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Point de vue Justine.

Le comportement d'Alex me blesse profondément.

Je n'ai clairement pas son soutien et en plus j'ai comme l'impression qu'il me prend pour une patiente sortie tout droit d'un hôpital psychiatrique.

Il croit que j'ai inventé cette histoire de toute pièce. Je réprime mon envie de lui balancer que j'en ai rien à cirer qu'il ne me croit pas et garde une mine impassible en haussant les épaules.

- Est ce que tu as conscience que c'est complètement fou et grotesque, pourquoi papa aurait fait une chose pareille ? Justine tu...

- Laisse tomber, je vois bien que tout ça t'est bien égal. Tu ne vois pas que cette histoire est en train de me briser. Si toi tu ne m'aides pas, qui va le faire ?

- Assieds toi et commence déjà par te calmer. Je veux bien écouter ce que tu as à me dire mais qu'est ce que tu attends de moi au juste ?

- Je ne sais pas, je sais plus.

C'est trop dur, des semaines que j'essaie d'encaisser mais à chaque fois, tout me reviens en pleine face comme un boomerang. Je ne peux pas oublier et faire comme si de rien n'était. La seule personne qui est censée m'aimer et m'épauler fait tout à coup, comme si je n'avais jamais existé.

- C'est pas cool ce que tu me fais Alex. Je le regarde comme ci la terre s'écroulait sous mes pieds, mais ça ne semble pas l'atteindre pour autant.

- Comment ça, je suis pas cool, qu'est ce que j'ai fais ? Me demande t-il, les bras croisés.

- Rien, c'est bien là le problème, tu fais rien, tu bouges pas, on dirait que t'es une saloperie de mort vivant.

Il ne parle pas, il se dirige vers le vieux tourne disque et met en route un de nos titres préférés, la musique adoucit les mœurs dit-on. C'est ça, ouais. Je fais les cents pas derrière lui, en m'agitant.

- Baisse le son et regarde moi, tu veux que je te dise, t'en a rien à foutre de moi, tu préfères te ranger derrière ton cher père qui t'a tout donné, une vie de rêve, des voitures de sports, des voyages aux quatre coins du globe, et pendant tout ce temps, monsieur brisait une famille toute entière sans aucuns scrupules, le plus naturellement du monde et sans être inquiété de quoi que ce soit, et tu trouve ça Normal ? Tu étais peut être au courant durant toutes ces années, tu veux le couvrir c'est ça ?

Il secoue la tête en fronçant les sourcils, bouche bée :

- Qu'est ce que tu racontes ? Raille-t-il, tout en s'agitant et en m'attrapant le poignet.

- J'en ai sérieusement ma claque d'être la seule que ça dérange ici. Je soupire, je le regarde espérant un miracle, il ne bouge pas d'un cil. Lâche moi, je veux rentrer, oubli tout ça, tu veux bien.

Je claque la porte à l'aide de mon pied et regagne mon appartement. J'ai envie d'hurler.

Je comprends vite, malheureusement que je n'obtiendrai jamais rien de lui, il préfère faire comme si de rien n'était, il préfère fermer les yeux pour ne pas risquer de déclencher une tempête au sein de notre famille, mais quelle famille ? Il n'y a plus de famille.

Je m'active à fourrer un maximum de chose dans mes valises, je tremble et j'ai la vue brouillée. Je sais que fuir n'est qu'un geste de lâcheté et qu'il serait préférable que je reste là et que je l'affronte, lui mon père, cet homme que j'ai tant aimé, idolâtré, mais je ne m'en sent pas capable pour l'instant.

Je prends tout ce qui me tombe sous la main, mes bouquins préférés, nounours, les papiers importants, sans oublier les photos qui tapissent les murs, mon carnet d'adolescente où sont enfouis tous mes rêves et mes secrets, ainsi que tous mes bijoux, même si la plupart me viennent de mon père.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant