Sang perdu

17 - Le sac

- 26 juillet 2020 - Je vais essayer de terminer cette histoire en mode "premier jet" ... et je reviendrai ensuite dessus (sinon je ne m'en sortirai jamais XD)

Quand Parc découvrit ses affaires ce soir-là, Sali annonça avec aplomb qu'elle avait pris son sac par erreur.  

Jordan plissa méchamment ses yeux ambrés et Sali se dit que ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Son nez se mit à couler à point nommé et elle plongea la tête dans son mouchoir tandis que Parc examinait son sac. 

Un mauvais moment à passer ... ou plutôt toute une soirée, vu que Jordan venait de découvrir la déchirure opérée par Adama. Un sifflement de colère lui échappa alors qu'il retournait son sac sur le trottoir. Ses affaires s'étalèrent avec fracas sur le trottoir et l'écran de son téléphone se fissura, mais il n'en avait rien à faire. Accroupit,  il avait plongé la main dans la déchirure et le coeur de Sali s'arrêta quand il sortit sa main du tissu éventré et gronda tout bas :

« Où est-il ? » 

« Ton portable ? » tenta-t-elle.

Parc plissa plus méchamment encore ses yeux ambrés.

« Mon.Carnet.Sali. »

Il s'était relevé et avait ponctué chaque mot d'un pas, si bien qu'ils se trouvaient tous deux nez à nez à présent. Entre l'embarras et l'angoisse, Sali chuchota : 

« De correspondance ? »

Elle ignorait pourquoi Adama avait récupéré le carnet alors qu'il le jugeait sans importance. Peut-être qu'il avait justement souhaité la mettre en difficulté face à Jordan ? Mais pour quelle raison ?  

« OÙ ?! » rugit Parc en lui agrippant l'épaule pour la secouer comme un prunier. 

Sali se mordilla l'intérieur des joues, impressionnée malgré elle par la colère de Jordan ... maintenant qu'elle le soupçonnait de ne pas être tout à fait humain. 

 « Je ne sais pas de quoi tu parles, ce doit être Adama qui l'a pris. Il a pris ton sac et me l'a rendu comme ça. Comment veux-tu que je devine s'il a chapardé quelque chose ou pas. C'est quoi ce carnet d'abord ? Ton journal intime ? »

La tentative de diversion ne prit pas. Jordan entra brutalement dans son espace personnel et Sali manqua de trébucher. Front contre front, les mâchoires si crispées qu'un muscle tressautait dans sa joue, il planta un doigt accusateur dans son épaule.

« Ne recommence pas avec ça », dit-il. « Ce type il n'existe que dans ta tête. TU es responsable de cet accident. » Il enfonça derechef son doigt dans son épaule. « TU as pris mon sac en sortant du self et TU t'es barrée je ne sais où avec, alors que tu étais censée t'occuper de moi. » A chaque fois qu'il disait TU, il la poignardait de son maudit doigt, juste en dessous de la clavicule. « Et qu'est ce que TU faisais pendant que je galérais par ta faute ? Je vais de le dire ! TU te la coulais douce avec ton ami imaginaire. » Il recula enfin, montrant rageusement des dents. « Soit dit au passage, c'est l'excuse la plus stupide qu'on m'ait jamais sortie. Et t'es pas assez gentille pour te permettre d'être aussi conne Sadako. »

 Sali se massa l'épaule en le fusillant du regard, elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Il allait falloir qu'il se calme là. 

« Adama existe  », murmura-t-elle. « En attendant, tu crois ce que tu veux, mais ce n'est pas moi qu'il essaye de buter. »Quoique techniquement, ça se discutait. Sans Jordan Parc ce fameux jour, c'était elle qui aurait fini sur le capot d'une voiture. 

Parc ne la lâchait pas du regard. Il passa une main dans ses cheveux ambrés et siffla d'un ton mauvais : « Tu commences vraiment à me saouler ... »

Il se pencha sur elle. Est-ce qu'il allait la frapper ? L'embrasser serait plus improbable, mais pas du jamais vu. Toutefois, la réponse ne vint jamais car Jordan Parc fut soudainement happé en arrière.

L'expression de surprise sur son visage reflétait celle de Sali. Déséquilibré, il fit de grands moulinets avec les bras et retrouva de justesse son équilibre. Un pas de plus et il déraperait sur la route. A temps pour se prendre la camionnette qui passait ...

Encore.

Un drôle de son vint compléter cette scène au méchant air de déjà-vu. Pour qui ne pouvait voir Adama, le chuintement de plaisir qui lui servait de rire aurait pu être attribué au son lugubre du vent passant sous une porte. Une réaction du plus parfait mauvais goût.

Sali se tourna vers Parc qui la dardait de ses yeux ambrés. « J'te jure, je n'y suis pour rien, » balbutia-t-elle en levant les mains en l'air. 

A sa grande surprise, il hocha la tête en s'obstinant à ne regarder qu'elle. « Je vois. » Il s'accroupit. « Aide-moi. »

« Hein ? »

« A ramasser mes affaires. »

Elle n'y comprenait plus rien. Adama était à deux pas d'eux, en train de se marrer et Jordan faisait comme si de rien était. Peut-être qu'il ne le voyait vraiment pas. 

Mais alors, pourquoi s'était-il subitement calmé ? ... c'était on ne peut plus étrange. Avait-il soudain peur d'elle ? 

Et qu'est-ce qu'il lui avait encore pris à Monsieur Tentative-De-Meurtre ? 

Les questions se bousculaient dans la tête de Sali. 

 Etait-ce une fine pellicule de sueur qu'elle apercevait sur les tempes de Jordan ? Et ses mains qui tremblaient ... Mécaniquement, elle empila les manuels écornés et boueux. Elle jeta un oeil autour d'eux mais Adama n'était plus en vue. 

« Tu l'as vu ? » osa-t-elle enfin demander.

Parc haussa les épaules avec nonchalance, mais son regard était trop fuyant pour que sa réaction soit naturelle.