Point de vue Justine.
Mercredi 02/02
Je me réveille avec une affreuse migraine qui me martèle le crane et d'horribles mots d'estomac. Et ça a duré toute la nuit. Je pensais que la nuit précédente avait été la pire nuit de toute mon existence mais ça, c'était avant.
J'ai envie de mourir, combien de temps ce calvaire va t'il encore durer ? Deux semaines ? Deux mois, deux ans ?
Je ne veux plus endurer cela, j'ai essayé de mettre mes émotions de côtés, mais là, je n'arrive plus à faire semblant.
Au point où j'en suis, je ne vois pas pourquoi, je devrai rester en vie.
Je ne vois aucune solution pour sortir d'ici, mourir est l'unique moyen de quitter cet endroit.
Le doux visage de ma mère et le sourire bienveillant d'Alex apparaissent devant mes yeux tel un flash, et je me demande si j'ai le droit de les faire souffrir, de me laisser aspirer dans cette spirale infernale sans lever le petit doigt. Les connaissant, je sais pertinemment qu'ils doivent garder espoir que je sois quelque part, toujours en vie. Je reviens subitement à la raison et me raccroche à ce qu'il me reste, c'est à dire pas grand-chose.
J'entends des bruits de pas, c'est Valentin qui approche par ici, qui d'autres ? Il n'y a vraisemblablement que lui et moi dans cette maison.
Il me regarde bizarrement. Je l'observe à la dérobée. Il passe la main dans ses cheveux tout en s'approchant de moi.
- Qu'est ce qu'il y a, ça ne va pas ? Il me demande ça, comme si c'était la fin du monde.
- Et je peux savoir depuis quand vous vous souciez de moi ? Arrêtez de stresser, j'ai juste un vilain rhume.
Valentin se baisse et s'assoit là, par terre, juste à côté de moi. J'ai un mouvement de recul, quz compte t'il faire ? en fait, il ne fait que poser sa main sur mon front.
- Merde vous êtes brûlantes, vous avez de la fièvre. Restez là, surtout ne bougez pas, je vais vous chercher quelque chose.
Il a avalé un clown aujourd'hui, où est ce qu'il voudrait que j'aille, les pieds et mains liées, comme-ci c'était moi la criminelle ici.
Il est de retour quelques instants plus tard, les bras chargés, une couverture polaire, un oreiller, du doliprane et un verre d'eau. Je crois rêver, enfin si c'était un rêve il faudrait que je me pose sérieusement des questions.
- Vous faites quoi là ? Vous avez décidé de jouer les bons samaritains ?
- Avalez ça, allez, magnez vous un peu.
- Mais, lâchez-moi, je peux très bien y arriver toute seule. Pourquoi un tel traitement de faveur subitement ?
- Fermez là où je remballe tout l'attirail.
- Ouais c'est ça...
- Qu'est ce que vous marmonnez, parlez plus fort.
- Rien, c'est bon.
Je n'étais plus habituée à un tel degrés de confort, je ne me fais pas prier, je m'enroule dans la couverture toute douce, la chaleur et la douceur de celle-ci me procure un bien être immédiat.
Je tremble comme une feuille, j'ai au moins 40 de fièvre et cette envie de vomir qui ne me quitte pas depuis hier.
Je connais cet état, la contrariété, cette histoire d'adoption, me tord le bide.
Après l'incompréhension c'est la colère qui m'envahie. J'en veux terriblement à mes parents, de m'avoir cacher la vérité pendant toutes ces années. Moi qui croyais qu'on n'avait pas de secret de famille, qu'on se disait tout, dans une confiance aveugle, foutaises, ouais !
Je n'en veux pas à ma génitrice, non, car je suis certaine qu'elle avait des raisons légitimes pour en arriver là, décider d'abandonner son enfant est sans nul doute, la pire des décisions qu'il faille prendre dans une vie. Et à 16 ans, quel avenir avait-elle à m'offrir ?
En attendant, si Valentin n'avait pas mis la main sur les papiers d'adoption, je n'aurais très probablement jamais su la vérité. Désormais, je suis en proie à tout un tas de questionnement. Je m'étais pourtant juré de ne pas ressasser, de laisser le passé à sa place. Mais c'est plus fort que moi, je ne parviens pas à effacer de ma mémoire ces mots qui résonnent comme un marteau piqueur dans mon esprit.
Et finalement, le plus dur dans tout ça, ce n'est pas d'avoir été adoptée, c'est juste qu'on me l'ait caché, même si c'est assez déroutant. Et la personne qui me déçois le plus, c'est Alex bien sûr, garder un si lourd secret n'a pas du être évident pour lui, je le conçois, mais on a toujours tout partagé lui et moi, pourquoi ne m'a t-il rien dit ?
Je sais pertinemment qu'il était au courant depuis le début, forcément, il l'a toujours su, c'est évident maintenant, tout est claire comme de l'eau de roche. Son comportement si étrange envers moi, sa façon de toujours veiller sur moi, de me surprotéger.
Alex a pris sans le vouloir, la place de ce jumeau dont j'ai été séparé à la naissance, les jumeaux partagent, une fusion relationnelle spécifique, un lien gémellaire qui procure une communication quasi télépathique, on ne peut pas séparer des jumeaux sans qu'il y est de séquelles irréversibles. Voilà pourquoi je n'ai jamais ressenti de manque affectif, car j'avais Alex, je l'avais lui.
Valentin me sort brutalement de la réalité, en me relevant de l'endroit où je somnolais en état de semi léthargie.
- Hey, ho, où est ce que vous m'emmenez ?
- Vous allez me suivre bien sagement, pas de gestes brusques, pas de tentative débile et tout se passera bien.
Il s'arrête net et sort de sa poche une pince coupante, il me débarrasse de mes liens, coupe d'abord ceux que j'ai aux poignets, puis ceux autour de mes chevilles, est-il sur le point de me libérer ?
Un sourire incontrôlable se forme sur mon visage, mais très vite, je me rends compte, que je fais fausse route.
- Vous êtes journaliste, c'est bien ça ?
- Euh, oui.
Mais pourquoi cette question ? je ne vois pas très bien où il veut en venir.
- C'est parfait, j'ai justement besoin de quelqu'un qui fasse éclater la vérité au grand jour.
- Mais de quoi parlez vous, quelle vérité ?
S'il fait allusion à mon adoption, tout le monde se contre fiche de savoir que j'ai été adoptée, on est loin d'avoir un scoop ! A la rigueur il aurait plus de succès avec un gros titre du style : La fille du célèbre et richissime Charles Henry De Latour, trompée et humiliée quelques mois avant son mariage. Ça oui ça intéresserait les cancans.
- Hep hep hep, chaque chose en son temps. Me répond-il.
Mais où m'emmène t'il ? Je le suis sans rechigner, il me tient par le poignet, si fort que je sens mes os se disloquer sous le poids de sa force.
On se dirige vers la porte en bois, on rentre à l'intérieur de la maison. Enfin, je me dégourdie les jambes et change de paysage, c'est pas trop tôt. On arrive dans ce qui semble être la pièce principale de celle ci, nous traversons une cuisine ouverte plutôt classique et élégante, qui donne sur un immense salon. Waouh quelle surprise, j'ai du mal à croire qu'un mec vive seul ici, la décoration est tellement raffinée, et surtout l'état de la maison est impeccable. Les murs sont recouverts de tableaux en tout genres, tous signés « PG ».
Le feu crépite dans la cheminée, il fait bon, c'est tellement agréable cette chaleur, rien à voir avec les 10 degrés qu'il doit faire à la cave. J'inspecte le plus discrètement possible chaque centimètre carré, mais bien sûr, toutes les issues sont fermées par des volets.
- Asseyez-vous.
Je m'assois sur la chaise qu'il me présente à la table du salon près du feu, on est dans la quasi obscurité, Valentin prend place en face de moi, il me tend une feuille de papier A4 blanche vierge et un stylo bille.
- Écrivez ce que je vous dicte.
Il semble ne pas trouver ses mots, je le trouve hésitant, je profite de ce moment de faiblesse pour lui faire une proposition débile certes, mais qui ne tente rien, n'a rien.
- Attendez une minute, je veux bien vous aidez, je ne demande que ça, c'est mon domaine, mais accordez moi d'abord une faveur et je vous promets qu'ensuite, j'écrirai absolument tout ce que vous voudrez.
- Reprenez ce putain de stylo dans les mains et écrivez, je vous dis. Dit-il, en me forçant la main.
J'insiste, au risque de l'agacer encore un peu plus, mais je m'en fiche. Je suis obsédée par l'idée de prendre une douche, cette idée ne me lâche plus et je ferai absolument n'importe quoi, pour qu'il dise oui.
- Une faveur juste une, s'il vous plaît.
- Arrêtez de pinailler, je vous écoute, sinon je sens que vous n'allez pas arrêter de me casser les couilles.
- Voilà, est ce que je peux prendre des vêtements propres dans ma valise et me rendre dans votre salle de bain, j'en ai pour 5 minutes pas plus et après je ferai tout ce que vous me direz.
Il semble réfléchir, je croise les doigts pour qu'il accepte ma requête, ma peau n'a pas vu le savon depuis plusieurs jours... Quand à mes cheveux n'en parlons pas.
- Ok cinq minutes, pas une seconde de plus.
Et bien finalement, ça aura été beaucoup plus simple que ce que je pensais, bien entendu je ne le remercie pas, non mais, faut pas pousser quand même.
- Passez devant, la salle de bain se trouve à l'étage.
Nous nous retrouvons dans l'immense escalier en pierre, je monte les marches lentement observant les lieux, nous arrivons au premier. J'écoute ses instructions et emprunte un couloir qui me mène dans ce qui semble être sa chambre à coucher, ma valise est là, posée sur le sol, je reste béhate devant la décoration subtile et élégante, toujours dans le même esprit que le reste de la maison. Ça sent l'arnaque, il ne vit pas ici impossible.
Je constate qu'il a vraisemblablement fouillé à l'intérieur de ma valise, tout est en vrac. J'attrape des sous vêtements propres dépareillées, peu importe, un jean, un gros pull over, le plus chaud que j'ai et une paire de chaussettes. Je suppose que c'est inutile de prendre mon ipod.
- Allez ça suffit maintenant, vous vous croyez aux Galeries Lafayette.
Zut alors, je n'ai même pas eu le temps d'attraper ma trousse de toilette.
Il rentre dans la salle de bain et en ressort quelques secondes plus tard.
- Écoutez moi bien, vous allez rentrer là dedans. Vous avez 5 minutes pour faire vos petites affaires et pas une de plus, c'est bien compris ? Ah oui j'oubliais, inutile de chercher mon rasoir pour tenter je ne sais quelle connerie avec. Je vous attends ici.
C'est pas complètement con, vu dans l'état où j'étais hier, y avait de quoi flipper. Les pires choses ont traversé mon esprit, j'étais inconsolable, c'est vrai, et la mort semblait être la seule échappatoire.
Il y a encore à peine quelques heures, j'aurais effectivement pu utiliser une des lames comme appel au secours, j'aurais pu tout abandonner pour mourir, mais maintenant, j'ai chassé ces idées noires de ma tête et ce n'est plus à l'ordre du jour.
Je rentre à l'intérieur de la salle de bain et comme je le pressentais il n'y a aucune issue, seulement une toute petite lucarne avec une grille de sécurité. Je regarde à travers, inutile de me mettre à hurler, il n'y a rien aux alentours à par des km de forêt, des pins à perte de vue.
La porte ne ferme pas à clé, je me déshabille rapidement. La salle de bain est grande et tout aussi propre que le reste de la maison.
Douche ou baignoire ? Le choix est vite fait, ne disposant que de 5 minutes je me glisse sous la douche.
Je respire à nouveau, c'est comme une deuxième naissance, quel bonheur de sentir l'eau brûlante couler sur ma peau, tout à coup je compatis avec les candidats de Koh Lanta, 40 jours sans prendre une douche, sûr de sûr, jamais on ne me verra dans cette émission.
J'attrape le flacon de gel douche bon marché, du axe for men, forcement ça sent l'homme, mais c'est pas le moment de jouer les enfants gâtées. Je sais que je suis limité au niveau timing, mais tant pis je m'accorde le luxe de me laver les cheveux.
Je ne sais pas depuis combien de temps je reste sous le jet brûlant de la douche, j'aurais pu rester là des heures entières. Je me décide enfin à sortir de celle ci, enroule mes cheveux dans l'unique serviette que j'ai à ma portée. Je relève la tète et le vois lui, mes yeux plongés dans la profondeur de ses iris verts.
- Mince alors vous ne pouvez pas frapper non ? Qu'est ce que vous foutez là, à me reluquer les seins, sortez d'ici immédiatement. Il reste là planté devant moi, j'hallucine, il me matte ouvertement, en plus d'être un psychopathe, ce type est un vrai pervers.
- Je vous avais prévenu, 5 min pas une de plus, c'était ça le marché.
∞
Point de vue Valentin.
Punaise qu'est ce qu'elle est bandante, elle est carrément canon. Rien à voir avec les pouffes que j'ai l'habitude de fréquenter. Elle est... différente.
Bordel, je suis bon pour l'asile, mais qu'est ce qu'il m'arrive, je reste comme un con à la fixer, sans savoir quoi dire, sans bouger. Je suis complètement chamboulé. Je ne m'attendais pas à ressentir un truc pareil en la voyant à poil dans ma salle de bain. Aurais-je perdu la raison ? Voilà que je me mets à fantasmer sur la fille que je retiens prisonnière.
Il y a tout à coup, comme un putain de malaise entre nous, elle me foudroie du regard, heureusement qu'elle n'a pas un flingue à la place des yeux, je serais à l'heure qu'il est, criblé de balles. Elle fait apparemment des efforts surhumains pour ne pas me flanquer son poing au milieu de la figure, elle prend sur elle, soupire et essaye de se cacher tant bien que mal. Elle est encore plus canon, lorsqu'elle est en colère.
Et là en cet instant, je comprends à quel point cette présence féminine ici ne me déplais pas tant que ça, plus je la regarde, plus je la scrute, ses cheveux bruns qui lui tombent jusqu'au bas de son dos, ses yeux pétillants, sa peau couleur miel et son expression presque toujours joyeuse malgré la merde dans laquelle elle se retrouve.
Ça fait du bien un peu de vie dans cette baraque, à par quelques pétasses que j'ai ramené ici, le silence règne depuis bien trop longtemps. Je me retourne et la laisse se rhabiller, je me rends compte que je n'aurais jamais dû accepter de lui accorder cette faveur, maintenant elle ne me prendra plus au sérieux. Je suis en train de perdre toute crédibilité.
Il faut que je me ressaisisse, je prends un air grave et ajoute.
- Allez, assez traîner, on passe aux choses sérieuses.
Hum, elle sent bon et ses cheveux, ils ont l'air doux et soyeux, en même temps, même sale et sans aucune trace de quelconque cosmétique, elle était déjà super sexy. Elle passe devant, je la suis de près, des fois qu'elle veuille se barrer d'ici. Il faut que je redouble de vigilance, elle m'a l'air sacrément maligne.
- Bon on recommence, vous allez écrire tout ce que je vous dicte et vous y mettez les formes, compris ?
- Ok, allez y, je vous écoute.
- Pour le titre, on verra ça plus tard.
Je vois bien qu'elle jette des coups d'œil frénétiques partout autour de nous, elle va tenter quelque chose, je le sens, j'ai fait attention, tout est fermé à clés. Elle ne pourra pas s'échapper d'ici.
- Aïe ! Merde, espèce de salope.
Je rêve, cette garce vient de me planter le Bic dans la main droite, je pisse le sang. J'aurais du me méfier davantage. Je déteste la vue du sang. Tout à coup, je ne me sens pas très bien, mais j'essaye de ne pas lui montrer.
- Vous allez me le payer très cher.
Je me lève malgré la douleur et me met immédiatement à sa poursuite, elle se dirige vers le téléphone fixe, ce que je peux être con, je n'avais pas pensé à ça, heureusement je suis plus rapide qu'elle, je débranche le fil in extremis.
- Vous vous croyez maligne ?
Je l'attrape par le poignet et l'attire violemment contre moi, je ne vais plus la lâcher d'une semelle. Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire d'elle ?
Je l'attrape par le menton, la fixe droit dans les yeux, mais à cet instant, j'aurais plus envie de lui fourrer ma langue dans sa bouche, plutôt que de lui coller une tarte. Je retrouve un semblant de bon sens et poursuit.
- Vous allez réparer vos conneries et me désinfectez ça immédiatement, allez on remonte.
J'attrape une trousse à pharmacie dans le placard de la salle de bain, puis on s'installe sur mon lit. Elle s'assoit à coté de moi, elle fait une drôle de tête, elle semble regretter son geste. Je tremble et j'ai des sueurs froides, il ne faut pas que je regarde la plaie. Elle prend ma main dans la sienne et s'apprête à me passer un coton imbibé d'alcool.
- Qu'est ce que vous êtes drôle, vous faite le mec dur, genre Arnold Schwarzenegger, mais en fait, vous êtes tout le contraire, une vraie guimauve. Bon je vais essayez de ne pas vous faire mal, mais ça risque de piquer un peu. Respirez bien, détendez vous, 1, 2, 3. Ne vous crispez pas comme ça, ça va allez, je vais vous mettre un bandage. Dites, vous vivez seul ici ? Simple curiosité. Je tiens à vous dire que vous avez vraiment bons gouts en matière de déco, c'est charmant, votre maison est magnifique, dommage, que je doive passer la majeure partie du temps dans la cave. Vous ne parlez plus, vous m'en voulez, je comprends ? Mais avouez quand même que j'ai de bonnes raisons d'avoir agit de la sorte.
Putain, mais elle ne s'arrête jamais de parler, un vrai moulin à paroles cette gonzesse.
- Je m'excuse, je ne voulais vraiment pas vous blesser, je n'ai jamais été violente envers quiconque, mais comprenez, que vous avez mis une sacrée pagaille dans ma vie, et qu'en ce moment, celle-ci ressemble plus à l'enfer qu'à un compte de fée, j'étouffe, il faut vraiment que je sorte d'ici. J'ai des comptes à régler avec ma famille et puis il y a Théo, je veux qu'il fiche le camp de chez moi, il n'a plus rien à faire là-bas. Et puis y a vous, vous êtes un mystère. Je ne comprends toujours pas ce qui me lie à vous, mais je parviendrai à le savoir et j'ai compris une chose aujourd'hui, vous n'avez pas l'intention de me tuer. Je vous l'ai déjà dit, vous n'êtes pas un assassin, il y a autre chose, mais vous ne voulez pas me dire quoi. De quoi avez vous peur Valentin ?
- Qu'est ce que vous êtes bavardes, jamais vous lâchez l'affaire, hein ?
- Ca équilibre un peu, avec vous qui ne parlez quasiment jamais. Vous avez des enfants ?
- Non.
- Comment ce fait il que vous soyez seul à 30 ans ? Vous êtes beau garçon, vous avez une belle maison ...
- J'ai pas eu l'occasion, c'est tout. Bon allez, ça suffit, je vous ramène à la cave.
- Oh non pitié pas la cave, s'il vous plait, tout mais pas la cave, il fait trop froid.
- A la cave, j'ai dis.
- Je ne sens plus mon corps, je suis exténuée, cette fièvre m'épuise, je ne peux aller nulle part.
Madame joue les rebelles, ce n'est pas un soucis, je la soulève et l'attrape fermement par la taille, je la porte jusqu'en bas, elle est légère comme une plume. Ca m'emmerde de la laisser seule dans le froid, mais il faut que je prenne le temps de réfléchir à comment tout ceci va se terminer.
- Vous savez, si vous me libérez maintenant, vous prendrez quoi ? Maximum 12 mois pour séquestration et avec les remises de peines, vous ferez 3 mois ferme, tout au plus. Il est encore temps de changer d'avis. Je leur dirai que j'ai été très bien traitée. Vous n'allez quand même pas foutre en l'air votre vie, pour je ne sais quelle raison débile.
Je m'avance en face d'elle, et plante mon regard dans le sien, je ne rigole pas, c'est le moins qu'on puisse dire.
- Raison débile ? Mais putain, vous ne savez rien, vous n'avez absolument pas la moindre idée de pourquoi vous êtes ici, alors fermez là, au lieu de balancer des conneries.
Je n'avais jamais ressenti cette putain d'angoisse, cette peur qui me tétanise complètement, elle à raison, je ne suis pas un salopard d'assassin, la tuer m'a traversé l'esprit, oui c'était même ce qui était prévu au départ. Si je l'ai suivi en Islande, c'est parce que je pensais qu'il serait beaucoup plus simple de me débarrasser d'elle là-bas, mais je n'ai pas pu, je n'ai pas eu les couilles. Je ne suis qu'un faible, un putain de lâche.
Je devais m'en tenir au plan, me débarrasser d'elle et lui piquer son sac à main.
Je passe mes journées à tourner en rond chez moi comme un abruti, seul, sans savoir quoi foutre. D'habitude, ça me va très bien, mais ça n'est plus le cas aujourd'hui.
J'ai le besoin quasi vital de sortir, de me changer les idées, de partager des choses avec quelqu'un, de me sentir épaulé, qu'on m'écoute et cette envie, c'est réellement accentué depuis que cette nana est ici, sous mon toit.
- Vous ne pensez pas qu'il est temps qu'on arrête de jouer au chat et à la souris, si vous ne me dites pas ce que je fais ici, comment voulez vous qu'on avance ?
∞
Point de vue Justine.
Mon ravisseur est une énigme, il a l'air subitement tellement abattu, rongé par un terrible secret, comme si il portait toute la misère du monde sur ses épaules, ce n'est pas un mauvais gars, il n'a pas un mauvais fond. Il me fait tellement de peine et chose invraisemblable, je n'ai plus peur de lui.
Je ne devrais pas le prendre en pitié, je le sais ça. Mon cerveau tourne au ralenti et je suis particulièrement lente d'esprit aujourd'hui, mais il ne faut pas que je me fasse aveuglée, il ne faut surtout pas que je perde de vue que je ne suis que la victime de sa haine démesurée envers moi.∞
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Seule, face à lui
RomanceKidnappée, séquestrée dans un garage... Même dans mes pires cauchemars, je n'aurais jamais cru que cela puisse m'arriver à moi et surtout que ça chamboulerait ma vie à ce point. Mon ravisseur est une énigme et tout ce qui tourne autour de lui n'est...