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Point de vue Valentin.

« Il faut que je te vois »

J'ai réfléchi comme un dingue à ce que je pourrais bien lui dire et sur le moment ça ma presque semblé facile. Mais, face à ce putain d'écran de téléphone, tout m'a paru plus compliqué.

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris d'appuyer sur la touche « envoyer », j'ai agis comme le pire des connards ce matin et il serait tout à fait logique qu'elle ne veuille plus jamais entendre parler de moi après ça.

Je lui ai manqué de respect, elle me suppliait du regard et moi je l'ai humiliée, chassée de chez moi et maintenant, je suis comme un con en train de me morfondre. D'habitude tout est très simple, les filles je les prends et je les jette sans aucun scrupule, ça ne me pose aucun problème de conscience ou de morale.

Mais là avec elle, tout est différent, je suis complètement paniqué à l'idée qu'elle ne me pardonne jamais et qu'elle m'oublie en passant à autre chose.

J'ai tout mis en œuvre pour l'éloigner de moi et maintenant je ferai n'importe quoi pour qu'elle accepte de me revoir.

C'est peut être qu'une énorme connerie, et ça contredit clairement tout ce que j'avais décidé dès le départ, mais j'ai déjà fait trop d'effort et je ne peux pas imaginer ne plus jamais la revoir.

Mon téléphone vibre, la réponse de Justine à mon sms est suffisamment explicite :

« Non »

En même temps je m'en doutais, c'est cuit. Je lui envoi un autre sms en espérant cette fois ci, qu'il suscite un intérêt chez elle.

« Tant pis pour toi, je comptais te rendre la mallette de ton père »

Ce n'est pas très honnête de ma part de me servir de ce prétexte pour qu'elle accepte de me revoir, mais je n'ai pas d'autres solutions qui viennent à mon esprit.

Ça semble fonctionner :

Elle : Ok, quand ?

Moi : Chez moi, 17h00.

Elle conclut par un simple "ok" en signe d'approbation. Voilà qui me redonne immédiatement le sourire, je ne sais pas encore se que je vais pouvoir lui dire pour essayer de la convaincre que je ne suis pas qu'un coureur sans cerveau, mais heureusement pour moi et mon impatience, l'heure tourne, il faut que j'aille prendre une douche et enfiler quelque chose de propre.

Je monte les marches quatre à quatre, je file directement dans la salle de bain, je me fout à poil et me glisse sous le jet brûlant de la douche. Je réalise que je suis transi de froid. J'essaye tant bien que mal, de chasser de ma mémoire, cette nuit de folie que j'ai passée avec elle, mais impossible pour moi de l'oublier, dès que je ferme les yeux, son visage apparaît comme un signal me martelant le crâne.

Et même si j'avais bu, je me souviens parfaitement de chaque détail, l'odeur sucrée de sa peau, la chaleur de ses baisers, son souffle sur ma bouche, la douceur de ses caresses.

J'ai rasé ma vilaine barbe, mis du parfum, du gel dans mes cheveux et j'ai sorti mon indémodable jean levi's et un sweat à capuche passe partout. Je jette un regard dans le miroir, le résultat n'est pas trop dégueu.

Je suis excité comme un ado, j'ai l'impression d'aller à un rencard, mais si c'était le cas, ce serai à inscrire dans les annales.

Je n'ai jamais eu de petite copine ou ce genre de truc, être attentionné avec une gonzesse, lui dire qu'on l'aime, lui offrir des cadeaux, et l'inviter au resto. C'est de la fumisterie tout ça. Et puis ça m'est complètement étranger. Je ne me cherche pas d'excuses sur la façon de me comporter en générale avec les nanas, mais personne ne m'a jamais rien appris.

Je m'allonge sur mon lit, je fixe le plafond et repasse en boucle cette journée du jeudi 26/01, je me suis levé ce matin là, comme tous les autres matins, avec toujours la même idée en tête, une idée incessante : l'éliminer.

Je ne savais pas encore que le courage dont j'avais toujours fait preuve, allait considérablement me manquer.

Lorsque j'ai pris place à coté d'elle dans l'avion, tout était très clair dans mon esprit, il suffisait que je m'en tienne au plan et que je suive scrupuleusement ma stratégie de départ.

Mais lorsque j'ai croisé son regard pour la toute première fois, quelque chose d'indescriptible c'est passé et je me suis retrouvé dans l'incapacité de poursuivre.

C'était comme ci je n'arrivais subitement plus à comprendre les raisons qui m'avaient poussé à faire ça, comment je pouvais, à la fois être effrayé et hypnotisé par ses billes noisettes. Aussi étrange et incompréhensible que cela puisse paraitre, j'ai su immédiatement que même avec toute la meilleure volonté du monde, jamais je n'arriverai à aller au bout.

J'ai pourtant essayé de me convaincre du contraire pendant un temps, me persuadant que je n'avais pas fait tout ceci pour rien. Et puis je l'ai suivi jusqu'à son hôtel, et j'ai commencé à l'observer. Je l'ai suivi sur le terrain, elle s'activait avec une telle dévotion et un tel acharnement, elle n'avait peur de rien, ne reculait devant aucun danger.

Cette fille ne méritait tout bonnement pas de mourir, ça n'aurait pas été loyal de ma part de m'en prendre à elle, une innocente, jeune, pétillante et pleine de vie.

Plus le temps passe et plus mes chances de vengeance s'amenuisent, pourtant Charles Henry doit payer pour ce qu'il à fait, c'est indéniable, mais j'ai très vite compris, que ce n'est pas en tuant sa fille et en devenant moi-même un meurtrier que je pourrai enfin me libérer de tout ce poids qui m'oppresse et qui m'empêche de vivre ma vie.

Je regarde ma montre, il est 17h00, si elle n'a pas changée d'avis, elle devrait être là, d'une minute à l'autre. J'attrape la mallette sous mon lit et descend l'attendre dans l'entrée.

Je ne sais pas se qui me rend nerveux comme ça, j'enfile mes pompes et un blouson, elle sonne, j'ouvre la porte, je reste silencieux un instant, je réalise qu'elle est bien là. Je me demande si elle est venue uniquement pour la mallette ou un peu pour moi aussi.

- Je suis là, me dit-elle, pensive.

Elle est terriblement sexy même en jean et en baskets, j'essaye de ne pas trop m'extasier sur son physique, je ne voudrai pas qu'elle s'imagine des choses.

- Ca te dérange, si on prend ta voiture ?

- Euh non, mais pour aller où ? Me demande-t-elle, surprise.

-Tu verras, file tes clés, c'est moi qui pilote.

Ok, me répond-t-elle, légèrement déstabilisée, peut être même angoissée, si ça se trouve, elle à peur de moi.

Ca bagnole est un vrai petit bijou, une BM sport, noire flambant neuve, je dépose la mallette sur le siège arrière et me glisse au volant, elle s'installe sur le siège passager. Je mets le contacte et sursaute me prenant de plein fouet, 150 db en plein dans les oreilles.

- C'est quoi cette daube ? Lâché-je.

- Excuse-moi, mais je suis encore libre d'écouter ce que je veux, dans ma voiture. Grogne-t-elle, d'un air mauvais. Elle n'a pas tort.

Je ne relève pas et poursuit. Nous roulons depuis trois quarts d'heure, dans le calme absolu, quand Justine commence à perdre patience :

- Est-ce que je peux savoir où on va, maintenant ? Cette question semble la tarauder, mais je ne lui réponds pas pour autant. Je la regarde du coin de l'œil et peux lire sur son visage, qu'elle me maudit.

J'emprunte le chemin forestier aux abords d'une majestueuse forêt de pins qui me mène directement au pied de la dune. Je gare la voiture sur le parking, désert, normal vu l'heure, la nuit est déjà presque tombée. Malgré la pénombre, je vois une lueur indéfinissable dans les yeux de Justine.

Sans un mot je l'attrape par la main et commence à me diriger vers les marches, le contacte de sa main tiède dans la mienne, me procure des frissons dans tout le corps.

- Je ne suis jamais venue ici... Me chuchote-elle timidement, enfin si bien sûr je suis déjà venue à Arcachon, mais sur la dune du Pilat, jamais, c'est la toute première fois.

- Alors suis moi, tu n'as encore rien vu.

Nous commençons notre ascension, le silence s'est instauré et je dois faire un effort considérable pour ne pas défaillir sous le regard de Justine, qui est si proche de moi. Elle ne semble pas avoir peur de moi, elle me fait confiance.

Lorsque je suis avec elle, je suis à mon aise, je me sens bien, et j'ai l'étrange impression qu'elle lit en moi comme dans un livre ouvert, qu'elle me connait par cœur.

Mais lorsqu'aucun de nous ne parle, une tension indescriptible s'empare de moi. J'essaye de me concentrer sur le bruit des vagues qui engendrent un rythme apaisant.

J'arrive en haut le premier, Justine est encore loin derrière. Je regarde l'océan éclairé par la lune. Elle me rejoint, essoufflée.

- Waouh, c'est magnifique. Dit-elle, en admirant le panorama.

Elle se laisse tomber dans le sable, sûrement épuisée par la montée des 150 marches et des brouettes. Sans attendre une réplique de sa part, j'accélère le pas, afin de me diriger plus près de l'eau, de ce côté-là, il n'y a pas d'escaliers. Elle se relève aussitôt et se met à me suivre.

- Pourquoi aimes-tu venir ici ? Me demande-t-elle, quelques instants plus tard, en reprenant son souffle, alors qu'elle vient tout juste de me rejoindre.

- C'est ici que je venais pêcher avec mon frère et faire du parapente. Je lui dis, en lui montrant les vagues qui déferlent sur le rivage.

- Du parapente, j'ai toujours rêvé d'essayer. M'avoue-t-elle.

Je me mets soudainement à rire alors qu'elle me regarde avec étonnement.

- Impossible, tu flipperais beaucoup trop. Je réussis à articuler, tout en continuant de rigoler.

- Et qu'est ce que tu en sais d'abord, sache que rien ne me fait peur, à par cette inévitable mort. S'indigne-t-elle, tout en m'éclaboussant.

J'ai les cheveux maintenant complètement trempés et je ne rigole plus du tout, je m'approche d'elle en la fixant et sans un mot, je l'attrape par la taille et la soulève. Elle se débat, mais ses efforts semblent vains, puisque elle se retrouve rapidement paralysée et bloquée dans mes bras, j'esquisse un mouvement franc en direction de l'océan et elle pousse un cri.

- Est-ce que tu sais que je peux te foutre à l'eau, si j'en ai envie ? Je lui dis, dans le creux de son oreille tout en la fixant.

- Tu n'as pas intérêt, me menace-t-elle, vainement. Si jamais tu oses...

- Tu as de la chance qu'on est au mois de février. Je lui dis, en la reposant délicatement sur le sable froid et humide.

- Oh fait, tient, ton passeport, je te le rends avant qu'il finisse à l'eau.

- Comment est ce que tu as eu ça ?

-Théo me l'a rendu cet après midi et estime toi heureux, il a retiré sa plainte contre toi.



Point de vue Justine.

Valentin attrape son passeport et le fait glisser dans la poche arrière de son jean, il semble subitement énervé. Je ne comprends pas pourquoi.

-Tu le revois, c'est ça ? Allez vient on rentre. Me dit-il, le regard soudainement assombri.

- Déjà, on vient à peine d'arriver. M'exclame-je.

Je ne comprends vraiment pas l'attitude de Valentin, j'ai parfois beaucoup de mal à le suivre, lui et moi, on n'est jamais sur la même longueur d'ondes. Il m'emmène dans un endroit absolument magique, pour je ne sais quelle raison. Et aussi incroyable que cela puisse paraitre, il commence à se livrer à moi et en moins de temps qu'il n'en faut, retombe dans son mutisme. Je suis sidérée par son comportement immature.

Je le regarde s'éloigner de plus en plus, me laissant toute seule dans la nuit. Il marche beaucoup plus vite que moi et de ce côté-là, pour regagner le flanc de la dune, c'est pas gagné.

J'arrive enfin et non sans entraves sur le parking, j'ai chaud, je transpire, j'ai des crampes au niveau des poumons et je tousse de plus en plus pendant que monsieur beau gosse est confortablement installé au volant de ma voiture, en train de fumer sa cigarette, l'air de rien, comme d'habitude. Ce qui a le don de déclencher chez moi, une colère monstrueuse. Le voyant s'afficher de la sorte, la clope au bec, me consterne. J'ouvre la portière et tente de le sortir de la voiture.

- Sors de ma voiture. Tu ne respectes donc rien, ni personne ?

- Ok, c'est bon déstresse, c'est juste une clope.

Il me crache sa dernière bouffée en plein visage et écrase son mégot contre le tronc d'un arbre, puis remonte dans la voiture. J'ouvre grand ma fenêtre afin de pouvoir respirer convenablement, si il y a bien quelque chose qui m'incommode et qui est absolument incompatible avec ma maladie, c'est justement la cigarette.

Nous roulons depuis quelques temps quand je jette un coup d'œil sur le tableau de bord, Valentin roule beaucoup trop vite, et j'ai comme l'impression que respecter le code de la route, ne fait pas parti de ses convictions.

Il double rapidement quelques voitures devant nous, qui ne manquent pas de nous klaxonner, je m'enfonce davantage dans mon siège, en me disant, que je n'ai pas d'autre solution que de lui faire confiance.

-Tu as décidé de nous tuer ? Tu es dangereux et irresponsable. Je lui dis, en le foudroyant du regard.

- Arrête, je n'ai même pas bu ce soir. Me lance-t-il, amusé. Je me tourne brutalement vers lui, abasourdie.

- Parce que tu t'amuses à rouler comme ça, quand tu es ivre ?

Il me regarde un bref instant, avant de se concentrer à nouveau sur ce qu'il se passe sur la route, en haussant les épaules.

- Ouais, ça m'arrive, souvent même.

- Je peux savoir ce qui ne tourne pas rond chez toi ?

Je n'arrive pas à croire qu'il puisse prendre autant de risque, même si dans le fond ça ne m'étonne qu'à moitié.

- Si ça te choque, me dit-il, il y a certaines choses que tu ne devrais jamais apprendre à mon sujet.

- Sérieusement Valentin, est ce qu'il t'arrive de réfléchir avant d'agir ?

Apparemment, c'est le moment d'en savoir plus sur le Valentin impulsif et complètement téméraire. Il s'arrête net sur le bas côté dans l'obscurité la plus totale, certainement pour me donner des explications, et cela ne me dérange pas le moins du monde, car je ressens le besoin de reprendre mon souffle, mais surtout, je souhaite qu'il me rende des comptes sur la façon de se comporter avec moi ce soir.

-Dit moi la vérité, pourquoi est ce que tu m'as emmené sur cette dune, ce n'est pas pour me rendre la mallette de mon père, n'est-ce pas, et encore moins pour une partie de pêche ?

Je vois à son regard que ce n'est effectivement pas pour ça. Il se penche de mon côté, met une main derrière mon cou, et sans prévenir, pose ses lèvres sur les miennes. Je me recule légèrement, dans la confusion :

- Je peux savoir à quoi est ce que tu joues ? Lui demandé-je, complètement abasourdie par son geste.

- Je ne joue pas, je t'embrasse.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée.

- Et pourquoi maintenant ?

- Parce que j'aime bien cette façon que tu as, de t'inquiéter pour moi, me répond-il, en me caressant les cheveux. Personne ne s'est jamais inquiété pour moi.

Toutes les mésaventures de ces derniers temps, en l'espace de quelques instants, ne s'apparentent qu'à un vague souvenir. Il n'y a que nous dans cette voiture, et ma raison s'est dissipée au moment où il a commencé à poser ses lèvres sur les miennes.

Il passe un de ses bras autour de mon cou, l'autre autour de ma taille et comme fascinée, j'attrape frénétiquement son sweat-shirt avec mes deux mains. Tout mon corps semble s'être ranimé, au détriment de mon esprit. Plus nous nous embrassons et plus je pries pour que ce moment ne s'arrête jamais.

Lorsqu'il reprend sa place dans son siège, stoppant ainsi notre étreinte, je ressens une sorte de frustration.

Je n'ai pas envie de faire semblant et ce baiser à suffit à anéantir toute résistance. Il me regarde fiévreusement, je parviens même à sentir son souffle contre mon visage. Il pose ses mains sur mes épaules, pendant que moi, je fais glisser mes mains tout doucement sous son sweat à capuche. Je n'arrive pas à détacher mon regard du sien, et je sens très distinctement les battements de mon cœur s'emballer.

Justine punaise, calme toi, pourquoi ce type te rend dingue ?

Je suis une fois de plus stupéfaite par l'effet qu'il produit sur moi, et peu importe les circonstances, ou ce qui s'est déjà passé auparavant entre nous, je prends conscience, à quel point il devient difficile de me passer de lui. Je n'ai pas envie de réfléchir ou encore me poser cent milles questions sur cette relation, cette attirance physique, puisque la seule chose qui m'intéresse réellement est d'être avec lui maintenant dans cette voiture, et le reste je m'en balance complètement.

Je me rapproche de lui et incline légèrement ma tête en sa direction, afin de l'embrasser à mon tour. Tout est tellement intense que je n'aurais jamais imaginé ressentir cela rien qu'en l'embrassant.

La sonnerie de mon téléphone nous surprends, je soupire agacée que quelqu'un puisse interrompre ce moment si particulier, c'est sûrement François qui veut un compte rendu de ma soirée à l'horizon.

J'extirpe mon téléphone de mon sac, et effectivement je vois son prénom s'afficher sur l'écran.

- Excuse-moi Valentin, c'est mon patron, il faut que je décroche. Oui, allo.

- Justine, tu es où ?

- Euh, dans ma voiture, pourquoi ?

- Deux types avec un fort accent, le genre armoire à glace, sont passés au bureau, ils te cherchaient partout. Ils avaient une attitude bizarre, tu me caches des choses ?

- Bien sûr que non, je vous assure, je ne comprends pas, d'ailleurs à aucun moment je n'ai divulgué ma véritable identité. J'ai fais très attention. Oh fait, vous avez reçu mon mail ?

- Oui, je l'ai bien reçu, mais ce n'est pas pour ça que je t'appelle.

- Vous avez trouvé ça comment, j'ai assurée, hein ?

- Voyons Justine, un peu de sérieux, mais oui, si ça peut te rassurer, tu as fait du très bon travail, comme d'habitude, mais je t'avais dit de ne prendre aucun risque, je suis furieux contre toi. Maintenant tu te retrouves avec ces types sur le dos, et dieu sait de quoi ils sont capables. Je suis allé trop loin, jamais je n'aurais du te demander de faire un truc pareil, je m'en veut, c'était de la pure inconscience. Fait très attention à toi. Conclut-il, avant de raccrocher, visiblement très contrarié.

-Tu trembles, qu'est-ce qui ce passe ? Me demande, Valentin.

- C'est rien, je lui réponds, en tentant de dissimuler mon stress.

Car malgré tout, je dois bien admettre, que même si j'ai toujours assumée le fait de faire les choses à 100 %, je suis allée un peu loin cette fois ci, quand il s'agit du boulot, je ne me fixe jamais de limite. Ca passe ou ça casse. J'expire longuement, tout en regardant la route. Valentin me sourit légèrement avant d'arborer une expression plus sérieuse.

- C'est à cause de ce qui s'est passé hier soir dans ce club, hein ? Pourquoi est ce que tu ne veux rien me dire ?

- Je t'ai suffisamment fait du tort comme ça, inutile que tu sois mêlé à ça, moins tu en sais, mieux c'est.

Mais le Valentin bagarreur et irréfléchi ne semble pas de cet avis. Je suis flattée qu'il veuille prendre ma défense et me protéger même si ça façon de le dire est quelque peu maladroite, il est si spontané, c'est sûrement pour ça que je l'apprécie autant. C'est un peu comme ci, il me prouvait qu'au fond, il m'aime bien aussi.

Nous arrivons devant chez lui, il ne coupe pas le moteur, il s'approche de moi me dépose un baiser sur le front sans un mot avant de sortir de la voiture et de rentrer chez lui. Je reste là, quelques minutes, le cœur serré et tellement déçue. Je pensais qu'on aurait pu parler davantage lui et moi, surtout après ce qu'il s'est passé ce soir, mais il en à décidé autrement et je dois l'accepter. Je m'installe sur le siège conducteur et remarque qu'il a laissé la mallette de papa sur le siège arrière.





Point de vue Valentin.

J'ai beau savouré chaque petite minute que je passe avec elle, et me convaincre que c'est pour garder un œil sur elle ou trouver une autre excuse merdique qui pourrait expliquer mon rapprochement vers elle, je me sens toujours aussi coupable. Coupable de ne pas lui dire, ce qui me pourri la vie, de ne pas arriver à l'éloigner de moi, de ne pas être honnête avec elle et lui dire que dans ma vie c'est le bordel et que je dois éclaircir quelques trucs encore avant d'avoir l'esprit vraiment tranquille. Mais je n'y arrive pas. Je ne supporte pas l'idée qu'elle se rende compte qu'elle ne veuille plus m'adresser la parole ou pire, qu'elle ait simplement peur de moi.

Quand les seules personnes que vous aimiez ne sont plus là, quand vous n'avez plus aucuns repères, vous vous sentez seul, complètement perdu dans ce monde, vous pleurez de rage à chaque fois que vous y pensez. Vous ne faites confiance à personne et vous vous renfermez sur vous même, c'est à partir de ce moment là que débutent la solitude et la dépression. Plus rien n'a de sens, chaque instant n'est plus le même et la vie vous torture ainsi un peu plus. Je me suis fais une promesse, ne plus jamais m'attacher à personne.

A quoi bon ?

On finit tous par mourir un jour ou l'autre, en laissant derrière nous, un immense vide et peut importe vos croyances, peut importe votre fidélité envers votre dieu et votre lieu de culte, lorsque votre heure a sonnée aussi injuste et incompréhensible que ce soit, dieu ne vous apportera malheureusement aucune clémence.

Je monte dans ma chambre et frappe contre le mur, comme j'ai si souvent l'habitude de le faire lorsque ça ne va pas, des gouttes de sueur perlent sur mon front, j'ai la gorge sèche et le cœur qui se serre. Je m'étale sur mon lit, et dans ce long moment de réflexion, je me rend compte à quel point je suis différent d'elle et à quel point je ne suis pas près de changer. Je ne veux pas qu'elle assiste à ces grands moments de faiblesse et qu'elle ne voie en moi, que le Valentin brisé qui méprise totalement la vie, comme je le fais.


Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant