8 - Un certain Jordan Parc

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{Le chapitre de la rencontre ressemble fort à sa précédente version :))}

Le jour suivant Sali se rendit au lycée sans conviction. Elle était affligée par la perte du petit démon et angoissait à l'idée d'affronter ses camarades. Une peur qui n'était pas sans fondement, car toute la journée elle fut piquée de remarques cruelles et d'accusations acerbes. 

Ce fut presque avec soulagement qu'elle regagna l'appartement ... où elle passa le reste de la soirée à se morfondre en réalisant que le lendemain elle devrait faire face à sa victime : un certain Jordan Parc. 


Chance ou malchance, Parc ne fut pas très difficile à repérer. C'était le seul type devant le lycée à porter un plâtre, une atèle et un bandage sur la tête. Momifié comme il l'était, il aurait mieux fait de rester chez lui. En plus, qui donc était assez zélé pour revenir en cours un vendredi ?

Contrainte et forcée, elle marcha droit sur lui en ce frais matin d'automne. Elle avait le coeur dans les chaussettes à l'idée de parler à ce type qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adama. Le pire, c'était que Parc, blanc comme un lavabo mais plein d'une énergie joyeuse, se trouvait au beau milieu d'un petit groupe. 

Pas spécialement à l'aise avec le public, Sali faillit faire demi-tour. Mais la voix de sa mère lui revint en tête. Si elle se débinait, elle en entendrait parler jusqu'à la fin de ses jours. 

Sali approcha donc du groupe de quatre personnes avec l'enthousiasme d'un condamné trainé au gibet. Elle se planta à moins d'un mètre et, envahit par une soudaine timidité, elle grogna de sa voix la plus aimable : « On peut se parler ? » 

Quatre paires d'yeux se braquèrent sur elle, en plus des regards de tous les lycéens alentour. Sali les ignora du mieux qu'elle le put et se concentra sur Parc, attendant une réponse qui ne venait pas. En fait, cet idiot la dévisageait en fronçant les sourcils. Il eut même le culot de jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule. Sachant que derrière il y avait uniquement le mur auquel il était adossé, il finit par comprendre que c'était bien à lui que le jeune fille s'adressait ...

Sali avait cru que sa mère en rajoutait une couche pour la culpabiliser, quand elle lui avait sorti qu'elle avait estropié le pauvre Jordan. Mais maintenant que Sali avec le garçon sous les yeux, elle commençait à sa dire que la Toyota lui avait en effet gravement bousculé le cerveau, parce que c'était pas permis d'être bête comme ça.

« Je suis Sali, » soupira-t-elle en réalisant qu'il ne la remettait pas . « La fille qui t'a bousculé, sans le faire exprès. » Elle insista bien sur la dernière partie de la phrase. 

Le regard de Parc s'éclaira. « Oh ! Sadako, c'est ça ? » Visiblement on lui avait bien parlé d'elle.

« Je viens de dire : Sali. » 

P'tit con.

Il lui fit un grand sourire et la dévora des yeux, l'air de dire alors c'est toi. Sali se trouva désarçonnée par cette apparente gaité. N'était-il pas censé la détester après ce qu'il lui était arrivé ? Pendant ce temps, les trois autres la fixaient un peu trop intensément. 

« Ouais, bref, » maugréa-t-elle. « Tiens. Et désolée, pour l'accident. »

Elle était passée chez le fleuriste en venant ; elle tendit les bras loin devant, présentant la magnifique offrande de paix achetée le matin-même. Jordan Parc ne trouva qu'une chose à faire : il lui rit au nez. Littéralement, vu qu'il s'était approché entre temps.

« C'est un cactus ? » minauda-t-il une fois calmé.

Quelqu'un dans le groupe ricana. Sali laissa retomber ses bras et détourna le regard, complètement embarrassée.

Sang perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant