Sang perdu

5 - Les faux prêtres

{Juin 2020 - J'étais inspirée ... du coup voilà le second chapitre de la journée :D C'est assez différent de la première version, la troisième personne me permet de changer de point de vue plus facilement, j'espère que vous aimerez quand même ! & que ce n'est pas trop bizarre ou barbant jusqu'à présent :)}

Au moment où Sali avait commencé à poser trop de question, Adama s'était senti de nouveau rappelé par son Invocateur. Il avait donc pris congé aussi vite que possible et s'en était allé retrouver ses maîtres. 

Il avait le coeur plus léger que d'habitude en approchant leur cachette. Cette fois il ne serait pas puni, car il avait une bonne nouvelle à leur annoncer : il venait de trouver une Sang-perdu. Ou plutôt, elle l'avait trouvé. 

Et les Sang-perdus, ça attirait forcément les vampires. En tant que Goule, Adama était capable de repérer des Vampires, même les Diurnes, les plus jeunes des vampires, ceux qui supportaient le soleil. Le problème c'était qu'Adama était un prédateur naturel du vampire et tous jeunes qu'ils étaient, les vampires qui avaient infiltré ce lycée se méfieraient s'ils apercevaient un démon comme lui. 

 C'est pourquoi Adama se réjouissait d'avoir trouvé un appât en la personne de Sali. Et cela ne manquerait pas de combler également ses maîtres. Du moins l'espérait-il. 

Il longea les murs de la grande église qui leur servait de repère et se laissa glisser par le soupirail qui lui servait d'entrée. Il rejoignit ensuite le passage secret qui menait aux sous-sols du bâtiment, un lieu dont même le curé de la paroisse ignorait l'existence. Un lieu dans lequel une petite secte de faux-prêtres, adorateurs du Diable, pratiquait en secret la magie noire et oeuvrait au retour des Démons sur terre. 

L'endroit était sombre et humide, l'eau gouttait parfois entre les grosses pierres de l'édifice et le froid y régnait toujours. Mais les démons Goule comme Adama ne craignaient guère les atmosphères glaciales. Ils appréciaient même l'odeur de moisissure qui saturait l'air, aussi Adama n'avait-il vu aucun inconvénient à élire domicile en ces lieux.

Arrivé dans la pièce principale, il se trouva face à l'homme qui l'avait invoqué. Vêtu d'une bure noire, l'Invocateur se tenait à côté d'un pentacle dans lequel pourrissait le corps de la vache qui avait servi à l'invocation. Les asticots grouillaient sur la carcasse et l'odeur pestilentielle fit saliver Adama. 

Il s'étonnait toujours qu'on ait pu faire entrer un animal si gros, de manière inaperçue. Il n'aurait pourtant pas dû être surpris, lui-même étant plutôt doué dans l'art de se dissimuler aux yeux des vivants. Les faux prêtres, comme il les appelait, avait dû placer un sort sur la vache ou peut-être même sur tout le bâtiment. 

« Fais-moi ton rapport », ordonna l'invocateur, coupant court à ses pensées. 

Et Adama s'exécuta. Il ne cacha rien à l'homme à propos de Sali. Il se sentait un peu coupable de livrer des informations sur une créature qui partageait du sang de démon, d'autant que la demi-humaine lui avait paru plutôt sympathique, quoique étrange, mais le contrat passé avec l'invocateur l'empêchait de mentir ou de dissimuler des informations. 

Quand il eut terminé de narrer sa rencontre, l'autre réfléchit un moment. 

« Penses-tu qu'il soit possible de la rallier à notre cause ? » demanda l'invocateur. 

Adama dodelina de la tête. Il n'en savait rien. La fille avait semblé intéressée par lui, mais de là à vouloir prendre part au plan qui consistait à répandre des hordes de Démons sur le monde ... il imaginait mal quiconque d'un tant soit peu humain souhaiter un tel sort pour la planète. 

Mais s'il répondait par la négative, il serait puni, or il n'aimait pas souffrir. Adama choisit donc sa réponse avec soin. 

« Je pense qu'il serait possible de nous servir d'elle pour nous mener aux Vampires. » 

L'homme acquiesça de la tête.

« Un appât ... Comment comptes-tu t'y prendre ? » 

« Il faut éveiller leur intérêt. Les Vampires ne résistent pas aux Sang-perdus. L'un d'eux voudra forcément s'en nourrir et je pourrai alors les traquer. » 

« N'oublie pas, Démon », l'avertit l'Invocateur avant de donner congé à Adama. « Il nous faut des résultats rapidement. Et gare à toi, si tu nous égares. »

Adama aquiesça à contrecoeur, il appréciait peu cet humain taciturne qui le contrôlait. Mais il aimait encore moins ses amis surexcités et se sentait chanceux d'avoir échappé à leur présence pour cette fois. Il s'en alla rejoindre d'alcôve où il résidait. Il y avait laissé un savoureux tas de rats dans des états de décomposition plus ou moins avancés et pour l'heure, il n'avait plus qu'une chose en tête, se gorger de viande poisseuse.