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Point de vue Justine.


Je reprends ma respiration et mets quelques instants avant de parler.

- Oui, allo.

- C'est moi.

Valentin, qui d'autre ? Je commence à connaître parfaitement, cette voix suave et légèrement cassée, j'essaye de rester aussi froide et impassible que possible. Ce qui n'est pas une mince affaire, quand on sait l'effet que ce type produit sur moi.

- Qu'est ce que tu veux ? Effectivement, je suis aussi froide que le carrelage de mes toilettes. Veut il se racheter une conduite ?

- Il faut que je sache quelque chose, où est la mallette ? Est ce que, tu l'as ouverte ? Il me demande ça, comme si sa vie en dépendait.

Ras le bol de cette fichue mallette de malheur, je l'ai posé sous mon lit depuis des semaines, je n'ai pas encore trouvé le courage de l'ouvrir, ce n'est pourtant pas l'envie qui m'a manqué, la curiosité étant de plus en plus forte chaque jour, mais je n'ai tout simplement pas envie que ce qui se trouve a l'intérieur de cette maudite mallette me gâche la vie.

- Oui elle est chez moi et non, je ne l'ai pas encore ouverte. Je réponds, simplement.

- Ne l'ouvre pas, il faut que tu me la rende, comme c'était prévu. Dit-il dans un murmure, se faisant presque suppliant.

Alors que je franchis le pas de ma porte, toujours l'oreille collée sur mon téléphone, je me retrouve projetée dans une espèce de série B, ayant pour thème « La malédiction ».

- Allo Valentin, surtout ne quitte pas, je te reprends tout de suite après... Théo ?! Mais qu'est ce que tu fiches là ? Sors d'ici immédiatement ou j'appelle la police.

J'ai à peine le temps de poser ma valise dans l'entrée, que je constate avec stupeur, qu'il est là, chez moi dans mon appartement, sans y avoir été invité.

- Justine réponds moi, l'autre taré est chez toi, c'est ça ? J'entends vaguement Valentin au loin s'égosiller, plus concentrée par le tableau que j'ai sous les yeux que par sa voix, qui n'est désormais plus qu'un bruit de fond.

- Théo je t'en conjure, va t'en.

Mes mains se mettent à trembloter, je lâche le téléphone par mégarde. C'est à peine croyable, Théo qui devait avoir conservé un double de mon appartement, est affalé sur mon lit.

En le regardant de plus en plus attentivement, j'en viens à me demander comment j'ai fait pour passer deux ans de ma vie avec ce petit merdeux.

Ses yeux sont injectés de sang, ses cheveux son gras et il empeste l'alcool. Ses vêtements sont tachés et déchirés comme si il avait écumé tous les bars de la ville.

Je ne parviens pas à comprendre ce qu'il attend de moi au juste, c'est lui même qui a décidé de mettre un terme à notre histoire d'amour en se tapant une gamine de 18 ans et maintenant il est là, affichant toute la misère du monde sur ses frêles épaules. Jamais je ne pourrai lui pardonner.

- Va t-en. Je répète un peu plus fort.



Théo ne me laisse pas le temps de prononcer un mot de plus, il m'attrape par le bras et me pousse farouchement sur le lit, j'ai un manque évident de force, je ne suis pas en mesure de me défendre.

- Je t'aime, je n'ai plus la force de continuer sans toi. Je te pardonne bébé. Je vais revenir m'installer ici avec toi et plus que tout, je veux t'épouser.

- Mais tu ne comprends pas, je ne t'aime plus ! Hurlé-je, du plus profond de mon être.


C'est vrai je ne ressens plus rien pour lui même pas un peu de compassion. C'est comme ci je ne l'avais jamais aimé.

Il pose un coussin sur ma bouche pour étouffer mes cris. Il n'a jamais été violent par le passé, jamais un mot plus haut que l'autre, jamais un geste déplacé. Est ce l'alcool qui le rend ainsi, ou la tristesse qui le pousse à agir de façon aussi désespérée ?

Je sais qu'il est incapable de me faire du mal, j'ai quand même vécu 2 ans avec lui pour savoir que ce n'est pas un méchant, les larmes ruissellent sur mon visage tandis que je le laisse continuer dans ses divagations sans manifester le moindre signe de défense, je ressens tout a coup une telle pitié pour lui.

Je m'immobilise quelques secondes, abasourdie, j'ai soudain du mal à réaliser ce que je suis en train de voir, est ce que se sont les médicaments qui me filent des hallucinations ? Valentin est désormais là, avec nous dans la chambre, en tenue de sport, j'ai l'impression que mon cœur cesse de batte, un long frisson me glace la colonne vertébrale à la vue de son visage, il semble plus déterminé que jamais à foutre une racler à Théo.

Il a déjà eu l'occasion une fois de s'en prendre à lui et ça s'est terminé à la gendarmerie, il faut que j'empêche un nouveau drame, mais je n'arrive pas à me lever. Je suis clouée au lit, j'ai la tête qui tourne et d'affreuses douleurs dans les tempes.

- Pitié, arrêtez ça !

Théo saute au cou de Valentin en hurlant des injures.

- Espèce de salopard, tu m'as pris Justine, elle était tout pour moi.

Cette fois ci Valentin ne lui laisse pas le temps de se rapprocher de lui davantage, il attrape son bras pour le flanquer au sol, il est tellement en déséquilibre à cause de l'alcool ingurgitée, qu'il tombe de lui même, de tout son poids sur le parquet. Je vois clairement que Valentin essaye de se retenir de ne pas lui asséner plusieurs coups.

- Comment es tu rentré ici ? Lui demande-t-il, en le tenant par le menton, répond espèce d'enfoiré.

Théo n'a pas le temps de répondre à la question que Valentin vient de lui poser, qu'Alex débarque dans la chambre en trombe, en observant la scène, il ne peut s'empêcher de s'écrier :

- Mais qu'est ce qui se passe ici ?

J'aimerai pouvoir lui répondre, mais mes yeux se ferment tout seul, mes paupières deviennent de plus en plus lourdes et j'ai l'impression de plonger dans un profond coma, inutile de lutter. Je m'endors.

Lorsque je me réveille, la première chose qui me frappe c'est le silence, je suis couverte, la tête calée contre mon oreiller et mon ourson en peluche. J'ai l'impression que tout ceci n'est qu'un mauvais rêve, qu'une angoisse de plus à une vie plus que morose, mais le regard de Valentin, posé sur moi me rappelle à l'ordre. Il est assis au bout du lit. J'ai l'impression qu'il est inutile de parler, son regard en dit tellement long.

Je me redresse et me met à pleurer, des larmes de tristesses, des larmes de douleurs, des larmes d'incompréhension, j'étouffe mes sanglots contre nounours, comme lorsque que je n'étais qu'une petite fille. Valentin se rapproche de moi, je peux désormais très clairement sentir son souffle saccadé sur ma peau. Je lève les yeux vers lui et crois défaillir lorsque je me rend compte que même dans cet état de colère, je le trouve toujours incroyablement beau et terriblement sexy. Son regard semble plus vert que vert, comme si c'était possible.

Je me penche légèrement vers lui et pose ma tête contre son épaule, qui se veut rassurante, je crois bien l'avoir senti frémir légèrement, mais il ne dit rien et se contente de poser sa main sur ma cuisse.

Ce simple contacte à le don de me foudroyer sur place, et mon cœur s'accélère à un rythme que je ne soupçonnais pas possible, ma tête toujours calée contre son épaule, je n'ose plus le regarder, tout mon corps est en éveil et je dois me concentrer sur ma respiration pour essayer au mieux de cacher mon excitation grandissante. J'ai envie de lui comme jamais j'ai eu envie de personne.

Mais pourquoi me fait-il cet effet, bon dieu ? Comment est-il possible de ressentir une telle attirance physique pour un être qui a pensé à vous tuer ?

Ma conscience me donne des grands coups de coude et ma petite voix intérieure m'ordonne de me ressaisir, il ne faut pas que je me laisse entrainer dans la profondeur des abysses, mais Valentin semble en avoir décidé autrement, ses mains m'emprisonnent, il pose ses lèvres sur les miennes, et je me sens légèrement tressaillir, ma main entoure son cou, sa main caresse ma joue, brusquement nos langues se mêlent et je me rends compte à quel point je n'ai jamais ressenti ça pour personne, jamais.

J'ai eu plusieurs petits copains, des relations sérieuses et d'autres qui l'étaient nettement moins, mais de souvenirs, jamais aucun ne m'a fait un tel effet. Dès que mon regard se pose sur lui, j'ai les mains qui deviennent moites, mes jambes flageolent, mon cœur s'emballe, j'ai des palpitations, des bouffées de chaleur, je sens mes joues rougir, mon corps se transforme en un baromètre émotionnel.

C'est grave docteur ?

J'ai cette étrange impression de le connaître, comme si on avait vécus des choses ensembles par le passé. Je me sens très proche de lui et à la fois tellement éloignée, j'ai envie de connaitre tout de son histoire, son passé, sa vie, je veux tout savoir. Et chose absolument hallucinante, je ne ressens ni peur ni angoisse lorsque je suis à ses côtés, alors que j'aurais de très bonnes raisons d'être terrifiée.

Je suis en plein rêve, ses lèvres posées sur les miennes, j'aimerai que ce moment ne s'arrête jamais mais il en a malheureusement décidé autrement, il stop net notre étreinte, comme ci il venait de se rendre compte que c'est mal.

- Il faut que tu te reposes. Me murmure t-il, d'une voix rendue rauque par l'excitation et l'émotion.

Je lui offre un sourire sincère et bouleversant, et là je pourrais bien mourir sur le champ que je sais que j'ai atteins le but ultime de ma vie : être dans ses bras.

Il dépose un baiser chaud et pénétrant sur mon front, se lève brutalement et s'en va, me laissant toute pantelante.

- Attends ! Est ce qu'on va se revoir ? Je lui demande, complètement désemparée.

Il se retourne avec nonchalance et me lance un « probablement ».

Voilà tout ce qu'il trouve à me dire... j'ai parfois l'impression qu'il prend un malin plaisir à jouer avec mes nerfs, Alex à raison, ce type est un psychopathe.

Je reste allongée sur mon lit, me passant mon index sur les lèvres, dans l'incapacité de bouger, je fixe le plafond, Valentin et se baiser occupe tout mon esprit.

Mes pensées s'interrompent lorsque je vois le prénom de Chloé clignoter sur l'écran de mon téléphone portable. Avec tout ça, j'avais complètement oublié ma meilleure amie, des semaines que je suis censée la rappeler. Je décroche.

- Coucou Juju !

- Salut copine, comment vas tu ?

- Bien ... mais dit moi, c'est vrai tout ce qu'Alex m'a raconté ? L'annulation du mariage, ton agression ? Juju, il faut vraiment qu'on se voie, il y a urgence.

- Je t'expliquerai.

- Parfait dans ce cas, je passe te prendre à 20h00 et ne rechigne pas.

La conversation est brève, Chloé va venir me voir et je sais qu'elle saura me remonter le moral. Je me lève enfin de mon lit, où je suis affalée depuis bien trop longtemps, la tête encore perchée dans les nuages. Je me fraye un passage entre les oreillers qui ont volés en éclat sur le sol et ma commode, dont les tiroirs sont grand ouverts.

Je me dirige sans entrain vers le coin cuisine, j'ai un besoin imminent de caféine, je pose une tasse vide sur le socle de ma Nespresso et dépose la capsule dans la fente. Je pose mon regard désespéré sur l'extérieur, le soleil surplombant les vignes et la vue majestueuse qui se dressent autour du château me fait tout oublier l'espace d'un court instant. Je ne renoncerai jamais a ce paysage qui chaque jour me transporte.

Chloé fait partie de ces rares personnes qui savent vous redonnez le sourire, en un coup de fil de quelques minutes, elle peut vous aider à transcender les moments « laborieux » en instant de « bonheur absolu », c'est la personne sur qui ont peut toujours compter, c'est ma meilleure amie depuis les années lycée, beaucoup de gens utilise le terme « meilleure amie » à tord et à travers, sans vraiment en connaître le sens.

On était dans la même classe, en seconde, première et terminale au Lycée privée saint Genès la Salle. On à toutes les deux obtenues notre BAC L avec mention très bien. Ensuite je suis partie faire une école de journalisme, alors que Chloé, elle, s'est dirigée vers le tourisme. Elle possède sa propre agence de voyage dans le centre de bordeaux, et c'est un peu grâce elle, si j'aime autant voyager, elle a su me faire partager allègrement sa passion et ses envies d'ailleurs.

Après avoir avalé mon troisième café et mettre brûlée la langue au passage, je retourne dans ma chambre, mets un peu d'ordre dans celle ci, il y a un tel foutoire. Une idée me traverse l'esprit, en fait non, pour être tout à fait honnête, je ne pense qu'à ça depuis le début d'aprèm, ça devient obsessionnel....je me mets à quatre pattes sur le parquet en chêne et fait glisser la mallette de papa jusqu'à moi, je l'avais enfouie sous mon lit manquant cruellement de courage.

A dire vrai, je n'avais pas du tout l'intention de l'ouvrir, pourquoi l'aurais je fait ? J'avais même oublié que j'étais en possession de celle ci, jusqu'à ce que Valentin m'appelle il y a quelques heures, pour me dire de ne surtout pas l'ouvrir...et voilà que maintenant, je n'ai plus que ça à l'esprit, braver l'interdit, c'est plus fort que moi, j'ai un besoin presque viscérale de savoir ce qui se trouve à l'intérieur.

Je m'empare de celle ci et la pose doucement sur la table basse du salon, comme ci c'était un colis piégé, en vrai, je ne suis peut être pas si loin du compte. Je vais en avoir le cœur net d'ici quelques secondes.

Ok, allez Ju, respire un bon coup, comme ci, ça allait changer quelque chose... je m'empare du cadenas qui a été forcé par Valentin quelques semaines auparavant, je le retire délicatement et repense à ce dernier en grimaçant, des frissons envahissent subitement mon corps jusqu'aux extrémités de mes membres, il est encore temps de faire machine arrière, pourtant pour la première fois, ma conscience semble d'accord avec moi.

Tout est en vrac, j'attrape une première pochette en carton ou il est inscrit : ADOPTION JUSTINE, et jusque là, pas de scoop, c'est sans surprise que je redécouvre la vérité sur moi, mon vrai prénom, mon vrai nom, mon histoire, j'ai l'impression de revivre une seconde fois l'annonce de mon adoption et je constate fébrile, que ça me fait toujours autant mal, les larmes coulent à nouveau le long de mes joues sans que je puisse les arrêter.

Je détourne rapidement la tête de ses misérables papiers pour attraper une seconde pochette les mains tremblantes, où il est inscrit en lettres capitales : AFFAIRE GARNIER.

J'hésite quelques secondes avant de me lancer dans la lecture du rapport d'expertise, je déglutis, le constat est effroyable : il est écrit noir sur blanc que Raphaël GARNIER n'a pas pu tomber tout seul dans le pressoir automatisé, cela étant formellement impossible. Des éléments retrouvés sur les lieux permettent d'établir qu'il s'agit d'un acte délibéré d'une tierce personne, UN HOMICIDE VOLONTAIRE.

H O M I C I D E    V O L O N T A I R E

Les larmes ruissellent maintenant et j'ai soudain très, très peur, pourquoi est ce que mon père conserve ce rapport dans ses papiers ? Pourquoi est ce que le rapport définitif n'a plus rien à voir avec cette version des faits ? Mais surtout, pourquoi sur ce même rapport, il est noté en gros en gras « Rapport falsifié » ?

Il semble évident que je refuse catégoriquement d'ouvrir les yeux en voyant cette vérité se confirmer, c'est certain, mon père, qui n'est en fait pas vraiment mon père, est un assassin, il a tué Raphaël, il l'a poussé délibérément, lui, cet homme qui m'a élevé comme sa propre fille, qui m'a aimé et chérie, n'est autre qu'un meurtrier.

Mon dieu faites que ce ne soit qu'un cauchemar...

Tandis que j'essaye d'assembler les pièces du puzzle, je ressens une forte douleur dans l'estomac et suis soudainement prise de nausées, mon père me dégoute, il va falloir que j'ai une explication avec lui, je ne peux pas garder ça sous silence. Mais comment faire, par où commencer ?

Que s'est il passé ce jour là ? Pourquoi s'en est il pris à un jeune homme de 22 ans, de sang froid, un acte d'une atrocité sans nom, inqualifiable, d'une noirceur extrême. Pourquoi lui ?

Je continue de feuilleter les papiers, il y a des photos, plusieurs photos, des grandes des petites, y en a partout, un couple, un homme et une femme, des inconnus, puis des photos de ma mère avec ce même homme, des photos plutôt explicites. Ma mère souriante dans les bras de cet inconnu. Ma mère en train d'embrasser cet inconnu. Ma mère nue sur cet inconnu.

Oh mon dieu...

Ma mère a donc eu une liaison avec un autre homme, ma santé mentale est en train de prendre un sacré coup. Il y a plusieurs factures d'un détective privé datant de l'année du divorce des parents, tout cela semble concordé, c'est également l'année ou maman est partie s'installer à Londres.

Officiellement les parents ont divorcés parce qu'ils ne s'entendaient plus, il n'a jamais été question d'adultère. On nous a servi cette version des années durant, sans jamais mentionner la présence d'un autre homme dans la vie de maman. Pourquoi nous l'avoir caché ? Ok je suis d'accord que le divorce fait partie de ces épreuves de la vie particulièrement difficiles à traverser, mais il ne faut pas se leurrer, combien de couples y échappent ? C'est presque devenu une mode, le divorce est banalisé, on n'a plus envie de surmonter la moindre petite épreuve.

Dès qu'il n'est plus parfait, certains rompent leur union pour en créer une autre qu'ils espèrent plus satisfaisante.

De mémoire, papa et maman ont toujours filés le parfait amour, cependant maman ne nous a jamais caché qu'elle souffrait de l'absence de papa, celui ci toujours en déplacement à droite à gauche. Je ne lui jette pas la pierre, elle a sûrement trouvé chez cet homme, quelque chose que mon père ne pouvait plus lui offrir.

Je suis un peu déroutée, primo parce que je ne comprends vraiment pas ce que ces photos viennent faire dans le dossier. « GARNIER »...

Et deuzio, parce que je ne comprends vraiment pas ce que ces photos viennent faire dans le dossier GARNIER bordel de M...Qu'est ce que ça veut dire ?


J'ai l'impression d'être coincé au cœur d'une espèce de monde parallèle.

Cette histoire commence à me dépasser sérieusement... Se pourrait-il que ... Et puis merde, je n'ai pas envie de me lancer dans des scénarios plus rocambolesques les uns que les autres, c'est à Valentin de me dire ce qui ce passe, c'est lui qui m'a mêlé à tout ce cirque.

Quelqu'un sonne à la porte et me sort de mes pensées farfelues, Je réalise que ce doit être Chloé, je balance tout sous le lit sans prendre le temps de ranger.

Essoufflée, j'ouvre la porte.


Chloé, déjà ? Je n'ai pas vu l'heure et je ne me suis même pas rendu compte que dehors il faisait déjà nuit.

- Alors ma belle comment tu vas ? Tu n'es pas encore habillée ? Mon amie m'observe, sonde mes yeux noisette, à un petit mouvement de recul avant de me prendre chaleureusement dans ses bras.

Effectivement, je suis loin d'être prête et j'arbore sûrement une mine affreuse. Je ne vais pas pouvoir masquer mon inquiétude bien longtemps, Chloé n'est pas dupe.

- Bon ben c'est pas si terrible que ça, cette cicatrice, on l'a voit à peine. Me dit-elle, rassurante.

C'est vrai que j'ai plutôt de la chance, la cicatrice est à la lisière de mes cheveux, du coup selon comment je me coiffe, on ne la voit quasiment pas.

- Oh toi, t'as un gros chagrin, viens par là, tu vas tout me raconter.

Chloé me connaît parfaitement pour comprendre en une nanoseconde, que je suis sur le point de fondre en larmes.

- Alex m'a tout expliqué, quand je pense, à ce que Théo t'a fait, je suis tellement désolée.

Connaissant Alex, il a du omettre de lui donner certains détails, Chloé est à côté de la plaque, elle pense que je suis effondrée à cause de ma récente séparation avec Théo et l'annulation du mariage, mais elle n'y est pas du tout. Comment lui dire, qu'en fait, c'est ce qui pouvait m'arriver de mieux.

- On va sortir, ça va te changer les idées, file enfiler quelque chose de plus attrayant.

Bien que je n'ai absolument pas envie de sortir, j'obéis sans rechigner, je sors une robe moulante en laine, courte grise, enfile une paire de collant opaque et des bottes en cuir noirs, quelques minutes plus tard, je suis à nouveau dans le salon aux côtés de Chloé.

Il fut un temps ou Chloé et moi on sortait sans relâche, c'était juste après le lycée, on avait tellement fait de sacrifices durant nos études, qu'on avaient bien l'intention d'en profiter avant d'avoir la corde au cou. On fréquentait les bars, les boites de nuit, on buvait plus que de raison, on profitait de la vie quoi.

Je m'approche de mon amie et m'assois à ses côtés, je lui prends la main.

- Chloé il faut que je te fasse une confession.

- Qu'est ce qui ce passe ? Je n'aime pas quand tu me regardes avec ses yeux là.

- Rien de grave, j'ai été adoptée.

Il y a certaines choses dont je ne peux pas lui parler pour le moment, c'est certain, mais c'est mon amie et ça, je suis obligée de lui dire.

- Quoi ? Tu veux dire qu'avec Alex vous n'avez aucun lien du sang avec toi ?

Chloé, pas toujours délicate et qui a en a toujours pincé pour mon frère, semble plus intéressé par ce détail, que par le fait, que je sois complètement anéantie.

Elle finit par s'excuser en voyant ma tête se décomposer, puis me lance un regard interrogateur.

- Ma pauvre chérie, tu le sais depuis longtemps ?

- Non, seulement quelques semaines...Je dis, de façon laconique.

- Mais comment tu l'as su ? Murmure-t-elle.

- C'est Alex qui m'a tout avoué, il était au courant depuis des années.

- Oh, je vois et tu tiens le coup, je veux dire, ça ne doit pas être évident.

- Ca va, je voulais que tu le saches, mais j'aimerais qu'à l'avenir on n'en parle plus.

- Ok, comme tu voudras. Sourit Chloé.

Voilà, ma meilleure amie partage désormais ce secret avec moi et bizarrement ça suffit à m'enlever un énorme poids.

- Et tu sais qui ...
- Chut, pas de questions Chloé.
- Ok. Allez ce soir on va s'amuser, enchaine-t-elle, il faut que tu passes à autre chose, ce n'est jamais bon de ressasser. J'ai plein de copains à te présenter si tu veux. Plaisante-t-elle, pour détendre l'atmosphère. Quand je pense, à ce que ce salaud de Théo a osé de faire ... grrr

- Ne t'inquiète pas, ça va aller, crois moi.

En mon for intérieur, je sais qu'elle a raison, broyer du noir, n'arrangera rien.

Seule, face à luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant