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Point de vue Justine.

Il tend lentement la main vers mon visage et l'effleure tendrement sans que je m'y attende puis passe délicatement son pousse sur mes lèvres tout en me fixant.

Je ressens comme une sorte de coup d'électricité qui m'avait déjà frappée lorsque nous nous étions embrassé le soir de mon anniversaire, mais que j'avais vainement essayé d'oublier.

Nous ne sommes ni l'un ni l'autre dans notre état normal, ce qui nous pousse sans doute à agir de cette façon complètement soudaine et irréfléchie.

J'ai jamais fais ça bordel, faire l'amour avec un inconnu, car c'est précisément ce qu'il va arriver.

Mais lorsque ses lèvres se posent sur les miennes, je ne pense plus à rien sauf à lui et au moment présent. Je le sens légèrement tressaillir à mon contacte.

Ma main entoure son cou, la sienne lâche ma joue pour soudainement agrippe ma taille, afin que je me rapproche un peu plus de lui. Je me rends compte que je n'ais jamais ressenti ces sensations, et pour une raison qui me dépasse complètement, je suis dans l'incapacité de mettre fin à ce comportement complètement fou et insensé.

Alors qu'une de ses mains me sert toujours la taille, il pose l'autre sur mes fesses. Je ne sais absolument pas jusqu'où je suis capable d'aller avec lui, ici dans cette maison. Je perçois très distinctement à quel point il est excité. Notre baiser est de plus en plus intense et lorsque je me plonge dans ses grands yeux verts, rendus brillants par toute la quantité d'alcool qu'il a ingurgité, je repense au mauvais garçon qu'il est et à tout ce qu'il m'a fait endurer. Ma raison me dirait très certainement de stopper net cette étreinte avant que cela ne dégénère mais ce soir, ma raison c'est faite la malle depuis belle lurette.




Point de vue Valentin.

J'ai envie d'elle comme jamais, je ne sais ce pas qui la rend toujours aussi rayonnante, mais depuis que je l'ai vu à moitié à poil dans ce club, je n'arrive pas à détacher mon regard de son corps. Elle sourit, ses yeux brillent, son teint est lumineux, et ses cheveux bruns qui n'ont jamais parus si longs, encadrent parfaitement son visage. Je jette un coup d'œil autour de moi pour scruter cette baraque que je connais par cœur, j'enlève d'une main la pagaille, avant de l'attirer sur le canapé, je sens son souffle saccadé sur ma bouche et j'ai envie de la prendre là maintenant, tout de suite, de la baiser dans tous les sens.

Putain je ne l'ai jamais vu si sexy, si bandante, et ses grands yeux surpris qui me fixent sans vraiment comprendre ce qu'elle fait ici avec moi, ne fait qu'accentuer l'envie irrésistible que j'ai maintenant de me jeter sur elle. Elle me regarde avec une telle envie, il n'y a plus de doutes, elle aussi elle le ressent, j'en suis sûr. Elle ressent la même sensation étourdissante qui m'envahit lorsqu'elle est dans les parages ou qu'elle me frôle. Elle ressent elle aussi cette sensation qui me compresse le cœur et les poumons et c'est à ce moment là, que je me rends compte que je suis vraiment en train de nous foutre dans la merde.

Bordel, je n'aurais jamais cru que ce serait si compliqué de lui résister et j'ai envie de me frapper en pensant à la stupidité dont j'ai fais preuve en la faisant venir ici. Au fond de moi je sais pertinemment, que plus je reste près d'elle, et plus je me sens bien, mais plus je m'attache.

- Un problème ? Me chuchote-t-elle, en reculant légèrement de manière instinctive.

Je dois surement la faire flipper avec ma tête de pervers et en plus je suis bourré, mais il est hors de question que j'arrête maintenant. Je la veux, rien qu'elle, tout de suite et rien, ne pourra empêcher l'inévitable.

En cet instant, il n'y a plus que le désir que j'éprouve pour elle, un désir si dévastateur que je risque bien de ne pas perdre de temps avec les préliminaires. Elle est assise sur moi et à la manière d'onduler son bassin sur moi, je sens qu'elle n'a pas envie que ça s'arrête, elle passe ses mains dans mes cheveux, pendant que les miennes se perdent avidement dans son soutif. Je palpe un de ses seins, puis le second. Je me relève légèrement pour faire passer sa robe au dessus de sa tête, immobile, je scrute quelques secondes son corps presque entièrement dénudé, avant de dégrafer son soutien gorge.

Elle est si belle, si forte et si fragile à la fois, ses lèvres sur ma peau suffisent très largement à me faire perdre la tête. J'ai l'étrange sentiment qu'elle est la seule personne capable de me faire éprouver ce genre de trucs, la seule capable de me rendre si vivant.

Son souffle se fait plus pressant, ses mouvements plus rapides, je me sens perdre pieds, subjugués par ce que je suis en train de vivre. Elle défait mon jean avec une certaine assurance, comme ci elle voulait prendre le contrôle, je la laisse faire. J'aime cette sensation qu'une femme, et en particulier elle, soit prête à se donner complètement à moi, corps et âme.

Cette fois, elle doit voir dans mon attitude que je ne lui laisse plus le plaisir de prendre le dessus, et rapidement je me retrouve sur elle, je la débarrasse de sa petite culotte qui se retrouve projeté dans les airs et sans la quitter du regard, j'attrape un préservatif que j'enfile rapidement et sans lui donner l'opportunité de réagir d'une quelconque manière, je rentre en elle vivement.

Elle ferme les yeux se laissant aller totalement, j'espère qu'elle est autant bouleversée que moi par cette sensation indescriptible qui s'empare de chaque parcelle de nos corps, mes mains s'agrippent à son visage, tandis que je commence à faire des vas et viens, si brusques qu'ils ne peuvent que montrer le désir presque bestial que j'éprouve pour elle.

Lorsque je la sens se resserrer tout contre moi, lorsque je l'entends jouir de plaisir, je ne peux me retenir plus longtemps, je me laisse aller à mon tour.

Je m'écroule sur elle à bout de souffle et en sueur, elle pose ses cheveux humides et sa tête brulante contre mon torse. Je respire fort, très fort, essayant tant bien que mal de ralentir mon rythme cardiaque, qui s'est anormalement emballé. Je la serre dans mes bras comme si je craignais qu'elle ne veuille m'échapper. Je lui dépose un baiser avec tendresse sur le front avant quelle ne finisse par s'endormir dans cette position, tel un ange. Je la recouvre avec ma chemise dégageant un mélange d'odeur d'alcool de parfum et de cigarettes.

La savoir ici près de moi, agit comme une putain de baguette magique et suffit à faire disparaitre toutes mes craintes, ma colère, tous ces sentiments qui jusque là, ont détruit mon existence.




Point de vue Justine.

Il fait chaud, le feu crépite dans la cheminée, un bruit et une sensation, fort agréable. Je tente d'ouvrir les yeux, sans y parvenir, mon corps fait de la résistance, il refuse de bouger. Je n'arrive pas vraiment à savoir si je suis endormie ou réveillée. Une chose est sûre, j'ai très mal à la tête, et lorsque j'entends vaguement des bruits dans la cuisine, tout me reviens subitement, je ne suis pas dans un rêve, je suis sur le canapé de Valentin.

Je sursaute en voyant que je suis complètement nue sous ce qui semble être sa chemise, je l'enfile et au passage récupère ma petite culotte qui trône sur l'abat jour de la lampe.

Punaise mais qu'est ce qu'on a fait ? Qu'est ce qui m'arrive ?

Je peux toujours essayer de mettre ça sur le compte de l'alcool, sur le fait que je n'étais pas dans mon état normal et que je n'avais donc pas vraiment conscience des choses, mais ce serait me mentir à moi-même. Les images de cette nuit qui envahissent mon esprit sont belles et bien distinctes.

Je reste là, plongée dans mes pensées, mon regard fixé sur l'horizon, attendant certainement qu'on m'apporte des réponses sur un plateau.

- Bien dormi ?

Je n'ose pas me retourner, j'ai peur de ce que je pourrais lire dans ses prunelles.

J'ai espérée ce moment plus d'une fois, même si j'ai toujours refusée de me l'avouer. C'est complètement grotesque, mais je le veux, lui et je suis prête à en assumer les conséquences, enfin décidée à agir comme je le souhaite vraiment et comme mes émotions me le dictent.

Je le regarde du coin de l'œil, il est terriblement sexy, le torse nu et les cheveux ébouriffés, je ne sais quel comportement adopté, est ce que lui et moi c'était seulement un coup d'un soir, je n'ose pas imaginer cette hypothèse ? Je suis parfaitement consciente qu'il a eu des dizaines de conquêtes, peut être même des centaines, et que je ne suis rien d'autres qu'une fille de plus de passage dans son lit, enfin sur son canapé. J'aimerais tellement me tromper et être bien plus que cela pour lui, j'ai envie d'apprendre à le connaître, j'ai envie de l'aider.

- Bien merci, je vais aller me rhabiller et appeler un taxi. Je lui dis en baissant le regard.

- Je t'aurai bien proposé de te ramener mais j'ai plus de bagnole, enfin si j'ai toujours mon utilitaire, mais ça risquerait de te rappeler de mauvais souvenirs.

Je me retourne sans vraiment le vouloir. Il n'est qu'à quelques mètres de moi et il à le regard complètement dans le vague. Il se passe une main dans les cheveux et puisque je vois bien qu'il n'a aucune envie de parler, je me dirige vers le canapé, sans un mot, essayant en vain d'oublier sa présence.

J'attrape ma robe, laisse tomber sa chemise sur le sol et enfile ce bout de tissus rose complètement ridicule et hyper court de surcroit.

- Justine, je suis désolé...

Je lève les yeux vers lui et il me semble presque vulnérable, je continue de l'observer en silence alors qu'il me fuit toujours du regard.

-Tu sais, je ne veux pas que tu t'imagines quoi que ce soit après ce qui c'est passé. J'était bourré...

-Tu n'es pas obligé de te justifier, le coupé-je. Je comprends tout à fait.

Et après tout c'est le cas, il ne m'a jamais rien promis, je savais très bien à quoi m'attendre avec ce genre de type, que pouvais-je imaginer d'autre.

Il soupire comme soulagé et me regarde maintenant pour la première fois depuis notre étreinte.

- Je pensais que tu le prendrais mal, me dit-il d'une voix rauque, et je dois détourner à mon tour le regard pour ne pas complètement craquer.

Me jeter après ce qu'il vient de se passer à l'air de le laisser complètement indifférent, son comportement insignifiant est sa façon à lui, de me dire qu'il a eut ce qu'il voulait.

J'allume mon téléphone portable contrôlant ma respiration afin de ne pas verser une larme, il est hors de question que je craque devant lui. Le taxi doit arriver d'ici un quart d'heure. Je vais pouvoir quitter cette maison, je pensais avoir trouvé ici une espèce d'endroit où me réfugier, mais en fait, il s'avère que c'est tout le contraire.

Mon téléphone sonne, je décroche, c'est Alex :

- T'es où ?

- Je suis chez moi, pourquoi ?

- Arrête de mentir, t'as pas dormi chez toi, il faut que tu rappliques.

- Et pourquoi ça ?

- Théo et papa son dans le grand salon en train de finaliser les derniers préparatifs pour votre mariage.

- C'est une blague ? Ils veulent ma mort ou quoi ? Pourquoi un tel acharnement ? J'arrive. Merci de m'avoir prévenu.

Je raccroche abasourdie, essayant de canaliser ma colère.

- Qu'est ce qui t'arrive ? Me demande Valentin, comme si il avait subitement un quelconque intérêt pour moi.

- Rien, j'espère que ton père n'est pas aussi borné que le mien. M'exclamé-je, en me dirigeant vers l'entrée.

Le taxi vient de klaxonner, il est temps pour moi de quitter cet endroit. J'attrape mon sac et mon manteau sans me retourner et sans dire au revoir, le cœur en ballotage.

A peine avoir franchit les portes du château, qu'Alex est déjà là, comme si il m'attendait, et à en juger par l'expression de son visage, je vais encore avoir le droit à un sermon, comme si j'avais besoin de ça.

- T'étais chez lui, c'est ça ?

Je ne comprends pas bien le sens de sa question, et puis, qu'est-ce que ça peut bien lui faire.

- C'est quoi cet accoutrement, regarde moi, à quoi tu joues ?

- Alex, qu'est ce qu'il te prend ?

- Vas donc prendre une douche et mettre quelque chose de décent, tout le monde t'attend.

Il y a des moments où je ne le comprends vraiment pas, cette façon autoritaire qu'il prend parfois pour me dire ce que je dois faire, cette façon de se comporter avec moi me dépasse, on a que quelques mois d'écart seulement, mais il agit toujours comme si il était bien plus vieux, comme lorsque nous étions ados. Sur ce point, il n'a jamais changé.

En les voyant tous là, en train de discuter presque comme une famille normale, mon père, Théo, Alex, y à même l'autre folle d'Éliane et son débile de fils, la première idée qui me vient à l'esprit, est de tous les envoyer balader. Mais je me doute que c'est bien la dernière chose à faire, si je ne veux pas me mettre mon père définitivement à dos. Pourtant lorsque que je m'approche d'eux, j'essaye de me persuader que nous allons forcement trouver un terrain d'entente et je me dis intérieurement que je trouverais peut être une solution, ce qui est particulièrement absurde, j'en ai pleinement conscience.

- Bonjour tout le monde, Théo, puis-je te parler seul à seul, 2 petites minutes ? Demandé-je, avec une légère appréhension.

Tout le monde me regarde comme si j'étais née de la dernière pluie, Théo est surpris, mais il acquiesce et nous nous isolons pour discuter, il est primordial que je puisse lui dire ce que j'ai à lui dire avant d'entamer toute discussion en présence de mon père.

Je vois bien, qu'il n'a pas l'air dans son assiette, mais je ne compte pas y aller par quatre chemins, je ne dois pas perdre de vue, que si on en est là, c'est entièrement de sa faute.

-Tu es fâché ? Me demande t-il. Il faut que je t'explique ?

-Tu oses me demander si je suis...fâchée ? J'ai été convoquée chez les flics à cause de toi et tu leur as menti, tu leur a dit, que je t'avais agressé.

- J'ai retiré ma plainte, toi et ton ...ami, n'avez plus rien à craindre, Justine, je veux que tu me donnes une seconde chance, qu'on efface tout et qu'on reparte à zéro, j'ai besoin de toi, tu sais.

Il me semble bien qu'il sanglote en disant cela, mais cela ne provoque chez moi aucune compassion. En effet, il pleure, il s'essuie les yeux de ses mains, avant de continuer, complètement anéantit :

- Je t'aime, je t'ai toujours aimé.

- Je suis désolée Théo. Vraiment navrée, mais c'est terminé.

- Tiens... le passeport de ce type, tu pourras lui rendre. T'es avec lui c'est ça ? T'es amoureuse de lui ?

Je me baisse pour récupérer le passeport de Valentin qu'il vient de jeter à mes pieds. Puis je prends une profonde inspiration, afin d'écourter la conversation et de formuler ce que j'ai à l'esprit depuis quelques minutes déjà :

- Maintenant tu vas aller dire à mon père, que tu as changé d'avis et que tu ne veux plus de ce mariage, c'est bien compris ?

Théo continue ses simagrées, et sans vraiment l'écouter, je lui tourne le dos et retourne au salon.

Je prends place à côté de mon père et me sent toute petite à côté de cet homme grand et costaud, son impressionnante corpulence me surprend toujours, il a tendance à impressionner les gens autour de lui. Son tempérament correspond en tout point à son physique. La première chose qui me frappe en rentrant dans la pièce est le calme ambiant.

Serais ce le calme avant la tempête. Je me décale pour ne pas à avoir à affronter son regard, quand Théo va lui annoncer qu'il renonce à ce mariage. Mon père a toujours voulu avoir le contrôle sur tout, jusqu'à gérer la propre vie de ses enfants. On peut dire que ça a plutôt fonctionné avec Alex qui est devenu œnologue, mais pas avec moi.

Théo reste debout, paralysé, comme emparé d'un soudain trou de mémoire, j'ai la furieuse envie de lui mettre un coup de pied au derrière, histoire de le secouer un peu. On dirait qu'il à pris un somnifère. Il a du mal à sortir les mots, mais fini enfin par le dire, et je suis étonnée de constater qu'il est même plutôt convaincant.

Je me tourne en direction d'Alex, cherchant son regard, mais il semble ailleurs, il a la tête plongée sur sa tasse de café qu'il remue inlassablement.

Quand aux deux autres pantins on se demande bien ce qu'ils font ici.

Mon père quand à lui, reste de marbre, il ne prononce pas un mot. Aucun de nous ne parle depuis de longues minutes, mais ce silence, aussi étrange que cela puisse paraitre, n'a rien de gênant. Je préfère cent fois le silence, aux hurlements et grognements de mon père, car je sais de quoi il est capable.

Je le regarde passivement, il se lève et se décide à parler.

- Sortez tous d'ici ! S'exclame t-il, le ton employé, est sans appel.

J'écarquille légèrement les yeux, ressentant soudainement une angoisse grandissante. Je tente discrètement de me faufiler, quand je sens une grosse main posée sur mon épaule :

- Pas toi Justine, tu restes.

Je ne lui ai pas adressé la parole depuis lui avoir délibérément fait comprendre que j'étais au courant pour mon adoption, je l'ai volontairement évité depuis tout ce temps. D'une, parce que je n'ai pas encore réfléchit à un mensonge suffisamment crédible sur la façon dont je suis sensée être au courant et de deux, je crains qu'il ne fasse le rapprochement entre moi et sa mallette disparue.

- Justine, depuis quand est ce que tu es au courant ? Me demande t-il, brusquement.

-Depuis le début, Théo m'a immédiatement avoué sa relation avec cette fille, il n'a pas cherché à nier.

- Ne joue pas à ça avec moi, je ne parle pas de ce fichu mariage. Qui t'as mise au courant. Me demande-t-il presque en hurlant.

- Alex, c'est Alex qui m'a tout dit. Lui lancé-je, sans réfléchir, alors qu'il se rapproche de plus en plus de moi.

- Il va me le payer. Ce petit crétin n'a absolument pas conscience des répercussions que cela peut avoir, dit-il, non sans manquer de hausser le ton à nouveau.

J'ai la confirmation qu'Alex était bel et bien au courant, comme je le pressentais.

- Papa, je t'en supplie ne lui dit pas que tu sais. Tu n'as pas à t'inquiéter, je veux que vous sachiez que je ne vous en veux absolument pas, ni à toi, ni à maman, vous êtes ma seule et unique famille, la seule qui compte à mes yeux. Peu m'importe de savoir qui sont mes vrais parents.

-Tu tiens ce discours aujourd'hui, mais je te connais suffisamment pour savoir que demain tu changeras d'avis et tu ficheras notre famille en l'air.

C'est la première fois que je vois autant de tristesse et de vulnérabilité dans le regard de mon père, autant de désarroi me déstabilise, les idées s'embrouillent dans mon esprit et je ne ressens subitement plus aucune colère contre lui.

- Papa, je t'aime.

J'aimerai pouvoir le rassurer et lui affirmer que jamais l'idée de retrouver ma famille biologique ne me traversera l'esprit, mais comment en être absolument certaine. Il a surement raison, ne pas savoir, c'était la garantie de m'avoir près de lui pour toujours. Je suis dans l'incapacité de dire un mot de plus, n'ayant jamais vraiment réfléchie à ce que je pourrais bien lui dire.

Quand Valentin ma révélé ma véritable identité, je suis passée par plusieurs phases, d'abord il y a eu l'incompréhension, puis le désespoir. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps avant d'être en état de choc, j'ai été incapable de parler, de réfléchir ou même de manger pendant toute une journée. Et quand j'ai enfin retrouvé la force de repenser à cela, la colère s'est emparée de moi. J'ai détesté mon père, ma mère et surtout Alex, c'est lui qui m'a le plus déçu.

- Va t'en, laisse moi seul. Me dit-il, l'air décontenancé.

Il se racle la gorge, prêt à rajouter quelque chose, mais se ravise. Je comprends alors qu'il est temps de partir. Je lui ai dit l'essentiel, il faut maintenant que je le laisse seul.

La sonnerie de mon téléphone, m'indique que j'ai un SMS, il doit surement s'agir de Chloé, ma meilleure amie et accessoirement mon témoin, elle essaye de me contacter depuis des jours et je l'évite délibérément. Quand elle va savoir que Théo et moi s'est terminé, elle va m'assaillir de question. Ce qui est dans l'absolu normal, puisque c'est mon amie et qu'elle ne souhaite que mon bonheur, mais je la connais suffisamment pour savoir qu'elle va en faire des caisses, et je préfèrerai éviter de parler de ça en ce moment.

J'attrape mon portable, débloque l'écran et lorsque je vois le prénom s'afficher, je le laisse tomber brutalement sur la table.


Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant