(24 septembre 2020) Coucou, un nouveau chapitre par cette belle journée gris de septembre. J'espère que vous aimerez la tournure que prend le récit ! N'hésitez pas à commenter ce qui vous passe par la tête ! ;)
La journée s'écoula plutôt tranquillement, si l'on omettait les images diffusées aux infos et les cris dans la rue. Sali resta prostrée sur le canapé, à regarder défiler en boucle les images. Elle passa son temps à gratter nerveusement son vernis noir déjà bien écaillé et n'adressa plus un mot à Parc.
Submergée par la culpabilité, elle s'était totalement retirée dans ses pensées.
Le Vampire quant à lui s'était réfugié dans la cuisine où il essayait d'arranger un tant soit peu la situation en ramenant la mère de Sali à un comportement normal. Il était malheureusement bien jeune et fort peu expert en Influx. Il eut beau s'acharner, il ne récolta qu'une horrible migraine pour fruit de ses efforts. La mère s'alimentait, pour peu qu'on portât la nourriture ou l'eau à sa bouche, mais ce fut la seule amélioration notable de son état.
Face aux regards accusateurs de Sali, ce soir-là et les suivants Parc préféra dormir dans le canapé.
La troisième nuit, alors qu'ils arrivaient à cours de provision et se rationnaient car le gouvernement avait déclaré un confinement général, il entendit du bruit dans la cuisine. Curieux, il alla voir de quoi il retournait et découvrit Sali, debout devant le plan de travail. La jeune fille avait à la main un couteau qu'elle pressait contre sa gorge. Elle murmurait pour elle même des propos inintelligibles, cherchant le courage de passer à l'acte.
« Qu'est-ce que tu fais ?! » s'écria Jordan.
Il se précipita sur elle et, pendant un terrible instant, ils luttèrent dangereusement pour le contrôle de la lame. Les yeux de Sali virèrent au rouge et elle se dégagea sans peine de l'emprise de Jordan.
« Mærochem dit qu'il peut tout arranger, mais pas avec mon corps ! »
« Et tu crois un démon de la tromperie ?! » s'égosilla Jordan. « Mais ça va pas la tête ! »
« Tu vois une autre solution au bazar qu'on a mis peut-être ? »
Jordan se massa la nuque. Si Sali en venait à de telles extrémités il ne voyait plus d'autre choix que de parler.
« Il y a un moyen ... peut-être ... mais c'est dangereux et rien ne garantit que nous réussirons. »
*
« Tu es sûre de toi ? » demanda Jordan pour la énième fois.
Après qu'il eut expliqué le plan, Sali y avait tout de suite adhéré. Ils en avaient discuté un peu, puis ils étaient partis se coucher. Mais au matin, Parc s'était remis à douter : il regrettait d'avoir exposé son idée et espérait que Sali changerait d'avis.
« Mærochem dit que c'est un bon plan et que ça peut marcher », soupira Sali.
Elle essayait tant bien que mal de nouer ses cheveux en queue de cheval. Voyant qu'elle peinait et ne s'en sortirait pas avec son bras bandé, Jordan lui prit l'élastique et la brosse des mains.
« Et nous savons tous les deux à quel point il est intelligent de lui faire confiance », dit Parc amèrement. Il n'avait pas oublié que le démon avait poussé Sali à tenter de s'égorger la nuit passée.
« Pour l'instant rien ne prouve le contraire », marmonna Sali en grimaçant parce que Jordan venait de lui tirer les cheveux un peu trop brusquement.
Pour sa défense, le pauvre Parc n'avait jamais coiffé personne de sa vie ; il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à un résultat satisfaisant. Lorsqu'il eut terminé Sali examina brièvement son reflet et approuva.
Mais au lieu de s'en aller pour qu'elle finisse sa toilette, Parc passa un doigt sur le cou désormais dégagé de la jeune fille. Leurs yeux se rencontrèrent dans le miroir et l'espace d'un instant troublant, Jordan laissa entrevoir la faim dévorante qu'il prenait le soin de masquer le reste du temps.
Sali entrouvrit la bouche et ses yeux s'agrandirent en voyant pointer les crocs du vampire. Elle inspira abruptement. Si Jordan la mordait, est-ce qu'elle sentirait la même peur et la même douleur qu'avec Vliislav ? Le souvenir de cette expérience rompit le charme.
Sali se leva avec raideur, le visage en feu. Elle se racla la gorge.
« Si tu as si peu confiance en ce plan, pourquoi l'avoir proposé ? » demanda-t-elle.
« Pourquoi ? » Parc la fit se retourner pour qu'ils soient face l'un à l'autre. « L'ignore tu vraiment ? »
Gênée, Sali détourna le regard. « Je ne sais pas de quoi tu parles », mentit-elle.
Puis elle sortit de la salle de bain, abandonnant Jordan à sa déception, seul face à son propre reflet.
*
Avant qu'ils ne partent, Sali passa un bref coup de téléphone à son père. Celui-ci annonça qu'il avait vu les informations, mais qu'il était présentement coincé à l'hôtel. Il ordonna à Sali de rester sagement cloitrée à la maison, ce qu'elle confirma, bien qu'elle n'en ait nullement l'intention.
Après avoir placé ce qu'il restait de nourriture devant sa mère sur la table de la cuisine, Sali et Parc furent fin prêts.
« En avant toutes pour les Enfers alors », annonça Sali en se dirigeant vers la porte de l'appartement.
« Cache ta motivation », ricana Jordan sur ses talons.
Sali grogna : « Au cas où tu l'aurais oublié la ville grouille de démons, nous avons failli laisser notre peau dans cette satanée Enclave et pour ce qu'on en sait, les Cordahta peuvent très bien nous y attendre de pied ferme. »
« De toi à moi, avec les pouvoirs de Mærochem, je ne pense pas que tu craignes grand chose. »
Sali le toisa un moment. « On verra ... » finit-elle par capituler.
Elle n'avait pas vraiment envie de mourir dans cette aventure, mais laisser le monde livré au chaos en sachant qu'elle était responsable ... c'était également hors de question.
*
Trois jours plus tôt, ils étaient revenus de l'Enclave à pied. Cette fois ils prirent la voiture de la mère de Sali, bien que Jordan n'ait pas l'âge de conduire seul. Les rues étaient pratiquement désertes, mais ça et là, on pouvait voir des incendies ou entendre des cris. Parfois, ils aperçurent des démons occupés à fracasser des vitrines ou sortir des gens de chez eux. Ils ne s'arrêtèrent pas, en dépit de la culpabilité qui rongeait Sali. Elle n'avait jamais voulu de mal à tous ces gens.
Jordan stoppa la voiture avant d'avoir atteint la sortie de la ville ; ils avaient vu aux infos que l'armée bloquait les routes pour éviter les accidents et la fuite d'un trop grand nombre de démons.
Ils décidèrent de continuer en marchant. Jordan mena Sali à travers bois et ils finirent par atteindre la grande demeure qui servait de couverture aux vampires. Ils empruntèrent l'allée, mais, parvenus près des pierres qui masquaient l'entrée de l'Enclave, ils durent se cacher.
Des groupes de démons se tenaient là et semblaient garder des lieux.
« Il est temps de voir ce que tu vaux, Mærochem », dit Sali.
Et ses yeux prirent un éclat rougeoyant douloureux.
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Sang perdu
VampirEnfant unique dans une famille modeste, fille d'une mère psychorigide et d'un VRP qui ne compte pas ses heures, il n'y a pas grand chose à envier à Sali ...surtout pas son goût immodéré pour le surnaturel et encore moins la créature qui vit au fond...