23 - Arrête de jouer avec la nourriture

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(18 août 2020) 

Le manque de respect de Ceneph donna à Moedr des envies de meurtre, mais faute de pouvoir agir, il se retira sans un mot. Sali resta donc seule face au dénommé Vliislav. Après quelques secondes passées en silence, Lassé d'attendre qu'elle fasse le premier pas, le grand Vampire attrapa Sali par l'épaule et l'attira à l'intérieur, claquant la porte derrière eux. 

Ça n'allait pas.

Rien n'allait dans cette situation. Rien n'avait jamais préparé Sali à un tel degré d'anxiété. Elle croulait sous ce poids.  La fatigue et l'angoisse la rattrapaient soudain et elle se sentait glisser dans une sorte de léthargie. Elle devenait comme l'un de ces animaux à qui l'ont aurait donné la chasse et qui, trop épuisé, finit par regarder dans un calme hébété  la mort qui s'avance. 

Quand les mains de Vliislav la poussèrent vers le centre la chambre, là où la lumière était la plus vive, Sali le laissa faire sans réagir. Elle n'était pas équipée émotionnellement pour supporter un enlèvement, pas préparée psychologiquement à faire face à des vampires.  Perdue. Impuissante. Livrée au bon vouloir de créatures qui n'étaient pas supposées exister en dehors de ses romans de fiction , elle essaya de se concentrer sur quelque chose, n'importe quoi, pour s'ancrer de nouveau dans la réalité. Que ce soit la pression impérieuse entre ses omoplates ou la fraicheur des doigts du grand Vliislav.

Ses mains froides et sombres lui rappelaient celles d'un autre.

Adama.

A cette pensée, la langue de Sali se mit à pulser contre son palais.

Le nom d'Adama éveillait un picoti désagréable.


*

Après l'avoir poussée plus avant dans la suite, le vampire avait fait asseoir Sali dans un fauteuil type Louis XVI. Puis il s'était accroupi devant elle. Il était si grand que leurs visages se trouvaient désormais à même hauteur ... ce qui rendait la situation extrêmement difficile maintenant qu'il partait en exploration sous son t-shirt. 

Sali sentait l'Influx apaisant de Vliislav, pour autant elle ne s'y trouvait pas soumise. Elle devait donc se faire violence pour que le vampire ne se doute de rien. Difficile avec ces mains froides qui lui tâtaient les côtes. Or, réagir, c'était révéler au vampire que ses pouvoirs n'avaient pas d'emprise sur elle. 

En désespoir de cause, elle s'efforçait donc de s'imaginer en visite chez le médecin. Aucune raison de paniquer. Après un petit don du sang, on la laisserait sans doute tranquille ...

Les doigts de Vliislav remontèrent encore un peu et Sali se demanda soudain si son sang était vraiment la seule chose qui intéressait la créature.  

C'était son pyjamas qu'il soulevait là ; y'avait pas de sous-vêtement là-dessous !

A ce moment là, Ceneph Cordahta intervint depuis le lit à baldaquin sur lequel il était étendu. 

« Quel trou à rats », grommela-t-il. « Le wifi est HS ici aussi. »

Sali en resta bête pendant quelques minutes.

Elle avait pourtant vu Jordan utiliser son téléphone, ou même la télé ; elle aurait donc dû se douter que la technologie n'était pas étrangère à ces vampires, en dépit de la déco monarchie. 

Avec un soupire las, Ceneph laissa tomber son téléphone portable qui rebondit mollement sur le matelas.

Pas de wifi, donc pas assez de réseau pour appeler la police ? La vague d'optimisme ressentie par Sali à la vue du cellulaire retomba.

Sang perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant