de moi après avoir prononcé des propos autoritaires et légèrement incohérents à l'officier, il s'adresse à moi et me fait signe de le suivre.

Je tremble de la tête aux pieds, comme ci j'avais quelque chose à me reprocher. Nous nous asseyons sans perdre une minute. L'endroit est froid et austère. J'espère que ça va aller vite.

- Bonjour, déclinez votre identité.

- Bonjour, je m'appelle Justine De Latour.

- Je sais qui vous êtes. Dit l'homme, accompagné d'un grognement.

- Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes ici ? Rajoute-t-il, avec sarcasme.

- J'ai ma petite idée. Je balbutie, la voix tremblante.

- Vous êtes ici pour complicité d'agression sur la personne de Théodore Gontier-Duval, vous confirmée ?

Alors là mon coco t'a plutôt intérêt à vérifier tes infos.

Un blanc s'installe entre nous, alors que je le fixe, refusant de comprendre ce qu'il vient de me dire.

- Votre conjoint : Valentin GARNIER principale responsable dans cette affaire encours jusqu'à 3 mois de prison, quand à vous, Mademoiselle, vous pouvez vous en tirez avec du sursis.

- Valentin n'est pas...., enfin Mr Garnier je veux dire, n'est pas mon conjoint ! M'exclame-je, agacée.

- Appelez ça comme vous voudrez, conjoint, petit ami, amant mais inutile de mentir, nous avons recueillis deux témoignages qui le confirment. Celui de Mr Gontier-Duval qui affirme, que vous êtes même parti en compagnie de Mr Garnier en vacances en Islande le mois dernier, cela a été vérifié, et celui de votre frère également présent, je cite :

« Ce soir là, ma sœur m'a demandé de rester en compagnie de Théodore, il avait du sang partout, je lui ai demandé, si c'était elle qui lui avait fais ça. Théodore m'a répondu, non c'est son petit copain ».

C'est le monde à l'envers, je n'en crois pas mes oreilles. Ce type en face de moi est le mal incarné, une sorte de démon qui cherche à m'effrayer sans raison.

- Laissez-moi-vous expliquer :

Théo était complètement ivre, il m'a insulté, Mr Garnier qui est un ami, a simplement voulu prendre ma défense. Je vous assure que ni lui, ni moi ne souhaitions en arriver là.

- Mr Gontier-Duval, je cite :

« J'étais à même le sol, Mlle De Latour, m'a asséné plusieurs coups de pieds dans le ventre, ainsi qu'à la tête ».

- C'est faux ! m'écriai-je en tapant sur le bureau. Difficile de garder son calme face à de telles inepties. Théo est très affecté par notre ressente séparation et il serait prêt à n'importe quoi pour me le faire payer, je vous jure que tout cela est archi faux.

Je me sens clairement défaillir devant ces allégations complètements sordides. Je dois être à l'heure qu'il est rouge pivoine. Je me contente de rester assise à maîtriser ma respiration et mes pensées qui s'agitent comme jamais. La pièce me paraît subitement très étroite et clairement je manque d'air. Les murs semblent se rapprocher inexorablement de moi, ils vont finir par m'écraser c'est certain.

- Ça va Mlle De Latour ?

Ouais je pète la forme espèce d'abruti.

J'ai les bras croisés sous ma poitrine, je le toise en silence d'un air méprisant.

- Vous vous inquiétez pour moi ? Répété-je, tout en le fixant. Le mieux, ça serait d'arrêter tout de suite cette entrevue. Je suis consternée de voir que vous vous appuyez sur du vent, pour tirez des conclusions. Je trouve cela complètement aberrant.

Peut être bien que je viens d'hausser la voix, mais je commence très sérieusement à en avoir marre de ces conneries. Je me racle la gorge, me lève et quitte la pièce, j'en ai assez entendu.

Lorsque j'ouvre les yeux, je ne suis plus dans le bureau de mon tyran, mais au volant de ma voiture en train de repenser à cet interrogatoire sordide. J'ai des comptes à régler. J'ai encore quelques heures devant moi avant de reprendre le boulot, j'envoie un SMS à Alex, bref mais explicite.

« RDV à 12h00 : Come Prima »

Je suis installée à la table d'un petit restaurant italien, le préféré d'Alex, les pizzas sont les meilleures de toute la ville. Je suis en avance, pour une fois, je regarde à travers la vitre si j'aperçois mon frère qui est toujours très ponctuel. Je suis très nerveuse. Je sirote un verre, puis deux, en l'attendant. Quand soudain je relève la tête et le vois se diriger vers moi. Je le salue, mon ton est un peu brusque, mais qui reflète les émotions contradictoires que je ressens en ce moment. Je suis évidemment très gênée de l'avoir laissé croire cette histoire débile de voyage en Islande, mais vivement agacée par la tournure des évènements. Aucun crime n'a été commis et le fait de devoir me justifier de mes actes en permanence, me met hors de moi.

- Je sors de chez les flics, Alex, qu'est ce qu'il ta pris de témoigner contre moi, tu as perdu la tête ?

- Hep, hep, hep, je t'arrête, j'ai été convoqué à cause de tes frasques et je n'ai fait que relater ce qu'il s'est réellement passé, enfin il manquait certes un peu de précisions, vu que tu n'as rien voulu me dire. Dois-je te rappeler que tu m'as quasiment obligé à rester avec ton ex, laissé pour mort et dois-je aussi te rappeler, qui l'a mis dans cet état ? Depuis que tu as rencontré ce type, on sait même pas d'où il sort, tu n'es plus la même, tu t'es barré en Islande sans donner signe de vie, tu t'es disputé avec papa, tu te mets tout le monde à dos, qu'est ce qu'il t'arrive Justine ?

Il dit tout cela d'une voix étrangement calme, ce qui tranche avec l'expression de son visage, révélatrice de son incompréhension.

Je me sens toujours aussi nerveuse et angoissée, je n'aime pas la tournure de cette discussion et lorsque je regarde avec insistance l'expression d'Alex qui semble désormais avoir reçu une claque en plein visage, je me dis que c'est loin d'être terminé.

- Tu comptes me le présenter quand ? C'est sérieux entre vous, c'est quoi son nom ?

- Alex, je suis accusé de complicité d'agression. Lâche-moi, un peu avec lui.

- Pourquoi est ce que tu t'obstines à défendre ce type, ça crève les yeux, tu essayes de le protéger.

- Laisse tomber, je me débrouillerai toute seule.

- Tu n'as pas répondu à mes questions et puis, je peux savoir ce qu'il fait dans la vie ?

- Il... ne travaille pas. Dis-je, sans réfléchir.

Merde pourquoi j'ai dis ça ?

Je sens clairement en voyant sa tête, que ce n'est pas vraiment le genre de réponse à laquelle il s'attendait. Alors que je m'enlise dans mes mensonges, je décide précipitamment de quitter le restaurant. Ce n'est vraiment pas le moment d'en rajouter une couche avec mon adoption, le problème c'est que ce n'est jamais le moment. Et ce n'est encore moins le moment de lui poser des questions au sujet de l'accident de Raphaël. Une fois n'est pas coutume, je me défile.

En réalité, je suis dans l'incapacité de lui dire toute la vérité, de toute façon et aussi étrange que cela puisse paraitre, j'aime l'idée que ce qui c'est passé chez Valentin ne soit exposé à personne, c'est notre petit secret et ça doit le rester. De plus, même avec la meilleure volonté du monde, je suis dans l'incapacité de mettre des mots sur cette étrange relation.

- Alex, je suis désolée, je dois partir, un SMS de mon patron, une urgence au boulot. J'entends l'écho de la voix d'Alex qui peste au loin derrière moi, mais je ne me retourne pas.

Cet après-midi au bureau semble durer une éternité. Je n'arrive pas à me concentrer sur ces fichus mails que je dois traiter au plus vite. François voyant sûrement mon manque d'entrain, me redonne le sourire et la motivation en me félicitant pour l'excellent travail que j'accomplis chaque jour.

Et pour récompenser tous les efforts que je fournis, il a décidé de me mettre sur une nouvelle affaire, qui selon lui, devrai fortement m'intéresser.

Mon job, en ce moment, passe clairement au second plan, toutes mes pensées sont toujours obnubilées par Valentin et cet affreux accident qui est arrivé à son frère, et cela à le don de me contrarier.

- Justine, viens par ici que je t'explique en quoi va consister ta nouvelle mission.

- Je vous écoute, patron.

- J'ai immédiatement pensé à toi, car tu as le profil idéal, en toute objectivité, tu es jeune, très jolie et tu es perspicace.

Je me sens rougir à l'écoute de ces compliments à mon égard, mais où veut-il en venir exactement ? Je continue de l'écouter avec la plus grande attention.

- Il y a selon mes sources, un club dans la banlieue nord de la ville « L'horizon », ils utilisent des filles, mineures pour la plupart, elles ne sont pas déclarées. Ils les recrutent comme danseuses stripteaseuses, et finissent comme prostituées, contre leur gré, bien sûr.

- Ok, j'ai compris, pas besoin de faire un dessin.

- C'est très sérieux, j'aimerai que tu te rendes là- bas et que tu me confirme tout ça, tu seras une sorte d'infiltrée, on tient un sujet en béton. Qu'est ce que tu en dis ?

En fouillant dans mes souvenirs, je me rappelle soudain que la dernière fois que j'ai voulu jouer les bons samaritains, ça c'est retourné contre moi. C'était à l'époque du lycée, j'avais décidé d'organiser une fête au château pour récolter des fonds pour les sans abris, à priori une cause charitable mais au final ça c'est terminé en « projet X ». D'où mon hésitation à répondre favorablement à cette requête des plus inattendue. Je fini par accepter sans savoir vraiment pourquoi, peut être qu'il s'agit là du seul moyen que j'ai trouvé pour me changer les idées.

- J'accepte.

- Attend Justine, réfléchis-y d'abord. Si tu refuses, je comprendrai tout à fait, car ce n'est pas sans risques. J'ai conscience que je te demande beaucoup, mais tu n'es pas sans savoir qu'un bon journaliste est prêt à tout pour dégoter un scoop. Et puis c'est tout à fait dans tes cordes

- J'accepte, je vous dis.

- Parfait, mais attention, je te fais confiance, tu fais attention, si ça sent le roussis, tu laisses tomber.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis une grande fille, vous avez 5 minutes à m'accorder ? Je saute sur l'occasion.

- Oui bien sûr, qui y a t-il ?

- Est ce que à tout hasard, vous vous souvenez d'une affaire, un accident mortel qui s'est passé durant les vendanges sur les terres de ma famille, ça vous dit quelque chose ?

- Euh, oui bien sûr, cette histoire à fait un de ces tapages, à moins d'avoir vécu dans une grotte, difficile d'être passé à côté. C'est drôle, enfin façon de parler, je n'avais jamais fait le lien avec toi. Mais tu es bien placé pour connaitre cette affaire, non ?

- Eh bien justement non, j'étais à l'étranger quand c'est arrivée et j'ai l'intime conviction qu'on me cache des choses. J'ai eut vent de cet accident complètement par hasard, lorsque je suis descendue aux archives. C'est très étrange d'ailleurs, parmi les milliers de journaux qui se trouvent en bas, c'est précisément celui dont la « UNE » faisait les gros titres, qui est tombé à mes pieds, comme par enchantement, comme-ci quelqu'un l'avais mis sur mon chemin, enfin bref, vous pouvez me dire, ce dont vous vous souvenez ?

-Tu sais, il a été dit un peu tout et n'importe quoi.

- Pas de ça avec moi, dites moi ce que vous savez.

François à l'air tout à coup, très mal à l'aise, sa réaction m'agace, j'ai comme l'impression qu'il va s'arranger pour ne pas tout me dire.

- C'est une affaire compliquée, il y a eu des fuites, le rapport d'expertise tournait entre journalistes.

- Ca m'intéresse, que disait ce rapport.

- Il en est ressorti deux éléments majeurs, d'une le pressoir automatisé n'était pas aux normes, et de deux, il était absolument impossible de tomber dans la cuve, sans y avoir été poussé délibérément. Le rapport d'assurance était formel sur ces deux points. Puis pour une raison qui nous échappe, les experts sont revenus sur leur déclaration. Il n'y a pas eu de procès et ton ...père a continué ses activités sans être inquiété.

- Vous êtes en train de me dire, que c'était un assassinat, c'est bien ça ? Je m'exclame, suivi d'un soupir de consternation.

J'ai répondu instinctivement. Un rapide silence s'installe entre nous, avant qu'il ne reprenne la parole :

- Attends Justine, je t'ai dit qu'il fallait prendre tout ça à la légère, il s'agit de « on dit » il n'y a jamais vraiment eu de preuve.

Je recolle petit à petit les morceaux dont je dispose et je ne suis plus tout à fait certaine de vouloir faire la lumière sur cette affaire. Après un long moment à réfléchir, seule, je me dis que la meilleure chose pour l'instant est d'aller prendre l'air, afin de m'éclaircir les idées. J'agis de manière bien trop spontanée et cela m'empêche de réfléchir concrètement aux évènements.

Je quitte mon bureau complètement désœuvrée et une fois dans le hall, j'aperçois François qui me fait signe d'approcher.

- Ça va ? Me demande t-il, semblant soudainement s'inquiéter pour moi.

- Oui, je réponds, d'une voix à peine audible.

Mon discernement et mon instinct, ne me trompent que rarement, mais là, ils se sont clairement fait la malle et au fur et à mesure que je découvre les parts sombres de cette histoire, l'implication de mon père semble se confirmer sérieusement.

Un meurtre ?

Valentin m'avait pourtant prévenu de ne pas mettre mon nez là-dedans, mais je n'en ai fais qu'à ma tête et une part de moi, le regrette vivement.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant