Sang perdu

28 - Tu vas mourir !

(21 septembre 2020) N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce chapitre (perso j'ai des doutes ... on se refait pas hein x)). 

Voyant la Porte s'ouvrir, Vliislav Cordahta s'élança au devant de tous, épée au poing. En quelques enjambées, il rejoignit le portail des Enfers et frappa Tiraa dans le dos, l'empalant sur toute la longueur de sa lame. L'acier ensanglanté ressortit des chair et des os brisés avec un bruit mouillé. Un drôle de gargouillis échappa à la Vampire alors qu'elle tombait à genou. 

Son dernier regard fut pour Joraan Jikahl, le plus jeune et seul survivant de leur clan. « Si proches », bredouilla-t-elle. 

Puis, le sang commença à couler de sa bouche et elle s'écroula sur le sol poussiéreux de la caverne, le regard hanté par son échec. 

Pendant un instant, un silence de mort régna sur les lieux. Puis les affrontements reprirent de plus belle. Les Vampires essayant d'empêcher l'ouverture de la Porte, les prêtres essayant de la favoriser. 

Tandis que Ceneph Cordahta et son escorte contournaient la Porte et tentaient d'en refermer les battants, Vliislav se tourna vers Mærochem. Quand il asséna le premier coup d'épée au démon, Sali reprit ses esprits. Le prochain sur la liste serait Jordan, or ce dernier continuait de pousser sur les battants de la Porte. 

Elle ne pouvait pas laisser faire ça. Parc devait vivre ! Elle ne supporterait pas qu'il en soit autrement. 

Elle se précipita sur lui et, l'emportant dans son élan, ils roulèrent tous deux au sol. 

« Non ! » s'étrangla Jordan en voyant sa vengeance lui échapper. « Laisse-moi y retourner », supplia-t-il, alors que Sali s'accrochait éperdument à lui. 

« Tu vas mourir ! » cria Sali par dessus le vacarme du combat. 

« Peu importe », sanglota Parc en voyant que la Porte se refermait peu à peu. 

Tiraa serait morte en vain s'il échouait. Sali le comprenait ; elle aurait voulu pouvoir aider  cet imbécile de Jordan, mais elle n'en avait pas la force. Après tout, elle n'était guère plus qu'une pauvre humaine avec un peu de sang de démon. Et la seule chose qu'elle pouvait faire, c'était empêcher Jordan d'y retourner et prier pour qu'un miracle survienne. 

Et ce fut exactement ce qu'il se produisit. 

Un miracle. 

Le passage vers les Enfers était pratiquement refermé quand un crissement aigu retentit. Des griffes aux proportions démesurées venaient de se glisser dans l'entrebâillement et son propriétaire criait, comme n'importe quelle personne qui se serait pris les doigts dans une porte. Tandis que les faux-prêtres cessaient tout combat pour se prosterner , les Cordahta, affolés, poussèrent de plus belle,

Mais la chose ne se laissa pas intimider par la douleur et peu à peu elle parvint à glisser sa main entière dans l'ouverture. Puis ce fut le tour de son poignet et de son avant bras. Elle se mit alors à tâtonner et la première chose qu'elle put saisir - un Vampire du clan Menrihl - se retrouva écrabouillée d'un coup. 

« Jordan », balbutia Sali. « On a réussi Jordan. »

« Je vois », rétorqua l'intéressé. « Mais notre Porte est trop petite pour ce genre de Démon. Il ne passera jamais. »

« D'autres peuvent venir tant que la Porte reste ouverte, non ? » protesta Sali, qui n'en revenait pas  de voir la chance leur sourire. 

Et comme pour lui donner raison, une première créature s'avança bientôt dans la caverne. Elle était maigre et laide. Son visage ressemblait à un museau écrasé et ses petits yeux noirs transpiraient la malveillance. Elle éviscéra un vampire et un prêtre avant qu'on en vienne à bout, ce qui calma un peu les ardeurs de Sali et lui rappela qu'ouvrir les Enfers n'était peut-être pas une excellente idée. 

Mais il était trop tard pour faire machine arrière. Tandis que les Menrihl et les Cordahta s'acharnaient sur le bras qui dépassait toujours de la Porte, des créatures se mirent à surgir par dizaines. Réalisant qu'avant peu, la caverne serait pleine à craquer, Sali décida que le moment était sans doute venu de s'éclipser. 

« Jordan, on devrait essayer de sortir », chuchota-t-elle. Ce n'était après tout qu'une question de temps avant que quelqu'un - vampire, prêtre ou démon - ne s'en prenne à eux. 

Parc opina du chef. Lui aussi se trouvait complètement dépassé par les évènements et l'idée de s'éclipser ne lui déplaisait pas, à présent qu'il avait mené à bien sa mission. 

A quatre pattes, ils rejoignirent l'une des parois de la cavernes et commencèrent à la longer, en direction de la sortie. Ils étaient arrivés à l'orée du couloir quand une ombre leur barra la route. 

« Pas si vite », gronda Vliislav. Sa peau sombre luisait de sueur sur ses muscles bandés et des myriades de petites entailles parcouraient son corps, cadeau d'un démon aux allures de porc-épic. 

Le vampire de la 666eme Enclave se précipita sur Jordan qui esquiva au dernier moment. Il s'agissait malheureusement d'une feinte et ce fut Sali qui se trouva avec une lame sous la gorge. 

« Et bien, Jikahl, te voilà face à un choix. » Vliislav resserra sa prise sur la jeune fille. « Ta vie, contre celle de la Sang-Perdu. »

Jordan sembla hésiter. Envisageait-il de s'en aller sans elle, se demanda Sali. 

« L'offre ne tiendra pas éternellement », grogna le guerrier. 

Jordan avança d'un pas incertain et Sali sentit l'étreinte du vampire se relâcher. Au même moment quelque chose les percuta tous deux par l'arrière et bientôt, Vliislav se mit à crier. Projetée au sol, Sali se retourna à temps pour voir Adama replonger ses dents dans le cou du Vampire. 

Malheureusement, la Goule n'était pas de taille. Vliislav se projeta sur le mur et l'impact lui fit lâcher prise. « Fuis, Sali ! » lança le démon à l'attention de Sali alors que le Vampire se retournait et d'un coup violent lui déboîtait la mâchoire. Puis d'un coup de taille, il transperça le coeur d'Adama. 

Le garçon s'effondra, un air d'incrédulité plaqué sur son beau visage sombre. Un sang noir lui monta au lèvre et se mit à bouillonner sur le sol poussiéreux. 

« Noon ! » s'écria Sali alors que Parc s'efforçait de l'entrainer loin du Cordahta. 

Les larmes lui piquaientt les yeux alors que dans sa bouche s'allumait un brasier. Lorsqu'elle eut fini de hurler, elle se mit à vomir un flot noir comme du goudron, qui lui laissa un goût de cendre et de chair putréfiée dans la bouche. Entre deux soubresauts, elle comprit que le lien entre elle et Adama venait de se dissoudre. 

« Sali », marmonnait Jordan en la portant presque à travers le couloir. « Sali, qu'est-ce qu'il se passe ? »

Derrière, Vliislav les suivait, bien décidé à leur faire payer, mais c'était sans compter les démons que déversait désormais la caverne et qui le ralentissaient en l'attaquant.