Sang perdu

2 - Dracoula Sang-glotte

{ Juin 2020 - Coucou :) pour les lecteur(ice)s de la première heure, vous reconnaitrez sans doute un remix de plusieurs petits bouts de chapitres, pour les autres, j'espère que vous aimerez ! N'hésitez pas à laisser un commentaire & merci  de me lire !}

Sali se réveilla ce matin-là avec l'impression d'avoir bu un litre de vodka pendant la nuit. Son mal de crâne, accompagné d'une légère envie de vomir, la suivit jusqu'aux portes du lycée où elle eut le déplaisir de croiser le chemin de son harceleur quasi quotidien. 

« Wooow, Vampirella ! T'as une sale tête ce matin, » s'esclaffa-t-il. 

Elle grimaça et voulut passer en l'ignorant, mais il lui barra le passage. 

« Bah alors, ma grande, t'as pas eu ta dose de sang ? » 

« Dégage, Morgan », grogna Sali, peu d'humeur à le tolérer. Si elle avait pu lui gerber sur les pieds, ç'aurait fait son affaire ; malheureusement, elle se contentait d'avoir la nausée.  

Morgan lui tira les cheveux, ses yeux noisettes sérieux d'un coup. « Hey, tu me parles mieux que ça. T'as compris ? »

D'un geste sec, elle dégagea ses cheveux et pour toute réponse elle haussa les épaules. Voyant que l'un des pions de surveillance ce matin-là s'approchait, Morgan dut s'en contenter et battre en retraite. 

« Tout va bien, Sali ? » demanda le surveillant tandis qu'elle passait le portail. 

Elle hocha la tête avec un petit sourire. Elle n'aimait pas s'en remettre aux adultes pour lui éviter les ennuis, mais elle devait bien avouer que leur présence l'arrangeait. D'aussi loin qu'elle puisse se souvenir, ses relations avec les autres avaient toujours été, sinon difficiles, au moins compliquées. 

Arrivée au collège, ses goûts vestimentaires et son amour obsessionnel pour le fantastique et les récits de magie noire ne l'avaient que davantage marginalisée. Elle s'y était même trouvé un bourreau attitré : Morgan ... et ce crétin l'avait suivie jusqu'en terminale. 

Sali avait appris à passer outre ses moqueries, mais à la longue celles-ci étaient tout de même éprouvantes. 

En général, le calvaire au lycée, c'était les maths ou la physique. Parfois, l'EPS ou les SES. Pour Sali, c'était ce type qui se croyait tout permis. Le pauvre n'arrivait pas à digérer sa différence. Qu'elle soit capable de naviguer dans la vie sans BFF, qu'elle ose montrer sa face de Rémi-sans-ami au self et qu'elle puisse ignorer les vannes débiles qu'on lui lançait, ça le dérangeait profondément.

Elle était une tâche mystérieuse dans son existence, une tâche qu'il ressentait le besoin de gratter ; parfois dans l'espoir de distinguer ce qu'elle cachait à l'intérieur, mais le plus souvent dans le seul but de la démolir.

Passé ce désagréable épisode aux grilles du lycée, la matinée s'étira sans autre accroc ; c'est-à-dire que, sans personne à qui parler, elle fut pour Sali d'un ennui mortel. 

Heureusement, vint la pause du midi et la jeune fille se réfugia au CDI. Blottie près d'un radiateur, dans un coin surchauffé à l'abri des regards, elle s'était replongée dans le dernier tome de la série Dracoula quand une main s'abattit sur son épaule. 

Elle se dégagea non sans peine, chuintant tel un chat en colère, et découvrit avec contrariété que le gêneur n'était autre que Morgan. 

« Il parle de quoi, ton livre ? » demanda-t-il.