3 - Adama

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{Juin 2020 - Et revoilà le fameux Adama ;) il n'a pas beaucoup changé, voire pas du tout ... N'hésitez pas à laisser votre avis :) Bonne lecture j'espère !}


Une fois chassée du CDI, il restait encore une bonne heure de pause à Sali. Elle finit par aviser le vieux bâtiment de physique. Derrière deux étages de façade décrépie, il y avait une sorte de terrain vague puant, interdit aux élèves. Mais les lieux sentaient si fort la pisse et le vieux rat crevé que personne n'aurait eu l'idée d'y squatter, aussi l'endroit n'était-il pas vraiment surveillé. 

Sali avait choisi le lieu pour cette exacte raison. Pas l'odeur, hein, la tranquillité !

En revanche, si elle se cherchait un coin pour bouquiner, Adama avait quant à lui des raisons moins louables de se trouver là. 

Accroupi contre la façade aveugle du bâtiment, le garçon s'affairait dans son sac à dos, la tête littéralement plongée dedans. Mais plus que cette pose ridicule, ce furent les sons qu'il produisait qui laissèrent Sali pantoise.

Des sons humides. Des grognements, accompagnés de bruits de succion, et de temps à autre, un drôle de craquement interrompait le tout, sec comme une biscotte qu'on casserait. Et puis tout à coup, il y eut un miaulement. Sali recula et Adama prit conscience de sa présence. Un silence épouvantable s'en suivi. Elle ne bougea pas, ne parla pas, elle cessa même de respirer tandis que la tête sortait du sac et que le dos rond se déroulait.

Adama se retourna et sous le pull à capuche noir, il y avait une peau plus noire encore : d'une couleur carbone surréelle, nacrée de reflets bleus. Des yeux d'un noir d'encre accrochaient la lumière même dans l'ombre. Et dans toute cette noirceur, le sang vermeille qui barbouillait la bouche, le menton et le nez du garçon luisait de manière presque obscène.

Incapable de bouger, Sali était comme en transe, déchirée entre un drôle d'attirance et le besoin de prendre ses jambes à son cou. En fin de compte, sa curiosité prit le pas sur la peur : il se passait enfin quelque chose dans le téléfilm pourri de sa vie ; un truc glauque, mais pas moins fantastique. Elle esquissa un sourire timide. 

Surpris d'être interrompu au cours de son repas, le sweat à capuche se contenta de la regarder avec de grands yeux. Pour commencer en tout cas.



« Nous nous rencontrons. » Voilà la première chose que dit Adama. 

Sali n'aurait su dire ce qui l'étonnait le plus : que la créature sache parler ou qu'elle énonce une telle évidence. Elle gratifia le garçon d'une grimace.

« Je m'appelle Sali, » se présenta-t-elle, avant d'ajouter avec une décontraction feinte : « Drôle de coin pour pique-niquer. Qu'est-ce qu'il y a au menu ? »

Adama se releva en essuyant sa bouche d'un revers de main. Il lécha ses doigts sans même y penser, mais l'expression de la jeune fille lui fit savoir que le geste était malvenu, aussi s'interrompit-il pour répondre :

« Je suis Adama. » D'un signe de tête il désigna son sac : « Il n'y en aura pas assez pour deux. »

Une petite chose poilue en profita alors pour surgir du sac et filer droit vers les buissons. Mu par quelque instinct sauvage, Adama bondit à sa poursuite et  Sali suivit beaucoup plus mollement. 

« Qu'est-ce que ... ? » commença-t-elle lorsqu'elle les rattrapa. 

Elle s'interrompit, car alors qu'Adama se retournait elle eut la réponse à sa question inachevée. 

Sang perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant