(20 septembre 2020) J'espère que ce passage vous plaira autant qu'à moi. Je l'ai dans la tête depuis un bon bout de temps ! N'hésitez pas à laisser un avis :) et bonne lecture !
La descente jusqu'à la 247eme Porte des Enfers sembla durer une éternité. Lorsqu'ils arrivèrent au font du puits qu'était l'Enclave, Sali avait les jambes en coton et rien ne l'avait préparée à la vision qui l'attendait.
Là, au milieu d'une caverne baignée dans une semi pénombre, trônait la Porte. On pouvait en faire le tour car elle n'était fixée dans aucun mur. Elle était haute et large et Sali ne pouvait qu'imaginer la taille des créatures qui avaient un jour traversé ce passage. Ses montants d'un noir huileux étaient formés de grosses lianes lisses enchevêtrées les unes dans les autres ; quant aux battants, ils semblaient faits de pierre.
Sali approcha une main et en toucha la surface. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir qu'au lieu d'être froide, la pierre était tiède et pulsait sous sa paume ; au lieu d'être dure, la surface était souple et quand la main de Sali commença à s'y enfoncer, elle retira ses doigts avec un petit cri.
« C'est ... vivant ? » souffla-t-elle.
Jordan qui avait entendu sa question répondit : « Bien sûr. »
Sali le dévisagea, médusée. Comment ça, bien sûr ?
« Pourquoi aurait-elle besoin de sang pour s'ouvrir sinon ? » compléta Jordan.
Elle en resta bouche bée.
« Commençons sans tarder », les interrompit Tiraa. « Approchez. »
Sali hésita, mais comme des bruits qui lui parvenaient au loin, elle finit par coopérer. Et puis, quel autre choix avait-elle ?
« Ô Porte des Enfers, par ce sang que je t'offre, je t'ordonne de t'ouvrir. » Tiraa se mordit cruellement la main et appliqua sa paume ensanglantée contre la surface frémissante de la Porte.
Un instant plus tard, Jordan l'imitait, répétant les paroles qu'elle avait prononcées. Puis ils se tournèrent vers Sali. Comme celle-ci n'avait pas de crocs pour s'entailler la peau, Jordan lui prit gentiment la main et la porta à sa bouche. Juste avant de mordre, il leva ses yeux d'ambre vers la jeune fille, comme pour lui demander la permission. Sali fit un bref signe de tête et les lèvres de Joraan Jikahl se refermèrent sur sa paume ; ses crocs percèrent la peau et pénètrent doucement la chair.
La douleur se fit surtout sentir quand il retira ses dents. Mais Sali avait connu pire et se contenta d'une petite grimace. Jordan lui adressa une moue désolée, puis avec la même prévenance que précédemment, il porta la main blessée de Sali sur la surface désormais chaude de la Porte.
Sali répéta la mots de Tiraa et crut que le rituel était fini, mais la Vampire se mit alors à pousser contre le mur vivant ; Jordan en fit de même et, ensemble, ils prononcèrent la phrase suivante :
« Moi, Gardien(ne) des la 247eme Porte, par ma force et ma volonté, je t'ordonne de t'ouvrir. »
Ils poussèrent encore et encore, mais rien ne se produisit.
« Rien ne se passe », fit enfin remarquer Sali.
Tiraa cessa de pousser et lui jeta un regard noir qui signifiait qu'elle se serait bien passée de commentaire. « Il n'y a qu'une seule explication », siffla-t-elle entre ses dents. « La Sang-de-démon n'est pas assez puissante. »
Jordan prit la défense de Sali : « Es-tu sûr que les formules sont bonnes ? N'as-tu pas oublié un élément du rituel ? »
« Comment veux-tu que j'oublie un rituel aussi simple ? » s'emporta Tiraa. « Non, ce qu'il nous fallait c'est un sang beaucoup plus pur. Le sien est trop dilué. » La Vampire fit un signe de menton vers Sali.
« Tout est donc perdu ? » demanda Parc d'une voix blanche.
Sali se mordilla la lèvre, se sentant pour ainsi dire responsable de leur soudain désespoir. Alors c'était tout ? Ils l'avaient enlevée pour accomplir leur vengeance mais même à ça elle n'était pas bonne. Alors ils attendraient là qu'on les trouve et qu'on les mette à mort ? Non, ça ne pouvait pas finir comme ça. Il y avait sûrement quelque chose à faire, à tenter. Où trouver un démon ... ?
Et tout à coup ça lui vint.
Adama était lié à ceux qui l'avaient invoqué ... cela signifiait donc qu'elle-même était lié à la créature qu'elle avait invoqué bien des nuits plus tôt.
« Mærochem », souffla Sali pour elle-même. Mais le démon était si petit, son sang suffirait-il ? Et comment le rappeler à elle ? Il devait être encore chez elle non ? A moins que sa mère ne l'ait trouvé ...
Alors qu'elle se laissait gagner par la déception, un bruissement se fit entendre dans les ombres. Sali et les deux autres reculèrent, certains qu'ils avaient finalement été débusqués. Mais au lieu des Menrihl, de la 666eme ou même des prêtres, ce fut une créatures rouge sombre, veinée de noire, qui s'avança.
Mærochem faisait la taille d'un gros chimpanzé désormais et sur sa tête pointaient deux solides cornes. Il avança en grognant et Sali dut se faire violence pour ne pas reculer. Elle était l'Invocatrice, le démon était supposé lui obéir, à elle.
« Quelle est cette horreur ? » demanda Tiraa à demi-voix.
La créature gronda un peu plus, révélant quatre rangées de dents acérées et incurvées vers l'intérieur, un peu comme celles d'un requin.
« Je crois que c'est le démon que j'ai invoqué. Il a dû me suivre la nuit où vous m'avez enlevée. Il a dû se cacher ici tout ce temps. » Sali tendit une main tremblante. « Viens, Mærochem », dit-elle doucement.
Le démon dodelina de la tête et avança d'un pas hésitant, jusqu'à poser son museau contre la paume ensanglantée de Sali.
Ils avaient maintenant ce qu'il leur manquait, mais comment prélever du sang, sans mettre en colère cette chose ?
« Mærochem, ton Invocatrice t'ordonne de donner ton sang », exigea Sali du ton le plus ferme qu'elle pouvait. Ce faisant elle se sentit tout à fait ridicule. La bête comprenait-il autre chose que son nom ? Il sembla que oui, car l'instant d'après, il entailla d'un coup de dents l'une de ses pattes griffues.
Un bruit de cavalcades leur parvint alors depuis l'entrée de la caverne. Le temps qui leur était imparti s'était écoulé, il ne restait pas une seconde à perdre. Sali saisi Mærochem par son bras musculeux et le fit avancer jusqu'à la Porte, sur laquelle elle plaqua la chair ouverte.
Le démon frissonna lorsque sa peau toucha la surface vivante du portail. La matière élastique se referma peu à peu sur son bras et Sali ordonna d'une voix hachée : « Ô Porte des Enfers, par ce sang que je t'offre, je t'ordonne de t'ouvrir. »
Au même moment, surgirent dans la caverne les trois choses qu'ils avaient tant redouté : les prêtres, les Menrihl et les Cordahta. Les trois factions se battaient entre elles, mais en voyant la Porte et les quatre occupants qui se tenaient déjà devant elle, elles cessèrent un instant la bataille.
Tiraa en profita pour faire signe à Jordan de reprendre la fin du rituel et de pousser sur les battants.
Alors, avec une infinie lenteur, la 247eme Porte des Enfers commença à s'entrebâiller.
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Sang perdu
VampireEnfant unique dans une famille modeste, fille d'une mère psychorigide et d'un VRP qui ne compte pas ses heures, il n'y a pas grand chose à envier à Sali ...surtout pas son goût immodéré pour le surnaturel et encore moins la créature qui vit au fond...