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Point de vue Justine.


Je me trouve sur le pas de la porte de chez lui après avoir grillé un feu et un stop, oui je sais...pas bien. Comme si, arriver avec cinq minutes d'avances, allait changer le cours de l'histoire.

Toujours est il, que je n'arrive pas à croire que je me trouve là, et ce, après y avoir été invitée, officiellement cette fois. En regardant bêtement mes pieds, je réalise que je n'ai même pas pris la peine de me changer, je porte un vieux jean et une vieille chemise, on ne peux pas dire que je sois vraiment à mon avantage.

Je tente de faire abstraction de ce détail et observe les environs, je suis toujours très impressionnée devant cette imposante bâtisse posée là au milieu de nulle part, et me trouve incroyablement petite face à elle.

Je passe en revue tous les moments passés ici et si je ne connaissais pas personnellement le propriétaire des lieux, ma première impression serait que c'est un endroit plutôt chaleureux et accueillant.

Les pierres de taille et les poutres apparentes font de cette maison, une demeure de caractère et un nid douillet où on a qu'une envie, se réfugier. Enfin, ça c'est ce que je ressens à l'instant T, parce que je suis d'humeur joyeuse, mais en vrai, la première fois que j'ai mis les pieds ici, c'est pas tout à fait ce que je me suis dit.

Je fini par sonner, j'ai le cœur qui bat à cent à l'heure, je me sens vaciller légèrement et j'ai des frissons de la tête aux pieds et tout ça avant même qu'il n'ait ouvert la porte. Je me sens stupide de me mettre dans des états pareils, si ça se trouve, je fais complètement fausse route.

Valentin se dresse devant moi, nous nous regardons quelques secondes sans rien dire, assez pour que j'aie le temps de le contempler dans toute sa splendeur. Il porte une chemise dont les trois premiers boutons sont ouverts laissant ainsi entrevoir son torse, il a relevé les manches et je peux voir les muscles saillant de ses avants bras, son jean stone taille basse moule parfaitement le bas de son corps. Et moi je suis là, avec ma pauvre chemise de bûcheron et mon jean des années lycées... Ridicule.

Mon cœur s'emballe une fois de plus quand je le vois m'observer sans retenue.

- Rentre.

Hum ça sent bon, il a vraiment préparé à manger ?

- Suis moi...

Je le suis jusque dans la cuisine, une cocotte est sur le feu et la table est dressée pour deux personnes. Il prend une grosse cuillère en bois et remue ce qui se trouve à l'intérieur.

- C'est presque prêt, tu as faim ?

Je lui dis que j'ai avalé 3 mars avant de venir et que je les aient encore sur l'estomac ?

- Oui, je suis affamée ! Je ne savais pas que tu cuisinais.

- C'est une première, pour ainsi dire.

- Et qu'à tu fais de bon ?

- Des pâtes ...

Il me regarde tout penaud en disant cela et je ne peux m'empêcher de sourire, je pensais qu'il allait me sortir le nom d'un plat ultra sophistiqué.

- Très bon choix, les pâtes...

Il me propose de m'assoir et me sert un verre d'eau, jusque là, j'ai l'impression d'être à un rendez vous galant, à un détail près, nous ne sommes pas là pour nous déclarer notre flamme.

Ça fait maintenant une demi heure que nous sommes assis face à face à nous détailler et pour l'instant on parle de tout, sauf de l'essentiel, comme si l'un de nous, avait peur de déraper.

L'ambiance est électrique et je sens qu'à tout moment tout peut partir en cacahuète.

- J'ai été surprise quand j'ai entendu ton message, je pensais que tu passais la soirée avec tes amis.

Valentin me dévisage en arquant un sourcil :

- Comment est ce que tu savais qu'on avait une soirée de prévue ?

- Figure toi que j'ai croisé Quentin et Anthony ce matin au supermarché, les bras chargés de bières.

Il m'adresse un regard qui veut tout dire et passe une main dans ses cheveux comme quand il est stressé.

- Il se passe un truc entre Antho et toi ?

- Pardon ?


Quelle question, mais comment ose-t-il ?


Non bien sûr que non. Pour qui est ce que tu me prends ?

Et me voilà parti dans un monologue qui risque d'être interminable.

- C'est pas parce qu'on a brûler certaines étapes toi et moi, qu'il faut que tu me mette dans le même sac que ces filles que tu as l'habitude de fréquenter, je ne suis pas ce genre là, celle qui se tape le meilleur pote du mec qu'elle a en vue, si tu vois ce que je veux dire. Et puis je suis parfaitement au courant de ton addiction pour les filles et le sexe, Antho m'a tout raconté.

Valentin plisse les yeux et serre les poings si fort que ses phalanges deviennent blanches et ses traits se déforment sous l'effet de la colère.

- Quoi ? Mais quel connard, tu parles d'un pote.

- Oh ne le blâme pas, tu crois franchement que j'ai eu besoin de lui pour me faire mon opinion sur toi, je t'ai vu dans ce club de striptease, tu avais l'air très à ton aise et c'est toi même qui t'es vanté d'avoir couché avec la moitié de la boite !

Ce n'est pas le problème, enfin si s'en est un. Mais je voulais que tu saches que je ne mange pas de ce pain là. J'ai couché avec toi (3 fois) ok c'est vrai, mais c'était une énorme erreur, enfin, ne va pas croire que je n'ai pas apprécié ces moments, bien au contraire, c'était juste waouh et complètement dingue ...

Tu parles trop Juju...

Valentin soupire en haussant les épaules :

- Mais, car il y a toujours un mais.

- M A I S, je ne veux plus que ça se reproduise... Plus dans de telle condition.

Valentin me dévisage le regard déterminé m'intimant de l'écouter :

- Tu veux que je te dise Justine, tu joues les saintes ni touche et te fais passer en victime, mais en réalité tu t'es servis de moi, c'est moi le dindon de la farce, et cela uniquement dans le but de me soutirer des informations. Tu es journaliste et comme la plupart d'entre eux tu es aussi très curieuse. Tu croyais peut être qu'en m'aguichant de la sorte j'allais finir par tout te dévoiler.

Eh voilà, 37 minutes, il nous a fallut moins d'une heure pour que ça dégénère.

- M O I, je t'ai aguiché ? Je lâche, en m'esclaffant. Mais quel culot. C'est quand même pas de ma faute, si tu t'affole rien qu'en voyant une paire de jambes. Tu crois vraiment que si j'ai couché avec toi c'était juste pour connaître la vérité ? C'est ce que tu crois ?

Cette fois j'en ai trop entendu, ras le bol, ne voulant pas alimenter la conversation plus longtemps, je termine mon verre, le repose bruyamment sur la table et me lève promptement prenant la direction du couloir sans me retourner. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en l'entendant derrière moi :

- Hors de question que tu t'en ailles avant d'avoir goûter mes pâtes.

Mon corps réagit bien avant ma conscience, je me retourne les yeux écarquillés, il est adossé contre le mur de l'entrée, il est à tomber, pourquoi diable est il toujours aussi sexy ? Il à les mains dans les poches, son attitude attire tout de suite mon attention, il est étrangement calme. Spontanément, je m'avance vers lui et retourne m'asseoir sur ma chaise.

- Ok, rien qu'une assiette alors.

Nous revoilà au point de départ, Valentin dépose la marmite de pâtes au centre de la table, bien décidé à se que je mange ses foutues pâtes, alors que j'ai l'estomac à saturation.

- J'espère que tu les aimes à la Carbonara ?

- Mes préférées. Et c'est vrai en plus.

- J'ai pris la recette sur internet, car apparemment la préparation de celles-ci, fait débat.

- Effectivement j'en ai entendu parler, il existe plusieurs variantes et les Italiens sont très actifs pour la sauvegarde de leur patrimoine gastronomique en France.

- Exacte.

- Et alors, crème fraiche ou pas ?

- Crème fraiche... Me répond Valentin.

- Sacrilège, mais c'est tellement meilleur.

Je crois avoir vu un léger sourire se dessiner au coin de ses lèvres, est ce mon imagination qui me joue des tours ? Je suis hébétée et me contente de le regarder sans bouger. L'espace d'un instant, je lis sur son visage une émotion qui m'est complètement étrangère, comme ci, il était dans une espèce de sérénité. Ses moments ne durent jamais bien longtemps, je me remémore cette fois où il m'a emmené sur la dune du Pilat, c'était magique, se retrouver là bas avec lui, mais malheureusement, 5 minutes seulement après notre arrivée, il avait fini par se refermer comme une huitre.

Nous commençons à manger dans le silence.

- Valentin, tes pâtes sont exquises, tu peux m'en refaire quand tu veux.

Et de préférence un jour où j'ai la dalle.

- Merci. Ce n'était pas très compliqué, enfin, un peu plus que d'ouvrir une boite.

- Tu sais, je n'ai rien d'un cordon bleu, ni d'un chef étoilé, la plupart du temps, je ne fais que réchauffer ce que j'achète chez le traiteur, alors même des pâtes à la carbo, ça prend tout de suite des allures de grandes occasions.

Alors que j'aide Valentin à débarrasser, je me demande comment m'y prendre pour en apprendre davantage sur lui, j'ai l'impression d'être dans une impasse remplie de mystères et de secrets, je sens que si j'aborde des choses sérieuses, si je mets sur le tapis le sujet qui fâche, enfin, les sujets qui fâchent, car ils sont nombreux, il va encore se refermer où pire s'énerver contre moi, et je ne suis pas venue là, juste pour avaler une assiette de pâtes, on est d'accord.

Un bruit de vaisselle cassée me fait sursauter, Valentin à laisser glisser par inadvertance un verre et il s'est coupé en voulant le ramasser.

- Ca va ? Je me souviens qu'il a horreur de la vue du sang, très vite je prends les choses en main car je sens qu'il est à deux doigts de tomber dans les vapes.

- Il faut que je m'assoie. Et arrête de rire bon sang, y a rien de drôle.

C'est hilarant de voir sa tête, lui qui est tout le temps si sûr de lui, on dirait un petit garçon apeuré à qui on vient de révéler que le père noël n'existe pas. Je me demande bien comment il est possible d'être à la fois si fort et si fragile ? Toujours est il que son expression me chavire le cœur et me transporte dans un mélange de sentiments contradictoires.

- Ne bouge pas je vais monter chercher de quoi te désinfecter.

Je redescends avec tout le nécessaire pour lui soigner sa blessure, après avoir laisser trainer mon regard un peu partout à l'étage. C'est fou comme tout est parfaitement rangé, d'une propreté à faire pâlir un sorcier vaudous... On se croirait dans une maison toute neuve qui n'a jamais été habitée.

- Tu emplois une femme de ménage ?

- Je ne suis pas handicapé, je suis capable de faire le ménage tout seul, ce n'est pas parce que les De Latour ont des boniches, qu'il en est de même pour tout le monde.

Et c'est reparti, je grimace et me terre dans le silence, chaque fois que j'ouvre la bouche c'est pour semble-t-il, l'offenser alors que ce n'est pas du tout le but recherché, je veux juste apprendre à le connaitre.
Mes yeux se fixent sur sa blessure, il a une belle entaille. Je mets de l'alcool sur un coton et tamponne la plaie sans le ménager.

- Aïe, putain ça fait mal.

- Chut, calme toi.

Lorsque ses grands yeux verts se posent sur moi, je suis perdue, est ce de la tristesse qui assombrit ses prunelles ? De la peur ? J'aimerai tellement le découvrir. Je lève la tête vers lui et ressent le besoin de me justifier :

- Je sais que tu ne me crois pas, mais je n'ai pas couché avec toi par intérêt, je le répète haut et fort, j'ai tout un tas de défauts, mais pas celui ci. Je sais aussi que mon père a tuer ton frère et maintenant je sais que ma mère et ton père, on eu une liaison. Et pour le reste, je parviendrai à le découvrir d'une manière ou d'une autre et même si c'est sans ton aide. Voilà, ton pansement est fait. Je dis pour finir.

Valentin se contracte et serre les dents, je m'apprête à me lever pour aller jeter les compresses usagées, mais il pose sa main sur la mienne me faisant comprendre de ne pas bouger.

- C'était un après midi de décembre, la veille de noël pour être précis, c'était les vacances. Ce jour là, il neigeait depuis des heures à gros flocons, je jouais dehors avec mes copains, on était tous très excités, de la neige pour noël, c'était inespéré, on avait fait un bonhomme de neige gigantesque. Lorsque je suis rentré chez moi pour goûter, c'est une mère dévastée que j'ai trouvé près du sapin, elle pleurait à chaudes larmes, elle venait d'apprendre pour mon père et Adéla, ta mère. Je me sentais terriblement mal car inconsciemment, j'avais toujours su pour eux deux, mais je ne m'etais jamais confié à personne.

Adéla venait tous les jours à la galerie, je savais que papa l'aimait bien et moi aussi je l'aimais bien d'une certaine manière. Elle était gentille, drôle et elle s'intéressait vraiment aux tableaux de papa, contrairement à maman qui n'avait jamais cru en son talent, considérant que l'art n'était qu'un mode d'expression subjectif, une folie passagère, elle le jalousait et ne se rendait pas compte que cela pourrissait leur relation.

J'avais terriblement honte de moi, ma mère était anéantie et je ne savais quoi lui dire pour la réconforter. Au lieu de la prendre dans mes bras, comme n'importe qui l'aurait fait, je l'ai laissé seule, démunie et je suis partie me cloitrer dans ma chambre.

Mon père est rentré avec Raphaël une heure plus tard, il est venu me rejoindre dans ma chambre, il pleurait, papa venait de lui annoncer qu'ils allaient se séparer et que nous ne pourrions plus vivre tous ensemble. J'ai serré mon petit frère dans mes bras et on a attendu là sans bouger étouffant nos sanglots dans l'oreiller. Une grosse dispute à éclater entre nos parents, la porte a claquée, on a entendu un bruit de moteur.

Vers 21h00 les gendarmes ont frappés à la porte pour nous annoncer le décès de nos parents, ils venaient d'avoir un très grave accident de voiture.

On nous à demander de rassembler quelques affaires dans un sac, je suis parti dans un foyer en banlieue et Raphaël à été recueillis dans une famille, il n'y avait pas assez de place pour nous deux, nous a t'on dit.

Valentin me regarde désolé en me racontant cette vérité que j'ai tant de fois chercher à connaître et j'ai le cœur en miettes, pire que ça il s'est liquéfié, je sais que c'est déplacé de pleurer devant lui qui a perdu ses parents, alors que je ne les connaissais même pas, j'essuie le reste de mes larmes, paralysée. Je regarde les marques sur son visage et comprends tout à coup d'où elles proviennent, certes, elles sont là parce qu'il abuse des plaisirs de la vie avec excès, mais à qui la faute ? Toute sa vie, il ne l'a passé qu'à se morfondre pour ses parents et son frère disparus, et se condamne lui même, comme si il était mort lui aussi. Parce qu'au fond son problème, c'est que lui, il est toujours en vie. C'est pire que ce que j'imaginais.

Je tente de balbutier un minable, je suis désolée. Alors que lui reste impassible, pas une once de tristesse dans son regard, pas même un trémolo dans sa voix, pourquoi est il si dur avec lui même et avec les autres ? Les pièces du puzzle semblent peu à peu s'emboiter, mais il me manque tout de même la pièce maitresse, le mobile ? Pour quelle raison mon père aurait tué Raphaël, simplement parce qu'il portait le nom des GARNIER ? Je n'y crois pas une seconde. Mon téléphone sonne, zut c'est Alex, je regarde Valentin et lui chuchote un, excuse moi, je renifle et reprends ma respiration avant de répondre à celui ci. Chamboulée.

Alex : T'es où ?

Moi : Pourquoi ?

Alex : T'es pas chez toi, finalement j'ai pu me libérer, je comptais finir ma soirée avec René Zellweger et Colin Firth...Ça te dit de te joindre á nous ?

Moi : J'ai changé mes projets au dernier moment, désolée, mais ce n'est que partie remise, il passe le deux la semaine pro.

Ce n'est pas très correct de ma part, mais j'abrège la conversation, ce n'est ni le moment, ni l'endroit. Je raccroche, éteins mon téléphone et le repose discrètement au fond de mon sac.

- Ton frère ?

- Oui.

-Tu peux partir, si tu veux. Me dit Valentin en se levant.

- Non, je veux rester encore un peu, on n'a pas encore bu le café.

Alex... je te maudis d'avoir interrompu un moment comme celui ci.

Valentin a le regard plongé vers l'extérieur, il est dos à moi, je me lève pour le rejoindre et lui pose cette question qui me turlupine tant et à laquelle il ne veut pas me répondre, je retente ma chance, qui sait ?

- Je peux te poser une question ? Ta cicatrice à l'arcade, comment est ce que tu te l'aies faite ?

- Tu ne renonces donc jamais ? Ok, c'était à la fin d'un match de foot, on venait de le remporter haut la main et les supporters de l'équipe d'en face...

- S'il te plait, épargne moi ces sornettes, tu veux bien me dire la vraie vérité... je l'implore.

- Comme tu veux, on était tous à la Galerie, mon père, Adéla et toi aussi tu étais là, ton père à déboulé comme un fou furieux, il voulait tout casser, il à commencé à s'en prendre à une des toiles de mon père, je n'avais que 13 ans mais j'avais parfaitement conscience de ce qui était en train de se passer. Mon père ne voulait pas de ce genre de publicité, il a essayé de calmer le jeu un temps, puis vint le moment où ton père s'en ai pris à Adéla, il à foncé sur elle, je me suis interposé et j'ai reçu un coup au visage, j'ai trébuché et ma tête est venue s'écraser contre un chevalet.

Je crois ...enfin j'en suis même persuadée, que j'aurais cent mille fois préféré la version qu'il s'apprêtait à me vendre plutôt que d'entendre de telles horreurs. Je reste figée sur place, enracinée au carrelage, le goût de la bile me monte au palais et je meurs à petit feu.

Valentin a beau paraître serein et désinvolte, je sais que c'est un homme meurtrie, qui n'attache plus aucune importance à rien ni à personne, jamais il ne sera plus capable d'aimer, il ne s'aime pas lui même. Je comprends ce soir, tellement de chose. Il vit dans une bulle obscure où il évince tous les gens qui l'entourent, tous ceux qui veulent lui tendre la main.

Il serait tellement parfait, si il arrêtait de s'autodétruire pour quelque chose qui n'est en rien de sa faute.

Il fait les cent pas, tire sur ses cheveux et se laisse tomber dans le canapé. Ses yeux sont si sombres et ses traits si durs.

- Viens t'asseoir, je n'ai pas encore terminé. Me dit-il froidement en me faisant signe de venir m'assoir à ses côtés.

Je le rejoins les mains tremblantes et la gorge sèche.

- Comment ça, ce n'est pas terminé ?

- Il y a 5 ans, Raphaël a fait son stage au SRPJ de Bordeaux, et sans le vouloir, je sais, ça peut paraître incroyable, après toutes ses années, mais il est tombé sur des archives de la mort de nos parents. Au début il refusait d' y croire et a mis du temps à tout me révéler. Ce n'était pas un accident, mais bel et bien un assassinat. Plusieurs éléments et même des preuves formelles ont permis d'en arriver à cette conclusion. A l'époque, il n'y a pas eu d'enquêtes, on nous a rapidement dit qu'une plaque de verglas était à l'origine du drame. Raphaël avait 9 ans et moi 13, nous n'avions aucunes familles, il semblait plus simple pour la police de ne pas faire de recherche et de ne pas donner suite.

Affaire classée !

Cette information à alimenter un fort désir de vengeance, nous étions convaincus tous les deux, que ton père était à l'origine de ce plan machiavélique. Pour en être sûr, Raphaël a envoyé un CV chez les De Latour et quelques semaines après, il a été appelé pour faire les vendanges.

Il a réussi à approcher ton père, il l'a mis devant le fait accompli un peu en bluffant et lui a dit qu'il était au courant de tout, de l'assassinat de nos parents maquillé en banal accident de la route, et que si il ne se rendait pas à la police, il irait lui même, le dénoncer. Le lendemain Raphaël était mort, tombé dans cette foutue machine.

Je me tiens la bouche pour m'empêcher d'hurler j'ai mal, profondément mal. Mon cœur me brûle, mes yeux sont inondés de larmes, j'ai besoin d'air, je ne peux plus respirer, il faut que je me sauve de cet enfer. Que j'aille me cacher, j'ai tellement honte de mon père, de ce qu'il a fait.

- Ne pars pas, s'il te plait reste.

- Je ...je peux pas écouter ça. Je suis navrée.

Valentin semble paniqué à l'idée de me voir partir maintenant, il me retient et m'attire dans ses bras, son geste est emprunt de réconfort et il semble sincère.

Avant même de m'en rendre compte, je pleurs sur son épaule, je me sens si faible, si seule. Alors ça y est, je connais toute la vérité, cette atrocité sans nom, ce cauchemar édifiant et maintenant il se passe quoi ? Qu'est ce que je suis censée faire en sachant tout ça ?

- Je suis désolé, je ne voulais vraiment pas te mêler à ça. Valentin semble avoir conscience que maintenant je suis moi aussi complètement mêlée à cette tragédie.

- Tu n'as pas à être désolé, tout est de ma faute, j'aurais milles fois pu t'oublier, faire une croix sur toi et laisser les souvenirs de notre rencontre au fond d'une vieille malle. Mais non il a fallut, que je te colle comme une sangsues, que j'en veuille plus encore et encore. C'est moi qui suis désolée.

-J'ai longtemps réfléchi à la façon dont j'allais me venger et après avoir étudié plusieurs scénarios tous plus machiavéliques les uns que les autres, t'ôter la vie semblait être là meilleure solution pour y parvenir.

- Je veux que tu saches que je ne t'en veux pas et que je ne t'en voudrais jamais pour tout ce que tu m'as fait, c'est dur à avouer, mais j'aurais probablement fais la même chose si j'étais à ta place...

Valentin me regarde avec des grands yeux écarquillés, il semble surpris par ma réaction. Eh oui, il faut bien être honnête, je crois même que j'aurais été au bout contrairement à lui qui n'en a pas eu le courage.

Je déteste ma vie, je déteste mon père, je ne pourrais plus jamais le regarder en face, je suis d'accord avec Valentin, il faut qu'il soit puni pour ce qu'il a fait, même si je suis consciente que je suis la première qui vais en souffrir et même si c'est au péril de ma vie.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant