(19 septembre 2020)
Sali n'en croyait pas sa chance. Elle se retrouvait seule dans la chambre. Certes la porte était fermée à clef, mais peut-être tenait-elle là le moyen de s'échapper. Elle parcourut la suite du regard. Elle cherchait quelque chose qui puisse l'aider à sortir quand ses yeux tombèrent sur le téléphone de Ceneph.Elle se précipita vers le lit, roula sans grâce sur le matelas et saisit l'appareil. La douleur dans ses côtes lui laissa le souffle court, mais le temps pressait trop pour qu'elle se soucis de ses petites douleurs. Elle activa le téléphone, un modèle dernière génération, avec écran tactile et schéma de verrouillage : neufs points, trois essais et qui sait combien de combinaisons. Il n'y avait guère d'espoir de débloquer ce téléphone, mais c'était sans importance, car comme tous les smartphones celui-ci ne dérogeaient pas à la règle : sous le tableau de verrouillage il y avait un pavé pour les appels d'urgence.
Sali appuya longuement et le clavier tactile s'afficha pour la numérotation. Ok, le numéro des secours ...
La première chose qui lui vint à l'esprit fut le nine-one-one des films d'horreur américains. Elle se tapa le front plusieurs fois. Allez, Sali ... le numéro français ... et sa mémoire fit ressurgir deux beaufs en slip qui chantaient 118-218, sur un air de Tou-tou-you-tou.
Pas complètement inutile puisque c'était son aide mémoire pour le 112.
Elle n'avait aucun moyen de vérifier si elle était toujours en France, ni même en Europe, mais en définitive ce n'était d'aucune importance puisqu'en plus de l'absence de wifi, il n'y avait aucune barre de réseau.
Ni une, ni deux, Sali se remit sur pied et déambula dans les appartements à la recherche d'un signal. Le bras tendu en l'air, elle ne s'épargna rien : elle monta sur les fauteuils, le lit, la méridienne, et même sur l'une des consoles. Mais rien.
Dépitée, elle se laissa tomber sur une espèce de marche-pied rembourré. Elle avait maculé le téléphone de sang et risquait de salir la soie avec ses doigts poisseux ... Bien fait pour ces saletés de vampires.
Un bruit sourd retentit soudain dans le couloir. Sali se redressa et dans un malheureux réflexe jeta loin d'elle le téléphone. Raide comme un piquet, elle retint sa respiration. Etait-ce Vliislav qui revenait déjà ? Comme rien ne se passait, elle finit par clopiner jusqu'à la porte et colla son oreille contre l'un des battants. Quoi qu'il se passât au dehors, ça n'avait pas l'air de s'arranger. Elle actionna la poignée, en vain : le vampire l'avait bel et bien enfermée.
Des bruits de pas remontèrent rapidement le couloir et Sali songea un instant à appeler au secours. Adama pouvait-il être la cause de toute cette agitation ? Sa langue la picota, comme à chaque fois qu'elle pensait à lui.
Comment n'y avait-elle pas prêté attention plus tôt ? Si le Démon pensait la retrouver grâce à la marque, c'était qu'il existait un lien entre eux ... et cette démangeaison à chaque fois qu'elle évoquait son prénom ne pouvait être une coïncidence.
Elle était en train de répéter tout bas, dans une litanie monocorde : « Adama, Adama, Adama, Adama, Adama, ... » quand la poignée de la porte se mit à s'agiter follement.
Sali se mit à piétiner sur place, cherchant une arme, n'importe quoi pour se défendre. Mais à part des livres, des bibelot et une lampe, elle ne vit rien de satisfaisant. La poignée s'immobilisa, mais la personne derrière la porte ne s'était pas pour autant découragée. On pouvait maintenant entendre de drôles de raclements, le grattement d'un objet métallique contre un autre.
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Sang perdu
VampireEnfant unique dans une famille modeste, fille d'une mère psychorigide et d'un VRP qui ne compte pas ses heures, il n'y a pas grand chose à envier à Sali ...surtout pas son goût immodéré pour le surnaturel et encore moins la créature qui vit au fond...