38 - T'es qui, son père ... ?

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(27 septembre 2020) Voilà un nouveau chapitre :D En ce dimanche gris et froid (chez moi en tout cas), j'ai écrit cette partie au coin du feu avec un bon petit chocolat chaud. Je vous laisse imaginer l'ambiance ;D c'est l'idée que je me fais d'une aprèm de rêve. Et pour vous, qu'est-ce que c'est l'après-midi de rêve ? 


Sali se réveilla avec une migraine épouvantable, mais elle s'en moquait. Allongée dans son lit, elle contempla le plafond un long moment. Aujourd'hui, si tout se passait bien, les choses seraient enfin rentrées dans l'ordre. En tout cas, les démons auraient disparu du radar des humains. 

Pour ce qui était de sa mère, Sali n'espérait plus la voir revenir à la normale. La vieille restait malheureusement sous le contrecoup de l'Influx ; réduite à l'état de légume, elle ne semblait pas devoir sortir de sa transe. 

Comment expliquer à son père, quand il rentrerait, et comment justifier la présence de trois ... garçons dans leur appartement ? 

Face à ces problèmes majeurs, Sali décida que finalement la journée s'annonçait plutôt morose. Et cette satanée migraine n'était que le sommet de l'iceberg. 

*

Elle essayait de trouver la force de se lever sans pour autant pouvoir s'y résoudre quand on toqua à la porte de sa chambre. Sali grommela un oui et le visage ravi de Jordan émergea de derrière le battant de bois. 

« Petit déjeuner au lit », s'exclama-t-il tout sourire.  

« Pour toi ou pour moi ? » ironisa Sali. 

Il ignora la pique et tandis que Sali se redressait, il vint déposer le plateau  repas qu'il avait constitué près d'elle. 

La jeune fille zieuta avec étonnement les croissants. « Où est-ce que tu as été trouver tout ça ? »

« Je me suis levé tôt et j'ai fait : les courses ! Et je suis passé à la boulangerie au retour », expliqua un Jordan Parc très fier de lui.  

« Avec quel argent ? » s'enquit Sali. 

L'air soudain piteux, Jordan marmonna : « Celui de ta mère. »

Sali haussa un sourcils puis grogna tout de même un merci. Jordan dut se croire pardonné, car il trouva l'audace de s'asseoir sur le lit. Tout en mordant à pleines dents dans son croissant, Sali fixa son imbécile préféré. Le soleil entrait timidement dans la chambre et ses rais auréolaient d'or les cheveux de Jordan. 

« Tu me mates ? » rigola ce dernier au bout d'un moment. 

Sali hocha la tête avec une honnêteté désarmante. Elle termina sa bouchée et déglutit. 

« T'es pas mal non plus dans ton genre », souffla Parc. 

Il se pencha doucement et déposa un léger baiser sur la joue de Sali. Lorsqu'il recula ses crocs étaient descendus légèrement. 

« Tu as faim ? » demanda Sali, troublée. 

« Pas nécessairement », révéla Parc d'un ton cryptique. 

Sans le quitter des yeux, Sali releva la manche de son bras valide ; les crocs de Jordan descendirent un peu plus. 

« Tu peux, si tu veux », proposa-t-elle doucement. « Essaye juste de ne pas me faire trop mal. »

« Tu es sûre ? » 

Elle hocha derechef la tête, en dépit de son incertitude. 

Elle ne lui proposait pas son cou, car elle avait été mordue d'un côté par Vliislav et de l'autre par Azrach. Jordan ne fit aucune remarque et lui prit délicatement le bras. Il avait posé ses lèvres dans le creux du coude de la jeune fille et embrassait gentiment sa peau quand la porte s'ouvrit à la volée. 

« C'est drôlement silencieux d'un coup ; vous êtes en train de faire des cochonneries ?  » ricana Mærochem dans l'entrebâillement de la porte. 

Sali eut un sursaut, comme chaque fois qu'elle apercevait Mærochem dans l'enveloppe charnelle d'Azrach Menrihl.  

« Saleté de démon », râla Parc entre ses dents serrées. 

 Et Sali pouffa, à la fois gênée et un peu soulagée qu'ils aient été surpris. Elle ne parvenait toujours pas à décider si offrir son sang à Jordan était une bonne idée ou pas. A vrai dire, ses précédentes expériences avaient été un peu douloureuse et traumatisante, ce qui lui faisait redouter le moment où les dents de Parc perceraient sa peau. Serait-ce comme les fois précédentes, ou bien cela créerait-il un lien beaucoup plus intime entre le vampire et elle ? 

Jordan s'éclipsa de la chambre pour laisser le temps à Sali de se lever et de s'habiller. 

Cette dernière se vêtit non sans difficulté. Le bandage à son bras était tâché de sang et ne passait pas dans ses polos à manches serrées. Elle se rabattit donc sur un t-shirt XL qui lui servait habituellement pour dormir et enfila par dessus un pull en laine plutôt large. 

Elle se tortillait pour se glisser dans un jean noir quand des éclats de voix retentirent dans la cuisine. Elle se hâta de boutonner ce fichu pantalon et se précipita hors de sa chambre. 


*


«Je dis juste qu'il va falloir te trouver un autre endroit où vivre », grondait Jordan. 

Un rictus mauvais plaqué sur ses lèvres pâles, Mærochem rétorqua : « T'es qui, son père, pour décider de ça ? »

Ils semblaient sur le point d'en venir aux mains, sous l'oeil morne du dragon maternel. 

« Eh oh ! Du calme », intervint Sali. 

Mærochem reprit aussitôt ses esprits, mais il n'en alla pas de même pour Jordan. 

« Comment ça du calme ? Que ce type soit Mærochem ou Azrach, c'est un danger pour nous ! »

Sali se demanda une seconde si Jordan n'était pas un peu jaloux, mais elle chassa aussitôt l'idée de sa tête. Dans le fond, il n'avait pas tort sur le compte du démon.  

« Dis, Mærochem », l'interpela Sali. « Pourquoi tu nous as aidés et ... pourquoi tu restes avec nous ? J'imagine que le fils de Satan a autre chose à faire de sa vie, non ? »

Mærochem esquissa une moue. Ce ne fut pas lui qui répondit, mais Adama, qui les avait entendus depuis le salon et s'était réveillé. « Il est toujours sous ton emprise, Sali. »

« Mais ... tu avais dit que l'ouverture de la Porte révoquait les Invocations passées ? » s'étonna Sali en regardant Mærochem. 

« Il faut croire qu'il a menti », cracha Jordan.  « Tu vois qu'on ne peut pas lui faire confiance. »

« D'un autre côté, on est vivants un peu grâce à lui, non ? » dit Sali. 

« Sali, c'est un démon ... maintenant doublé d'un vampire assoiffé de sang », la morigéna Jordan. « Quel que soit le motif pour lequel il nous a aidé, ce n'était sûrement pas par pure bonté d'âme. » 

« A vrai dire », temporisa Mærochem. « Je vous aurais aidés même sans cette histoire d'Invocation. Sali a pris soin de moi alors que j'étais sous ma forme la plus faible, je lui en suis redevable. » 

Jordan grimaça, pas du tout convaincu. Quant à Sali, elle ne savait plus quoi penser. Elle avait encore le souvenir du tout petit démon rouge qu'elle avait aperçu la première fois dans son armoire. 

« Souhaites-tu être libre Mærochem ? » demanda-t-elle enfin. 

 Le démon haussa les épaules. 

« Je trouve qu'on s'amuse plutôt bien ensemble. »

« Et si je le libérais, mais qu'on passait un contrat ? » s'enquit Sali. 

Elle recueillit une flopée de moues masculines désapprobatrices, mais aucun non définitif. 


Sang perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant